"Faux amis de la laïcité et idiots utiles" (CLR, Licra, 5 nov. 16)

VIDEO Céline Pina : Comment le clientélisme nourrit l’islamisme dans certains territoires (Colloque du 5 nov. 16)

Ex-conseillère régionale PS d’Ile-de-France, auteure de "Silence coupable" (Kero, 2016). 7 novembre 2016

Plus je suis confrontée sur le terrain à l’influence croissante des islamistes sur la communauté musulmane, plus je suis confrontée à leurs idiots utiles et à ceux qui leur servent à la fois de supplétifs et de cautions, et plus je me rends compte que ce qui nous détruit, en tant que peuple constitué, est moins les attaques que nous subissons, que le refus des politiques comme de la haute fonction publique de réagir et de faire leur travail de légitimation de ce qui fait notre monde commun [1].
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Le résultat est calamiteux : discrédit de la représentation politique et impuissance publique sont au cœur de la crise identitaire que la France traverse. Nous vivons des temps sans promesse d’avenir où ceux qui exercent le pouvoir n’incarnent rien, ne tracent aucun chemin, ne donnent aucun sens à l’action publique. Ils n’ont plus rien à dire. D’ailleurs ils n’impulsent plus, ils commémorent. Le constat est cruel, certes, mais la présidentielle qui s’annonce l’illustre : aucun des impétrants ne suscite le désir et ceux qui ont le plus de chance aujourd’hui d’être candidats sont des personnes dont les français ne veulent pas. Le second tour nous promet donc un choix entre vote de protestation et de colère ou vote de résignation…

Comment en sommes-nous arrivés là ?

Peut-être parce que nous avons préféré « avoir tort avec Fukuyama que raison avec Huntington », selon le mot d’Alexandre Del Valle.

Je m’explique. En 1989, je n’avais pas 20 ans et, comme beaucoup des gens de mon âge, à l’annonce de la chute du Mur, je me suis précipitée à Berlin pour arracher mon petit bout de béton, garder un souvenir de cette victoire de la liberté sur la tyrannie. A l’époque, les temps qui semblaient s’ouvrir devant nous recelait la promesse d’une sorte d’âge d’or. La fin des idéologies, c’était la chute du communisme et le triomphe de la démocratie et du libéralisme économique. Ne restait qu’aux moins avancés à combler leur retard et à rejoindre la prospérité que promettait un capitalisme tempéré et l’apaisement d’une démocratie ouverte et accueillante. Fin de l’Histoire. Et c’est bien ce que raconte alors Fukuyama dans le livre du même titre qui paraît en 1992.

Oh bien sûr, la thèse fut controversée, mais inconsciemment nous y avons adhéré et avons cru que que le choix que nous, Français notamment, avions fait de fonder la légitimité du pouvoir sur l’exercice de la raison, l’égalité entre les hommes et leur capacité à l’exercer pour se doter d’idéaux, de principes et de lois était devenus des acquis, à la fois un héritage et un substrat. La démocratie et l’état de droit comme terreau commun du gouvernement des hommes. Il n’y avait plus rien à conquérir, il fallait juste conserver, gérer. Et sur notre confort matériel et intellectuel, nous nous sommes endormis…

Mais tandis que le mur de Berlin chutait et que la guerre d’Afghanistan se terminait, sonnant le glas de l’influence communiste, cette année 1989, sera aussi l’année de la fatwa contre Salman Rushdie, dont on mit longtemps à comprendre qu’elle marquait l’avènement d’un autre projet totalitaire, le projet islamiste.

La particularité de cette fatwa est de n’inscrire dans aucune temporalité et de n’être pas circonscrite spatialement. Elle est édictée pour tous temps, en tous lieux et s’impose à tous les musulmans, bien qu’elle émane d’un chef religieux particulier qui n’a pas censément de pouvoir sur une si large communauté. Mais l’Oumma à laquelle Khomeiny se réfère alors, pour être fantasmée, n’en est pas moins agissante politiquement et est à la base du totalitarisme islamiste où toute l’identité d’un homme se résume à son appartenance à l’Islam.

C’est ainsi qu’en Afghanistan, le départ des Soviétiques a laissé la place aux talibans, au retour de la guerre et à une instabilité jamais démentie depuis…

Et pendant que nous nous rassurions à peu de frais en imaginant un monde en train de se recomposer autour des valeurs occidentales, on a agoni d’injures Samuel Huntington qui avait osé annoncer, dans son livre, Le Choc des civilisations, que le monde post-communiste, serait marqué par la conflictualité et que le modèle occidental serait remis en question par le retour du refoulé identitaire. Il prévoyait aussi l’essor de l’islamisme comme nouveau totalitarisme et annonçait que le modèle consumériste libéral occidental, pour se répandre sur toute la planète, n’était absolument pas un gage de paix et de stabilité…

Hélas, Samuel Huntington pensait sans doute mal, étant donné l’ostracisme qu’il subit chez nous de la part du monde universitaire, médiatique et politique, mais aujourd’hui nous vivons plus dans le monde analysé par Huntington que dans celui rêvé par Fukuyama [2]

Longtemps nous avons refusé de voir cette réalité là. Au point que nous n’avons pas vu que l’affaire Mohamed Merah annonçait les massacres de Charlie, de l’Hypercacher, de Paris, de Saint Etienne-du-Rouvray, de Nice.

Et aujourd’hui, tandis que la peur du peuple ne cesse de croitre, nos politiques sont dans le mépris et continuent à vendre une mondialisation dont bien peu profitent, creusant encore plus le fossé entre une poignée d’insiders qui en vivent et une majorité de citoyens qui en souffrent.

Les politiques ont cru à la fin des idéologies et ils se sont reconvertis en gestionnaires et en commerçants. Ils ont oublié une de leur fonction principale : la fonction de légitimation de notre système politique, leur rôle dans la transmission des idéaux et principes de notre république, leur devoir de décliner dans la réalité les principes qui fondent leur légitimité… Ils se sont détachés de l’intérêt général pour se convertir au marketing politique, découpant le corps électoral en clientèle et analysant quels intérêts servir pour gagner, garder voire confisquer le pouvoir.

Et la décentralisation n’a rien arrangé, multipliant les grands féodaux et les petits intérêts sans qu’aucune autorité ne soit assez forte pour que cela ne se traduisent pas en disparités territoriales grandissantes mettant à mal la garantie de l’Etat. Car aujourd’hui, faute d’un contrôle de légalité à la hauteur, non seulement l’Etat n’est pas en mesure de garantir une quelconque égalité de service mais on peut parfois se demander si les actes des collectivités locales sont sérieusement contrôlés…

Dans un tel contexte, le langage politique est devenu insignifiant au sens propre du terme, composé de mots valises et jouant sur la culpabilisation, il n’a plus donné sens ni au monde dans lequel nous vivons, ni aux projets que nous pourrions porter, ni aux enjeux que nous affrontions. Les citoyens ont petit à petit basculé dans l’abstentions sauf ceux ayant intérêt à travailler au corps les politiques pour entretenir leur propre pouvoir.

Ce clientélisme-là a toujours existé, certes, celui qui consiste à ne pas être mal avec le président du club de foot et à construire les gradins et les vestiaires qui vont bien en espérant que les adhérents s’en souviennent aux élections… Ce petit commerce n’est certes pas brillant, mais au moins, ne met-il pas en danger la République et ses valeurs.

Le pire est quand le clientélisme communautaire repose sur le lien créé entre le politique et celui qui instrumentalise sa communauté. Ce clientélisme de l’instrumentalisation et de l’enfermement est une trahison de la promesse républicaine car elle place sous la coupe de leaders autoproclamés une population qui n’a plus de fait accès à l’émancipation. Le pouvoir du leader reposant sur l’emprise qu’il a sur une communauté, tout son intérêt est de mettre en coupe cette population pour assurer son pouvoir et son avenir…

Le problème c’est quand le calcul pour gagner une élection ne repose plus que sur cela… Le drame, c’est quand le leader autoproclamé se met à son compte et développe sa propagande totalitariste sur fond de haine d’une France considérée comme impie, de Français présentés comme racistes et de revendications culturelles mais surtout cultuelles qui sont des déclarations de guerre à l’esprit de nos lois et à l’essence de notre contrat social…

Aujourd’hui, ce qui nourrit la peur, la colère et la rancœur des citoyens, n’est pas le fait que nous soyons attaqués. Si nous avions oublié que l’Histoire était tragique, la réalité nous l’a brutalement rappelé. Non, ce qui est effrayant, c’est le déni et le refus d’agir des politiques, et surtout le refus de prendre conscience qu’en entretenant des liens suspects qui avec le Qatar [3], qui avec l’Arabie saoudite au niveau national, ils embrassent ceux qui ont financé, financent et financeront ceux qui nous tuent ou cultivent sur notre territoire, sous une apparence policée appelée « quiétisme », la haine de ce que nous sommes.
Ce qui est tragique, c’est leur refus de voir le poids au quotidien, dans certains quartiers ou certaines villes du contrôle social étouffant des salafistes ou Frères musulmans et les tensions qu’elles engendrent. Ce qui est éprouvant c’est de voir les républicains insultés au nom d’une islamophobie, largement fantasmée, qui vise à protéger les islamistes de toute attaque et d’enfermer les lucides dans l’opprobre s’ils ne se soumettent à l’injonction qui leur est faite par nombre de médias et d’élus de se censurer. Et cela finit par donner ces territoires perdus de la République dont Georges Bensoussan parlait déjà en 2002 et dont le nombre n’a cessé d’augmenter…

« Molenbeek sur Seine - à Saint Denis, l’islamisme au quotidien », voilà la une de l’édition du Figaro Magazine des 20, 21 mai 2016. A l’intérieur du journal, un reportage édifiant qui raconte comment, à quelques kilomètres de Paris, on peut changer de monde, voire d’espace temps [4]

Femmes recouvertes de voiles noirs de la tête aux pieds, burqas provocatrices, discours hallucinants, sexisme, antisémitisme assumé, violence revendiquée… Le portrait de la ville est terrible et les photos qui illustrent le reportage accentuent le sentiment glaçant d’un territoire sous emprise.

L’ensevelissement des femmes sous des voiles qui sont les linceuls de leur égalité avec les hommes et de leur liberté est le premier marqueur du développement de l’emprise islamiste sur un territoire. D’abord parce qu’il est visuel et que le pouvoir est affaire de visibilité, d’apparence et de contrôle social. A un animateur radio qui m’interrogeait pour savoir comment je repérais les quartiers ou les villes en train de basculer, je répondis : « en ouvrant les yeux ». Car si les discours des islamistes sont marqués par la manipulation, le mensonge et les ambigüités, voire le double langage, leur action sur le terrain est bien plus lisible : elle s’appuie sur la mise sous coupe réglée d’une population via le contrôle social. Plus d’intimité possible. C’est le voisinage qui fait pression pour que les femmes et les filles se voilent, pour que les hommes et les garçons se comportent en mâle dominant, qui surveillent si la famille va à la mosquée, mange hallal, fait le ramadan. Il faut donc donner des gages de soumission. Sinon ce sont les réputations qui s’effondrent et l’opprobre qu’il faut affronter. Et dans ces micro-sociétés enfermées, perdre sa réputation, c’est s’exposer et exposer sa famille au mépris et à la violence, c’est jeter la honte sur les siens et cela a des conséquences lourdes (isolement, mépris, menaces latentes, agression).

Ce que ce reportage décrit c’est une ville hors de la République, une ville où les dogmes religieux ont force de loi. Les grands absents de ce reportage ? Les élus. Le maire y apparaît au détour d’une phrase, pour se plaindre que l’Etat ne fait pas son travail… Mais il n’a pas grand chose à dire sur une dérive tragique dont il est pourtant l’un des acteurs emblématiques. Saint-Denis, en effet, est l’archétype des relations nouées entre élus, islamistes et leurs proches collaborateurs, le Parti des Indigènes de la République (PIR) et le Collectif Contre l’Islamophobie (CCIF).

Le maire de Saint-Denis n’est hélas pas une exception, il met seulement en lumière un système où garder le pouvoir semble le but ultime de la fonction politique. De la mise en place d’un clientélisme systématique à visée électoraliste, à l’enfermement communautaire qui en résulte et au piège qui se referme sur la démocratie, j’ai longtemps cru que les partis finiraient par en revenir. C’était oublier que la méthode a ses avantages. Aujourd’hui, plus de 50% de notre population a arrêté de voter, mais ce qui est un malheur pour la démocratie est un avantage pour ses représentants : moins il y a de votants, plus leur contrôle est aisé qui permet de faire ou de défaire une élection.

Lorsqu’en 2012 le think-tank Terra Nova, proche du PS, explique qu’il faut abandonner le discours en direction des classes populaires, pour s’adresser à des groupes décrits comme minoritaires ou opprimés du fait de leurs origines immigrées, de leur sexe (femmes), de leurs pratiques sexuelles (homosexuels), il ne fait que théoriser une pratique de plus en plus répandue sur le terrain. Cela fait en effet belle lurette que l’on est passé, à gauche, d’une logique sociale à un discours ciblé sur des intérêts catégoriels, qui transforme les particularismes en identité indépassable. On ne s’adresse plus à des citoyens mais à des communautés. Et c’est ainsi que beaucoup d’élus ont choisi comme interlocuteurs les éléments les plus radicaux de la communauté musulmane, leur donnant ainsi pouvoir et légitimité pour devenir prescripteur et exercer un contrôle social sur la population.

Ce qui permet de regrouper ces catégories aux intérêts rarement convergents est la discrimination. Et le discours qui permet de les agréger est un discours de victimisation où dans lesquels l’ennemi est à la fois l’Etat et le peuple, le premier se définissant comme oppresseur et le second comme raciste, sexiste et intolérant.

A l’échelon local, désormais, nombre d’élus n’ont pas été choisis pour leur capacité, leur projet ou leur engagement, mais pour leur influence communautaire, leur couleur de peau ou leur appartenance confessionnelle. C’est la politique casting en lieu et place de la politique comme projet commun.

En 2010, lors de la constitution des listes régionales, eurent parfois lieu d’étranges débats concernant les élus dits de la diversité. Il s’agissait de savoir s’il fallait privilégier des personnes brillantes qui, issues de familles modestes et d’origine étrangère, avaient réussi leurs études ou de privilégier ceux qui avaient échoué à l’école ou avaient commis de petits délits ? Généralement, le choix s’est porté sur les derniers. Officiellement parce que cela ferait voter les gens des quartiers qui, entendait-on, « se reconnaitraient en eux… » Ce qui revient à accorder une prime à l’échec scolaire et aux comportements déviants et, à rebours, à insulter ceux qui avaient joué le jeu de la République.

Placée en situation de pouvoir, la communauté religieuse ou ethnique se rappelle vite au souvenir de l’élu, lequel est sommé de la servir. C’est au nom de son influence réelle ou supposée sur sa communauté qu’il a obtenu la place. Difficile pour ce type d’élu d’accéder à la notion même d’intérêt général ou de dépasser la représentation communautaire au profit de l’intérêt général, car cela reviendrait à scier la branche sur laquelle il est assis…

Un tel mode de pensée n’est pas sans conséquence sur les lois que nous votons. Nous en sommes arrivés à travestir l’histoire réelle pour accoucher de lois mémorielles qui visent à servir les représentations d’une communauté et non la vérité historique. C’est ainsi que la loi Taubira, adoptée le 10 mai 2001, sur la mémoire de l’esclavage, ne se penche que sur la traite transatlantique, pratiquée par les Européens en oubliant volontairement la traite interafricaine et les traites arabo-musulmanes (les chiffres donnés par l’historien Olivier Pétré-Grenouilleau évalue les victimes de la traite transatlantique à 11 millions, ceux de la traite interafricaine à 14 millions et à 17 millions, la traite arabo-musulmane). Christiane Taubira en a donné les raisons dans L’Express du 4 mai 2006 : il fallait éviter à tout prix que les « jeunes Arabes (…) ne portent pas sur leur dos tout le poids de l’héritage des méfaits des Arabes ». Les autres, en revanche, méritent d’être punis pour les fautes de leurs ancêtres ? [5]

En 2012, pour l’élection législative, suppléante du député de la Xe circonscription du Val d’Oise, j’ai accompagné celui-ci à une réunion d’appartement à forte dominante communautaire. S’adaptant à son auditoire, principalement composé de jeunes et de mères, les lieux communs de la banlieue défilaient : « Vous êtes discriminés ; on ne vous fait pas de place ; alors que vous avez les mêmes compétences que les autres, on ne veut pas vous embaucher… » Pas une once de réel dans ce discours automatique. Car nous n’étions pas en face d’étudiants brillants victimes du plafond de verre, mais de jeunes hommes, qui, pour la plupart, ne savaient guère se tenir et encore moins s’exprimer correctement.

Qu’il y ait des discriminations, c’est un fait. Mais dans ce cas précis, nombre de difficultés s’expliquaient d’abord par des questions d’attitude, d’éducation et de savoir-être sans qu’il soit nécessaire de convoquer les grandes orgues du racisme et de la xénophobie.

Que dire également de ces femmes, confrontés à des hommes radicalisés qui refusent de leur serrer la main ou de conduire un bus qu’elles ont précédemment conduit parce qu’il serait "impur" [6]. On s’attendrait à ce que les réactions hiérarchiques soient sans appel et se soldent par un licenciement pour faute. Et bien non, c’est le "pas de vague" qui est privilégié et les salariés comme l’encadrement intermédiaire s’en plaignent. Mais quand sur un plateau de télévision une ministre de l’Education nationale accepte sans réagir qu’un islamiste refuse de lui serrer la main, elle envoie le signal que cette provocation est tolérée au plus haut niveau de l’Etat [7].

J’ai eu l’occasion il y a peu d’assister au procès d’une élue qui a attaqué pour diffamation un islamiste l’ayant violemment prise à partie et insultée sur les réseaux sociaux parce qu’elle a dénoncé en tant que citoyenne, l’installation d’une école illégale dans des locaux municipaux, école où l’enseignement était coranique bien sûr… Finalement elle a obtenu gain de cause et l’école grâce à son action a été fermée, mais, ce qui était marquant, c’était la plaidoirie de l’avocat de l’islamiste qui listait toutes les personnes que cette élue avait interpelées et qui n’avaient pas réagi : préfet, ministère de l’Education nationale, inspection, maire de l’époque… Finalement, c’est grâce à un contrôle de la commission de sécurité montrant que les locaux n’étaient pas prévus pour accueillir du public qui a permis cette fermeture, pas le fait que les pouvoirs publics aient accepté de faire leur travail…

Et les témoignages sur ces pouvoirs publics qui ne remplissent pas leurs missions sont légion : ce sont des gymnases et équipements publics prêtés aux pires islamistes ou à leurs alliés du PIR pour déverser leur haine ; ce sont les accusations de racisme et d’appartenance à la "fachosphère", jetés à la figure de républicains qui ont osé s’indigner qu’un chanteur qui traite les français de « kouffars » soit invité à faire un spectacle lors de la commémoration de la bataille de Verdun ; c’est le directeur de l’IUT de Saint-Denis dénonçant des atteintes à la laïcité qui se voit suspendu et menacé par sa hiérarchie qui préfère l’attaquer plutôt que de le soutenir (un jugement lui a rendu son honneur mais le président de l’université qui a commis cet excès de pouvoir lui n’a aucun compte à rendre) [8] ; ce sont ces subventions données à de soi-disant associations citoyennes qui se révèlent des outils de propagande aux services d’intérêts politico-religieux ; ce sont ces maires qui, comme à Sevran, autorisent des islamistes à ouvrir des écoles où les petites filles sont voilées ; ce sont ces mosquées clandestines sur lesquels les dirigeants des villes ferment les yeux ; ce sont les multiplications d’école coraniques à l’ombre des mosquées ; ce sont des mosquées tenus par des islamistes radicaux que personne ne se soucie de fermer ; ce sont des voyous qui essaient de bruler vifs deux policiers qualifiés de sauvageons par un ministre de l’Intérieur qui semble avoir du mal à traiter de criminels des personnes coupables de tentative d’assassinat ; c’est l’organisation d’un camp décolonial interdit aux blancs qui ne suscite pas un seul commentaire de nos représentants ; ce sont ces femmes voilées de pied en cap que l’on autorise à accompagner des sorties scolaires… Et malheur à ceux et celles qui dénoncent ces "accommodements déraisonnables" : ils ne trouveront aucun soutien auprès de ceux qui sont censés incarner la loi, voire verront ceux-là même qui la bafouent les mettre en accusation et les traiter d’alliés du FN…

D’un silence qui cautionne les pires dérives à un discours qui confine au déni de réalité, la médiocrité du mode de sélection des partis finit par générer des politiciens dont la parole dépouille le monde de tout sens et de tout souffle. Communautarisme et clientélisme sont les mamelles de la dépolitisation qui ouvre la route aux extrêmes.

Le triptyque électoralisme, clientélisme, communautarisme mine les fondements de notre société. A cela s’ajoute le noyautage pratiqué par les islamistes qui fournit un prêt-à-penser et à revendiquer basé sur les dogmes et interdits religieux comme sur une vision patriarcale de l’organisation de la société dans le but de prendre le pouvoir. Le danger se précise : on en est là aujourd’hui.

Alors oui, les temps qui sont devant nous sont durs et le seront bien plus encore demain. Oui notre classe politique n’est pas à la hauteur et sa médiocrité nous expose. Mais si le déni règne en maître chez une certaine élite, le peuple lui est lucide et ne se soumet pas au vote FN. Il a simplement déserté les urnes, s’est invisibilisé. Mais ce n’est pas faute de désir de politique, bien au contraire…

Le 11 janvier ce peuple s’est levé, a marché pour dire son attachement à la liberté d’expression et son refus de la violence et de la propagande des islamistes radicaux. Ce peuple a exprimé sa disponibilité et son avis d’agir. Mais on l’a vite renvoyé chez lui…

N’attendons pas de partis sclérosés une prise de conscience. Après tous les morts qui jonchent notre sol, on ne se sait pas ce qui leur faut encore pour réagir. Et si l’on peut comprendre le besoin que tous les musulmans ne payent pas les actes d’islamistes jihadistes, c’est en refusant l’amalgame entre islamistes et musulmans que nous y arriverons. Pas en l’entretenant enfaisant croire que combattre l’islamisme, c’est détester les musulmans. D’ailleurs les plus en pointe dans ce combat sont souvent des Algériens qui ont payé l’aveuglement face à la montée des islamistes de dix années de guerre civile et de massacres…

Alors que faire ? Comment ne pas désespérer quand on voit se profiler une Présidentielle ou la pléthore de candidats ne masque pas l’indigence ni de leur pensée ni de leurs propositions. Et où malgré tous ceux qui se sentent des ambitions personnelles, nul ne répond aux craintes des Français et ne parait à même d’incarner la fonction.

Alors plutôt que de désespérer, soyons la réponse à notre question. Qui peut sauver ce que nous sommes, sans basculer dans la haine et le rejet de l’altérité ? Nous. Nous sommes la réponse. Nous sommes vivants, debout, lucides et forts. Organisons-nous là où nous sommes, fédérons-nous pour peser, créons des mouvements citoyens et pourquoi pas des partis. Bourgeonnons au local et fédérons-nous au national. Et soyons impitoyable avec ces élus locaux qui trahissent leur mandat, avec ces dirigeants qui par lâcheté refusent d’appliquer la loi, soyons solidaires des lanceurs d’alerte, relayons leurs propos et sortons de l’abstention. Nous avons la souveraineté. Rappelons-nous que nous sommes responsables de ceux à qui nous déléguons le pouvoir et au lieu d’attendre un improbable sauveur émanant de partis déconsidérés, regardons en notre sein. Et nous y trouverons de quoi relever notre pays et porter haut nos principes. C’est maintenant qu’il faut agir.


Voir aussi le programme Colloque "Faux amis de la laïcité et idiots utiles" (CLR, Licra, Paris, 5 nov. 16) et la rubrique Colloque "Faux amis de la laïcité et idiots utiles" (CLR, Licra, Paris, 5 nov. 16), la note de lecture de Patrick Kessel C. Pina : Le silence coupable des politiques face à l’islamisme.
Les contraintes de temps ont parfois empêché les intervenants de prononcer intégralement l’exposé qu’ils avaient préparé. D’où les différences possibles entre le prononcé lors du colloque (vidéo) et le texte que nous reproduisons ici (note du CLR).

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