Revue de presse

J.-P. Hubsch (Grand Orient) : « Laïcité, encore un petit effort monsieur le président ! » (leparisien.fr , 27 jan. 19)

Jean-Philippe Hubsch, grand maître du Grand Orient de France. 28 janvier 2019

[Les articles de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

« Dans sa lettre aux Français, le chef de l’Etat pose la laïcité sous forme de post-scriptum, alors qu’elle est attaquée de toutes parts et que l’idée de laïcité constitutionnelle est oubliée. La République a inscrit la laïcité dans ses institutions, entendant ainsi réunir les citoyens dans le dépassement des assignations identitaires et religieuses, autour de ce qui est porté par la loi commune.

La société civile s’est soustraite à l’autorité des institutions et des symboles religieux, au triple plan du savoir, de la loi et du pouvoir. La laïcité consacre le primat de la liberté de conscience. La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 tient la religion pour une « opinion » (article 10), pas comme une appartenance. La protection des libertés de conscience et d’expression et l’égalité de principe de toutes les options spirituelles requièrent l’abstention rigoureuse de l’Etat et l’organisation de sa neutralité formulée dans la loi de 1905.

Cette législation a produit un mode de vie qui a très longtemps fait l’objet d’un consensus profond autour d’une culture de la discrétion des expressions religieuses dans ce lieu de partage qu’est l’espace de la vie civile. Toute la tradition historique et juridique française consacre cette discrétion comme le meilleur moyen d’assurer à tous une cohabitation sereine et apaisée reposant sur le respect des pensées différentes.

Notre société s’est endormie dans ce bien-être ; elle peine à se réveiller alors que les prétentions de groupes de pression religieux se multiplient de toutes parts : évangélistes, réarmement de la droite religieuse aux Etats-Unis et islamisme à l’échelle planétaire. Rien de neuf pourtant : dès 1999, le sociologue Peter L. Berger avait parfaitement décrit cette entreprise dans laquelle les religions développent un prosélytisme qui privilégie toujours les positions les plus conservatrices, voire les plus violentes.

Devant cette offensive, le principe de laïcité n’a nul besoin d’être renforcé ! Assurons son application selon notre tradition juridique. Quant à l’éthique de séparation rigoureuse des Eglises et de l’Etat, clé de voûte de l’édifice républicain, elle doit être préservée. L’Etat ne doit s’ingérer dans la vie des cultes sous aucun prétexte, des meilleures intentions, dont « l’enfer est pavé » ! Il serait d’ailleurs pour le moins paradoxal que la France y renonce, alors qu’à l’ONU, Karima Bennoune, rapporteuse des droits culturels, recommande aux Etats de « réaffirmer l’importance de la laïcité, de la séparation de la religion et de l’Etat, de l’importance d’espaces laïques pour une pleine application de la liberté de religion, de conviction ou de tous les autres droits de l’homme ».

Je veux croire que le président n’y renoncera pas et que face au relativisme généralisé, l’Etat républicain saura défendre son projet universaliste, dont la laïcité est l’idéal d’émancipation essentiel. »

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