Revue de presse

Razika Adnani : « L’abaya est plus conforme aux recommandations coraniques que le foulard » (lefigaro.fr , 28 août 23)

Razika Adnani, philosophe, islamologue. 30 août 2023

[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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Lire "« L’abaya est plus conforme aux recommandations coraniques que le foulard » : ce que signifie le vêtement interdit à l’école"
ou sur le blog de Razika Adnani "L’abaya, un symptôme de radicalisation".

"[...] L’abaya est-elle un signe religieux ? Aucun objet n’est en soi un signe religieux. Ce sont les êtres humains qui lui attribuent ce rôle. Il en est de même pour la robe ou le foulard. Les filles qui portent l’abaya à l’école sont des filles voilées qui enlèvent leur foulard devant la porte de l’établissement. De ce fait, leur robe est, pour elles, un signe religieux mais aussi un marqueur de différenciation qui leur permet de se distinguer des autres filles même quand elles enlèvent leur foulard. Le discours religieux veut que les musulmans se distinguent des non-musulmans.

Sur le plan islamique, l’abaya est même plus conforme aux recommandations coraniques que le foulard étant donné qu’aucun verset n’évoque le foulard ni ne dit que la femme doit cacher sa chevelure. En revanche, le verset 59 de la sourate 33 recommande à Mohamed, prophète de l’islam, d’ordonner aux femmes de ramener sur elles leurs djalabib, pluriel de djilbab (d’où le terme djellaba) qui désigne une robe longue et ample. [...]

Que des filles voilées décident de porter l’abaya est donc un signe de la montée du fondamentalisme religieux et un symptôme de radicalisation dans la manière de porter le voile. L’utilisation du terme abaya révèle un désir des Françaises de confession musulmane de ressembler aux femmes saoudiennes dans leur façon de porter le voile étant donné que ce terme est utilisé dans la péninsule arabique pour désigner une robe longue et ample que les femmes mais aussi les hommes portent. Au Maghreb, c’est le terme gandoura qui est utilisé.

Les filles qui portent les abayas au collège et au lycée et qui enlèvent le foulard devant la porte de l’établissement sont dans ce que les religieux appellent « l’adaptation du discours religieux au contexte français » où la laïcité interdit tout signe religieux ostentatoire à l’école. Le discours religieux, présenté toujours par les hommes, ne critique pas le port du voile bien qu’il soit dans toute son histoire, et dès l’Antiquité, une pratique de discrimination des femmes et de légitimation de la violence contre certaines d’entre elles. Il ne remet pas en cause l’idée qu’il est une recommandation coranique, alors qu’aucun verset n’évoque la dissimulation de la chevelure de la femme, mais veut seulement que les femmes adaptent, en cas de nécessité, leur port du voile au contexte français.

L’idée est défendue par le prédicateur fondamentaliste Youcef al-Qaradaoui sous le concept de « la jurisprudence des minorités musulmanes » à laquelle il a consacré un livre publié en 2001. « L’adaptation du discours religieux au contexte occidental » ou « la jurisprudence des minorités » est de plus en plus revendiquée par le discours religieux pour contrer toute idée de réforme de l’islam, ce qui est une autre preuve de la montée du fondamentalisme et de la radicalisation du discours religieux.

Elle sous-entend que l’islam ne pose aucun problème et ne nécessite aucune réforme ou changement, mais seulement que certains musulmans vivant en Occident ont des difficultés à pratiquer leur religion et doivent donc adapter certaines de ses règles à leur contexte en tant que minorité. L’adaptation du discours religieux au contexte occidental ou français est donc une jurisprudence de contexte. [...]"



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