Revue de presse

"MBS, Khashoggi et le grand écart de Joe Biden" (E. Chol, édito, L’Express, 24 nov. 22)

Eric Chol, directeur de la rédaction de "L’Express". 24 novembre 2022

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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Lire "MBS, Khashoggi et le grand écart de Joe Biden".

"Nous n’avons pas d’amis ni d’ennemis permanents, nous avons des intérêts permanents." Cette phrase prononcée au milieu du XIXe par un des princes de la diplomatie britannique, Lord Palmerston, le président américain Joe Biden pourrait en faire sa nouvelle devise. Rappelez-vous la promesse faite en 2020 par le candidat démocrate à la Maison-Blanche de traiter en paria le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane, accusé d’avoir donné l’ordre d’assassiner le journaliste saoudien Jamal Khashoggi en 2018.

C’est vrai, une fois élu, Joe Biden a pris ses distances avec le dirigeant de la monarchie pétrolière. Jusqu’à ce que la guerre en Ukraine rebatte totalement les cartes des intérêts énergétiques américains. Depuis l’été dernier, le président américain a entrepris une opération de rapprochement avec MBS. Ce fut d’abord sa visite surprise à la mi-juillet à Djeddah. Puis une déclaration en octobre annonçant une "réévaluation" des relations entre Washington et Ryad. Et enfin un communiqué de l’administration américaine établissant que Mohammed ben Salmane, nommé entre-temps Premier ministre, bénéficiait de l’immunité juridique. "Jamal est de nouveau mort aujourd’hui", a réagi, écoeurée, la veuve de Khashoggi sur Twitter.

La diplomatie est un art difficile qui échappe mal à un certain réalisme. Mais le cynisme consiste à vouloir, pour des raisons électorales - il s’agissait pour Joe Biden de battre Donald Trump, présenté comme l’ami de l’Arabie saoudite -, s’afficher comme un parangon de vertu et, une fois aux affaires, troquer cet angélisme de campagne pour une realpolitik au nom des "intérêts permanents" des Etats-Unis."


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