29 septembre 2018
En cette rentrée accidentée, qui a vu se succéder depuis le début de l’été toutes sortes d’événements illustrant la dure bataille autour de notre modèle de société, plutôt que de se livrer à un inventaire des manquements, des attaques, des petites lâchetés et des grandes incohérences publiques, il nous a paru nécessaire de pointer du doigt les dangers qui menacent notre trésor commun, la laïcité.
Rappelons tout d’abord – et dire cela c’est déjà s’opposer frontalement aux adversaires de la laïcité – que celle-ci est à la fois un principe et une valeur.
Le principe politique et juridique de laïcité s’appuie sur des textes d’une grande clarté, d’une grande simplicité, grâce en soit rendue aux législateurs qui, de 1789 à 1958, en quelques mots ciselés, l’ont établi fermement. Il s’agit des textes suivants [1] :
La laïcité est aussi une valeur sociétale qui a entièrement pénétré les esprits et les corps des Français, un habitus, aurait dit Bourdieu. Il n’est que voir par les temps de forte chaleur de ces dernières semaines, des hommes et des femmes, attablés ensemble aux terrasses des cafés, vêtus sans aucune contrainte autre que celle de l’appréciation de chacun, riant ensemble, parlant d’égale à égal, pour mesurer le bonheur que l’on ressent à vivre dans la France laïque, républicaine, solidaire et sociale. Ce bonheur du comportement est très rare, même dans les pays démocratiques ; il est en quelque sorte la quintessence de notre « génie national », comme on disait au 19ème siècle.
Rappelons encore que les enquêtes et les sondages démontrent que la laïcité est profondément ancrée dans l’esprit et le cœur des Français. Selon la question posée, la préférence pour la laïcité recueille de 73 à 81 % d’adhésion.
L’Histoire qui a fait les Français et pas seulement les militants laïques, c’est celle de la sortie de l’organisation féodale et communautaire de la société, entre le 14ème et le 18ème siècle, pour instituer un sujet autonome, rationnel et politique. C’est celle de la philosophie de Condorcet, éminemment politique en ce qu’elle ne fait appel à aucune transcendance, plutôt que celle de Locke, fondée sur la notion surplombante de tolérance, même mutuelle.
De cette histoire et de cette philosophie, trois principes émergent, qui nous gouvernent :
Aujourd’hui, et précisément depuis 1989, même si les premières attaques – et pas des moindres – remontent à 1958, le socle laïque est solide mais il est attaqué.
Sept dangers le menacent.
Depuis trente ans, la limpidité optimiste et rassembleuse de la laïcité a été volontairement troublée par les remous d’idéologies convergentes, tendant à brouiller les repères des citoyens, à les accoutumer à la domination du religieux sur la société et au séparatisme racial.
Notre travail consiste à rendre la laïcité, vecteur incomparable de liberté, d’égalité et de fraternité, de nouveau désirable.
Laissons le dernier mot à notre amie Catherine Kintzler. « La laïcité a produit plus de libertés que ne l’a fait aucune religion investie du pouvoir politique ».
[1] Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789
Article 1er
Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune.
Article 2
Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l’oppression.
Article 3
Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément.
Article 10
Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi.
Article 11
La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi.
Constitution du 4 octobre 1958
Article 1
La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale.
Loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Églises et de l’État.
Article 1
La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public.
Article 2
La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. En conséquence, à partir du 1er janvier qui suivra la promulgation de la présente loi, seront supprimées des budgets de l’État, des départements et des communes, toutes dépenses relatives à l’exercice des cultes.
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