Revue de presse

"Les relations judéo-musulmanes sous tension" (La Croix, 16 nov. 23)

(La Croix, 16 nov. 23) 16 novembre 2023

[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

Analyse La guerre entre Israël et le Hamas a réveillé des émotions très vives chez les juifs et les musulmans en France, faisant craindre l’émergence de tensions intercommunautaires. Sur le terrain de l’interreligieux, le dialogue construit de longue date est éprouvé par des lectures différentes du conflit.

Marguerite de Lasa et Héloïse de Neuville

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Lire "Depuis le 7 octobre, les relations judéo-musulmanes sous tension en France"

La rencontre a eu lieu, malgré tout. Dans une petite mosquée du 12e arrondissement de Paris, dimanche 12 novembre, un groupe inhabituel composé de juifs, chrétiens et musulmans se serre dans la salle de prière pour partager un moment de recueillement, organisé par l’association d’Amitié judéo-musulmane de France. Devant cette petite assemblée, rejointe par les adolescents du cours d’arabe de la mosquée, le secrétaire général du lieu déclare : « Ce n’est pas normal qu’un citoyen juif ait peur, aucun juif ne doit avoir peur. Sachez qu’on est avec vous. Chacun apporte sa pierre et nous croyons que Dieu est plus fort que ça. » « C’est très important de faire un pas vers l’autre », confie-t-il plus tard.

« Cette absence laissera des traces »
La scène pourrait paraître anodine dans le monde du dialogue interreligieux. Mais elle revêt ce jour, près d’un mois après le début de la guerre entre Israël et le Hamas, un caractère exceptionnel. Au même moment, 105 000 personnes défilaient à Paris contre l’antisémitisme, mais sans les principaux responsables du culte musulman, qui déploraient la présence de l’extrême droite et l’absence de mot d’ordre « plus large », notamment contre l’islamophobie. « Cette absence laissera des traces », confiait alors à La Croix un responsable du judaïsme français, qui craint la montée d’un antisémitisme dans les communautés musulmanes. Plusieurs responsables de l’islam français dénoncent, eux, la montée d’un climat de suspicion à leur endroit.

Inquiet de l’importation des replis religieux et communautaires du Moyen-Orient sur le sol français, qui abrite les deux plus grosses communautés musulmane et juive d’Europe, Emmanuel Macron a convoqué, lundi 13 novembre, les représentants des cultes. Durant cet échange, l’ambiance se tend entre responsables juifs et musulmans. Le lendemain, c’est un imam de la Grande Mosquée de Paris qui, semblant minimiser la réalité des actes antisémites, suscite l’indignation, avant d’exprimer ses regrets. Depuis le 7 octobre, les relations institutionnelles entre responsables juifs et musulmans sont mises à rude épreuve.

« Le 7 octobre a créé un malaise »
L’identification que suscite le conflit entre Israël et le Hamas chez les membres des communautés juive et musulmane françaises suscite une émotion exacerbée, laissant craindre des tensions. « Le 7 octobre a créé un malaise, c’est le grand silence, plus personne n’ose se contacter, constate Harold Weill, grand rabbin de Strasbourg. Moi, je ne vois pas pourquoi je ferais une démarche vis-à-vis des représentants musulmans, alors que de leur part je n’ai vu aucune dénonciation des actes du Hamas. »

Depuis un mois, plusieurs responsables juifs confient leur déception de ne pas avoir reçu de « manifestation de solidarité » de la part de représentants musulmans avec qui ils entretenaient des relations. « Pas un appel téléphonique pour prendre des nouvelles ou pour dénoncer la barbarie », s’émeut un rabbin alsacien, qui dans la foulée a démissionné de l’association interreligieuse dont il était membre. [...]


Les actes antisémites en France

Les actes recensés depuis le 7 octobre : selon Gérald Darmanin, 1 518 actes ou « propos antisémites » ont été dénombrés depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas. « Ce sont essentiellement des tags, des insultes, mais il y a aussi des coups et blessures », a précisé le ministre mardi 14 novembre sur Europe 1. Au total, 330 enquêtes ont été ouvertes pour actes antisémites et apologie du terrorisme selon le ministère de la justice.

Les chiffres depuis le début de l’année : 1 762 faits antisémites, 564 faits antichrétiens et 131 faits antimusulmans, ont été recensés selon Gérald Darmanin qui, sur X (ex-Twitter), a donné le détail des actes antisémites : 50 % des actes « sont des tags, affiches, banderoles » (portant parfois l’inscription “Mort aux juifs”) ou « des croix gammées » ; 22 % des menaces et insultes, 10 % des faits d’apologie du terrorisme, 8 % des atteintes aux biens, 6 % des comportements suspects, 2 % des coups et blessures et 2 % des atteintes aux lieux communautaires."


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