Revue de presse

"Laïcité : les projets des candidats à la primaire de droite" (Le Figaro, 23 mai 16)

23 mai 2016

"Nicolas Sarkozy

Les Républicains avaient consacré une journée de travail à huis clos sur la question en 2015. Le patron du parti a depuis avancé quelques-unes de ses propositions : tolérance zéro à l’égard des pratiques communautaires dans les écoles, interdiction du voile dans les sorties scolaires ou à l’université, suppression des repas confessionnels dans les cantines, opposition à la transformation d’églises en mosquées, habilitation des imams par le CFCM et expulsions de ceux qui tiendraient « des propos non conformes aux intérêts de la République ». Défenseur, en son temps, d’une « laïcité positive », l’ancien président souhaite aujourd’hui constituer un « islam de France » dans un pays, ne cesse-t-il de répéter, dont « les racines chrétiennes ne sont pas un obstacle et ne doivent pas être sacrifiées ».

Alain Juppé

Sur le sujet, Alain Juppé manie le chaud et le froid. Cette semaine, il a expliqué que « quand le Pape dit que parfois on exagère la laïcité, il a raison ». L’ex-premier ministre distingue ainsi « certaines choses qui sont inacceptables, d’autres qui font partie des accommodements raisonnables ».Il juge inacceptables les mosquées salafistes « qui doivent être fermées », les imams « qui contestent notre conception du bien commun ou de l’égalité entre les hommes et les femmes ». Il souhaite créer « un conseil national des cultes », un « code de la laïcité » qui regrouperait les règles à respecter et un « délit d’entrave à la laïcité dans les services publics ». Il juge que les structures privées doivent élaborer leurs propres règlements intérieurs et défend les repas de substitution dans les cantines.

Bruno Le Maire

Le député de l’Eure estime que « nous avons laissé entrer en France et en Europe un islam politique incompatible avec nos valeurs »et qu’il « est déraisonnable de s’accommoder avec cet islam politique qui veut s’infiltrer dans nos associations, nos entreprises, notre administration, nos hôpitaux et y imposer ses règles ». Le Maire plaide pour des imams formés en France, pour « des prêches obligatoirement en français »et un contrôle de la légalité des lieux de culte et de leur financement. « Tous les jours, on teste la résistance de la République, il faut que cela cesse », estime le candidat en pointant du doigt « les provocations et la conquête physique du terrain que constituent ces femmes qui portent le voile intégral » ou les prières de rue.

François Fillon

« Attaché au principe de la laïcité »,François Fillon ne veut « rien s’interdire » pour « réussir l’intégration de la religion musulmane dans la République ». « Ce n’est pas à la République de s’adapter à l’islam, mais le contraire », explique l’ancien premier ministre, qui préconise l’expulsion des imams qui ne respectent pas les règles, un contrôle de leur formation, une interdiction des financements étrangers. Le député de Paris souhaite que la question du port du voile à l’université soit tranchée par les conseils d’administration des établissements. « Il y a des religions qui existent et qui ont des contraintes, et la laïcité ce n’est pas l’oppression des religions, c’est le respect des différences », explique-t-il encore en s’opposant à l’interdiction des repas de substitution dans les cantines.

Jean-François Copé

Pour rattraper ses concurrents à la primaire dans les sondages, qui le créditent de « 3 % des intentions de vote les bons jours », Jean-François Copé compte sur sa marque de fabrique : « L’enjeu de cette primaire sera de choisir entre la droite molle et la droite décomplexée que je défends », a-t-il affirmé dimanche au « Grand Jury LCI-RTL-Le Figaro ». Persuadé que « le problème de François Hollande, c’est l’inaptitude au commandement », l’ancien patron de l’UMP veut « réarmer la France » sur le plan de la sécurité, mais aussi « remobiliser la République » face « à des dérives islamistes extrêmement graves qu’on ne veut pas voir à Paris ».

Copé a rendu hommage à l’enquête du Figaro Magazine, cette semaine [1], qui décrit la transformation de la vie quotidienne à Saint-Denis sous l’emprise de l’islam radical. « Jusqu’à quand va-t-il falloir que des journalistes courageux racontent les choses pour qu’on commence à s’en apercevoir ? » s’est-il interrogé. Convaincu qu’« à force d’avoir considéré la laïcité comme une évidence, plus personne ne sait ce que ça veut dire », il a développé sa proposition d’instaurer un « Code de la laïcité et des cultes » qui régirait tous les aspects des relations entre la République et les religions.

Calqué sur le modèle du Code civil, ce code assurerait « la liberté de pratiquer son culte à condition de respecter celui des autres et que cette pratique soit compatible avec les lois de la République ». Pour Jean-François Copé, « il faut assumer une interdiction des signes religieux ostensibles dans les établissements publics », valable pour les agents comme pour les usagers, « dans les universités, les mairies, les équipements sportifs ou culturels, ou encore les hôpitaux ». « Cela concerne essentiellement le voile, qui constitue pour les jeunes filles un processus d’enfermement », a-t-il précisé, même si, pour lui, « il ne s’agit pas d’interdire le voile dans l’espace public ».

En revanche, il préconise qu’une patiente voilée « ne puisse pas se faire soigner à l’hôpital, sauf urgence absolue ». Agir dans les services publics est à ses yeux le seul moyen de « remettre dans la communauté française des jeunes femmes qui se retrouvent prisonnières d’une espèce d’obligation morale, fruit non de l’islam, mais d’une dérive salafiste ».

Le député maire de Meaux estime que son bilan dans cette ville, qui, lorsqu’elle l’a élu, « concentrait tous les problèmes de la France », lui donne un avantage sur ses concurrents à la primaire, « qui ont le verbe haut, mais la main bien faible ». Il a cité François Fillon, qui considère que c’est aux présidents d’université de proscrire ou non le port du voile dans leur établissement.

Le Code de la laïcité et des cultes, que Jean-François Copé instaurerait « dès juillet 2017, par ordonnance », créerait également un « délit d’islamisme » pour empêcher les imams radicaux de nuire. Des imams qui devraient en outre se soumettre à un processus de « certification ». « Il faut des mesures concrètes », a-t-il plaidé, en critiquant l’idée d’Éric Ciotti, proche de Nicolas Sarkozy, d’ajouter la laïcité à la devise républicaine : « Ça permettra d’arrêter combien de djihadistes ? Aucun ! »

Les idées des concurrents

Nathalie Kosciusko-Morizet s’est fâchée contre « l’obsession » de son parti pour « des questions aux confins de la religion, du rite et de la pratique », s’opposant par exemple à Nicolas Sarkozy qui veut l’interdiction des menus de substitution. Elle se déclare favorable à l’interdiction du voile à l’université et se distingue par sa proposition d’une taxe sur les produits hallal qui servirait à financer les mosquées.

Tenant de « la neutralité religieuse à l’école ou dans l’administration », Frédéric Lefebvre souhaite protéger « la jeunesse musulmane de l’islamisme ». Il préconise notamment d’interdire les associations et les lieux de prière contrôlés par des prédicateurs salafistes.

Jacques Myard souhaite « l’application sans laxisme de la loi interdisant le voile intégral ». Le député veut également que la laïcité soit enseignée dans les écoles.

Nadine Morano déplore avec régularité que la loi sur le voile intégral n’est pas respectée. « Dans une école, à la piscine, à l’hôpital, on ne doit pas avoir de revendication religieuse », explique-t-elle. Pour autant, la laïcité doit, selon elle, être bornée : « Certains utilisent la laïcité pour gommer la culture catholique du pays », estime celle qui défend les crèches de Noël dans les mairies.

« Les signes religieux trop ostentatoires ne sont pas conformes à la laïcité que nous voulons », juge pour sa part Geoffroy Didier en prônant l’interdiction de « la construction de minarets dans notre pays ». Le candidat préconise également de « modifier la loi de 1905 pour permettre à l’État de pouvoir révoquer les imams qui défient la France ».

« Je partage la valeur de laïcité dans la République mais je refuse qu’elle s’exprime dans un sentiment antireligieux », explique Hervé Mariton. Il a prévu de sonner la charge contre le « vade mecum de la laïcité » présenté par François Baroin à l’Association des maires de France et qui constitue à ses yeux « un exemple parfait de la laïcité dévoyée ». Le candidat juge qu’il ne faut pas avoir « une vision intégriste et originelle de la loi de 1905 », un texte qui pourrait être révisé, selon lui, « avec une infinie prudence » pour interdire « pendant cinq ans, le financement étranger de l’islam en France ».

Président du Parti chrétien-démocrate, Jean-Frédéric Poisson est le plus réservé sur la question. « Nous ne pouvons accepter que la laïcité soit assimilée au fait d’écarter le fait religieux de la sphère publique », estime le député qui avait voté contre le texte sur l’obligation de neutralité des établissements privés destinés à recevoir des enfants en 2015 et dénonce le « laïcardisme »."

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