Revue de presse

"L’IUT de Saint-Denis toujours dans la tourmente" (Le Figaro, 15 mai 15)

19 mai 2015

"Communautarisme, menaces de mort… un an après la revélation des faits, rien ne bouge.

« Ce que j’attends, c’est que l’on me soutienne. » Un an après avoir été agressé physiquement dans une rue de Paris, Samuel Mayol, directeur de l’IUT de Saint-Denis resté jusqu’alors silencieux, a choisi de s’exprimer dans plusieurs médias. Pour dénoncer l’invraisemblable immobilisme autour de cette affaire où s’entremêlent malversations financières et dérives communautaristes.

« Je suis menacé de mort pour avoir fait mon travail. Est-ce normal de ne pas être soutenu ? ». C’est par ce tweet que Samuel Mayol interpellait le 11 mai la ministre Najat Vallaud-Belkacem. Depuis le 3 février 2014, il a reçu 29 menaces, parmi lesquelles la une de Charlie Hebdo de l’après 11 janvier où le « Tout est pardonné » était barré d’un : « Pas partout, en tout cas pas à l’IUT. »

Le patron de l’IUT explique avoir fait respecter la laïcité et tenté de remettre de l’ordre dans l’obscure gestion du département technique de commercialisation de l’IUT (TC), dont il a destitué le directeur, un dénommé Rachid Zouhhad.

Un rapport d’étape de l’Éducation nationale, dont Le Figaro dévoilait en février le contenu, allait dans son sens. Système « clanique » orchestré par Zouhhad, où toutes les femmes exerçant la fonction de directeurs des études avaient été remplacées par des hommes proches de lui un an après son arrivée, vacataires recrutés sans avoir les compétences, heures non faites représentant 196.000 euros… Accablant sur la gestion, le document relatait aussi la découverte de tapis de prières dans les locaux de l’association l’Ouverture. Il pointait aussi l’inaction de l’université Paris-XIII, à laquelle est rattaché l’institut.

Aujourd’hui, si l’association en question a quitté l’IUT, elle reste présente à Paris-XIII, où elle dispose d’un local et continue de vendre des sandwichs hallal. « Toutes les associations qui ont des élus au conseil d’administration disposent de locaux », explique le président de l’université, Jean-Loup Salzmann. Cet homme proche de la majorité, patron de la CPU, l’instance représentative des facs, estime que l’Université française n’a pas de problème avec la laïcité

À l’image des dissensions de la gauche sur le sujet, il ne partage visiblement pas la position de Samuel Mayol. « Il est temps d’aborder réellement la question de la laïcité dans les universités », juge ce dernier, qui est membre actif du Parti socialiste. Elle ne doit pas se réduire au voile. Elle concerne aussi les associations étudiantes et leur financements, ces religions qui s’invitent dans l’enceinte de l’université et ces enseignements contestés pour des motifs religieux ». Si l’association l’Ouverture continue de vendre ses sandwichs hallal, Rachid Zouhhad, lui, est toujours enseignant à l’IUT, soutenu par une quinzaine de personnes (sur 260). On imagine volontiers l’ambiance… Le rapport définitif de l’inspection générale, qui a fuité cette semaine dans les médias et que Le Figaro a pu consulter, invite la direction de Paris-XIII à prendre l’affaire à bras-le-corps. Elle lui demande notamment de donner suite aux demandes de sanctions disciplinaires réclamées depuis avril par Samuel Mayol. Dans le cas contraire, elle devra s’en expliquer.

Seul le ministère pourrait ensuite décider de révoquer un fonctionnaire. L’inspection invite par ailleurs l’université à « renforcer sa vigilance » vis-à-vis d’associations étudiantes qui, « sous couvert de vente de produits alimentaires font du prosélytisme religieux ». « J’ai pris connaissance de ce rapport en avril. J’en applique les préconisations, explique pour sa part Jean-Loup Salzmann. M. Mayol pense qu’il est seul au monde face à ses menace, mais je ne suis pas la police ! »

Changements de voiture réguliers, volets fermés, sorties scolaires exclues pour ses enfants… « Ma vie personnelle est devenue un enfer », explique Samuel Mayol, qui décrit « une guerre psychologique » visant à le faire partir. « Ils ont de la patience. Moi aussi ». La dernière menace remonte au 22 avril. Ce jour-là, une vitre de sa voiture a été brisée et deux feuilles sur lesquelles étaient écrites le mot « mort » posées sur le siège passager. Le 13 mai, la ministre Najat Vallaud-Belkacem a fait savoir qu’elle lui apportait son soutien et qu’elle veillerait à ce que les préconisations du rapport soient appliquées."

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