Revue de presse

Kim Kardashian serait "l’homme de l’année" ; et si des Iraniens étaient "les femmes de l’année" ? (A. Rosencher, L’Express, 30 nov. 23)

(A. Rosencher, L’Express, 30 nov. 23). Anne Rosencher, journaliste, directrice déléguée de la rédaction de "L’Express". 5 décembre 2023

[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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Lire "Les Iraniens sont des Iraniennes comme les autres, par Anne Rosencher".

"Il paraît que l’homme de l’année est une femme. C’est en tout cas ce qu’affirme le célèbre magazine américain masculin GQ qui, pour son palmarès annuel, a choisi de couronner à sa couverture l’influenceuse Kim Kardashian. A la une du mensuel, la femme d’affaires pose en costume-cravate et célèbre sa puissance toutes catégories confondues en picorant dans un sachet de junkfood. Dont acte. Les businesswomen sont des businessmen comme les autres. Le choix de GQ est malin : un bon coup commercial, doublé d’un coup éditorial, qui a fait parler sans même faire scandale…

Autrement plus culotté, par les temps qui courent, serait de prétendre que la femme – voire que la féministe – de l’année est un homme. Je tiens pourtant à disposition une liste, hélas tragique, de huit valeureux qui pourraient aisément prétendre au titre. Mohsen Shakeri, 22 ans ; Majid Reza Rahnavard, 23 ans ; Mohammad Mehdi Karami, 22 ans ; Seyed Mohammad Hosseini, 39 ans ; Saleh Mirhashemi, 36 ans, Sayeed Yaghoubi, 37 ans, Majid Kazemi, 30 ans, Milad Zarehvand, 22 ans. Tous ont été exécutés, la plupart pendus, au cours des douze derniers mois par la République islamique d’Iran pour s’être soulevés au cri de "Femme, vie, liberté". Le dernier pas plus tard que le 23 novembre.

Evidemment, il ne s’agit pas d’opposer ou de hiérarchiser le courage des résistants iraniens face à celui des Iraniennes héroïques qui, depuis plus d’un an, défient le régime machiste et sanguinaire de Téhéran, au prix, elles aussi, de tortures ou de leur vie. Mais de souligner qu’ils sont leurs égaux en lutte. Et dans l’incroyable endurance qui, depuis le 16 septembre 2022 et la mort de Mahsa Amini pour un voile mal porté, nourrit une révolution féministe inédite. Ils démontrent, encore une fois, que les hommes peuvent être des sœurs comme les autres.

Iran, Ukraine, Israël-Hamas… Une actualité chassant l’autre, l’attention publique zappe, oubliant que les pages ne se tournent pas en même temps que les yeux sont accaparés par un nouveau fracas. N’oublions pas, donc, ces femmes et ces hommes qui depuis un an et deux mois se soulèvent. "Pour tous ces slogans vides, pour ce paradis imposé, pour le regret d’une vie ordinaire, pour danser dans la rue, pour les élèves et pour l’avenir, pour se sentir en paix, pour le soleil après de longues nuits. Pour la liberté. Pour la liberté. Pour la liberté", comme le clament les paroles de Baraye, la chanson devenue hymne de la révolte. N’oublions pas ces valeureuses et ces valeureux qui continuent de résister, malgré le massacre persévérant des mollahs de Téhéran."


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