Revue de presse

K. Daoud : "La France, « bardellisée » ou tiers-mondisée ?" (Le Point, 6 juil. 23)

(Le Point, 6 juil. 23). Kamel Daoud, écrivain, Prix international de la Laïcité 2020. 10 juillet 2023

[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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Lire "La France, « bardellisée » ou tiers-mondisée ?"

"[...] La France se trouve entre deux tendances qui la broient. La France va se « bardelliser ». On évite cette conclusion, mais c’est le terminus du récit français aujourd’hui. Ce pays qui a la passion de la révolte et le souci épicier du raisonnable risque d’y céder parce que les électeurs se sentent dans l’insécurité. Et, comme partout ailleurs, quand on a le choix entre la sécurité et la démocratie, ce n’est pas la démocratie que l’on embrasse. C’est humain. « Bardellisation » toute parce qu’on a peur, parce qu’on commence à conclure (malgré soi, dit-on) que l’immigration est un appauvrissement dangereux et non une diversification douce. Les images du chaos urbain, les radicalités assassines des Insoumis et Cie, les racismes inversés (qui font réagir une star de cinéma ou un footballeur sur la base de la couleur de la peau de la victime), tout cela va « bardelliser » la France.

Entre culpabilité et culpabilisation. Et pour demain ? Une autre tendance s’aggrave : la France risque d’être tiers-mondisée. Par l’anarchie, les destructions des biens publics, la justification dégradante des émeutes, la faiblesse de l’État hésitant entre la culpabilité et la culpabilisation. Étrange sort pour un pays et ceux qui y arrivent pour y vivre, ainsi que pour ceux nés de parents qui y sont parvenus pour gagner la fortune, le droit aux droits. Voilà que chez ces générations immédiates, d’immigration ou nées de l’immigration, on idéalise le pays quitté par soi ou par les ascendants et on tiers-mondise le pays qui vous a vu naître ou au moins renaître. Comme si, par la destruction, les « enfants » voulaient faire du pays présent le pays que leurs parents ont fui et du pays fui un pays désiré. Le rêve s’inverse, idiotement, tragiquement : le « bled » devient un paradis perdu et la France est invalidée comme un cauchemar actuel. [...]"


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