Revue de presse

"Jean-Yves Méreau, athée militant : « Dieu n’est pas une réponse »" ( lavoixdunord.fr , 7 mars 15)

Jean-Yves Méreau, auteur de Debout les athées de la terre ! (L’Harmattan). 7 mars 2015

"Dans le prolongement de notre série dominicale « Vivre sa foi dans le Boulonnais », nous donnons la parole… à ceux qui ne croient pas. Jean-Yves Méreau, ancien journaliste lillois, habitué d’Ambleteuse, a écrit « Debout les athées de la terre ! ». Il milite « pour une place légale de l’athéisme ».

Comment avez-vous su que vous êtiez athée ?

J’ai été élevé par des pères jésuites, j’ai même été enfant de chœur… mais ce n’est pas la peine de le dire ! Vers 14-15 ans, j’ai commencé à me poser des questions. J’ai lu Sartre, Camus, Gide et je me suis rendu compte que ça ne collait pas. J’ai fait ma crise d’adolescence et je me suis fait virer de chez les Jésuites. Puis j’ai fait des études de philo et j’ai beaucoup réfléchi. Après, je connais des gens qui sont devenus athées beaucoup plus naturellement.

Que pensez-vous qu’il y ait après la mort ?

Rien. Pour moi, Dieu n’est pas une réponse, c’est juste une foi. Le raisonnement de la religion va à l’encontre du principe de la preuve. Un mathématicien ou un professeur doit prouver ce qu’il dit. La religion n’apporte aucune preuve que Dieu existe, elle dit juste qu’il faut y croire, c’est insensé. Si ça rassure les gens de croire en la résurrection, tant mieux. Personnellement, ça ne m’inquiète pas. C’est l’angoisse existentielle qui fait la religion chez beaucoup de croyants.

Quelle est la proportion d’athées dans la société française aujourd’hui, selon vous ?

En France, 30 % de la population se déclare athée. Mais si vous ajoutez les agnostiques et les gens qui n’ont pas d’avis, cela fait une majorité. Et on ne donne jamais la parole à cette frange de la population.

Votre livre est une sorte d’ Indignez-vous à la Stéphane Hessel, version athée. Pourquoi ?

Cela procède exactement de la même démarche. J’ai eu cette idée au moment du débat sur le mariage pour tous. J’ai réalisé que la présence des religions dans le débat public était insupportable. Sur tout sujet de société, comme l’euthanasie par exemple, le réflexe des politiques et des journalistes est de s’adresser aux représentants des religions, comme s’ils avaient la mainmise sur la morale et le débat public. Les trois monothéismes s’approprient le temps de parole, les autres sont réduits au silence.

Comment les athées peuvent-ils mieux se faire entendre publiquement ?

Il faut faire naître un athéisme militant. Les athées doivent se manifester, débattre dans les cafés, parler dans les médias. Actuellement, ils ne s’expriment pas car ils n’ont pas de représentativité, ils ne peuvent pas se réunir autour d’un chef, d’un dogme et faire des excommunications. Mais s’ils restent invisibles, cantonnés à l’image de gens qui n’ont pas de morale, ça laisse le champ libre aux religions et à ceux qui sont dans la chaire.

Pour un État athée, pas juste laïc

« Quand on voit Manuel Valls se rendre à la canonisation de Jean-Paul II, c’est inadmissible »
L’État doit-il entretenir des relations avec l’Église ? Le débat est ouvert.
Pour Jean-Yves Méreau, la laïcité ne suffit pas. Il propose d’aller plus loin en créant un État athée. « Cette notion s’oppose à l’État de droit divin, qui prévalait avant la Révolution et dont il subsiste des traces aujourd’hui. Quand on voit Manuel Valls se rendre à la canonisation de Jean-Paul II, c’est inadmissible, s’insurge-t-il. Les représentants de l’Etat n’ont pas à participer à des événements religieux, quels qu’ils soient. Ils ne doivent avoir aucune relation avec les religions, qui sont par nature réactionnaires et qui défendent un ordre acquis. »
Les élus eux-mêmes renient leur athéisme pour des raisons électorales. « Est-ce que vous connaissez un homme politique qui s’assume comme athée ? Même à Boulogne, il n’y en a pas. Ils ont trop peur du poids des religions, même si elles ne représentent qu’une minorité. »
Est-ce à dire qu’il renie les racines chrétiennes de la France ? « Mais l’histoire du christianisme n’est rien face à celle de l’humanité, rétorque Jean-Yves Méreau. Il suffit de remonter à l’époque des Gaulois. Les racines chrétiennes de la France ne sont rien d’autre que du lavage de cerveau depuis 2 000 ans. »"

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