Revue de presse

G. Chevrier : Nos concitoyens de confession musulmane sont de plus en plus nombreux à s’éloigner de notre République et de ses principes (K. Maloum, A. del Valle et G. Chevrier, atlantico.fr , 7 mai 24)

Karim Maloum, Alexandre del Valle et Guylain Chevrier 9 mai 2024

[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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Lire "Un seul adversaire, les Frères musulmans : l’étrange myopie de Gérald Darmanin en matière de pression islamiste sur la France".

avec Karim Maloum, Alexandre del Valle et Guylain Chevrier

Atlantico : Dans un entretien au Journal du Dimanche, Gérald Darmanin annonce « la riposte face aux Frères musulmans ». En ne visant que les Frères musulmans, est-ce que le ministre de l’Intérieur n’élude pas toute une partie du problème de la lutte contre l’islamisme ?

Alexandre del Valle : Ce n’est pas tout le problème, mais ce serait déjà un pas important. Si on lutte contre les Frères musulmans de la même manière qu’en Autriche, en supprimant les financements, en faisant fermer les associations qui les financent et qu’on ne se limite pas à quelques discours sur des imams ou l’idéologie, ce serait une avancée. Je demande à voir parce que juridiquement, devant les tribunaux, ça ne tiendra pas. Beaucoup d’associations en Europe et en France ne se revendiquent pas ouvertement de l’association officielle des Frères musulmans égyptienne. Ce qu’il faut combattre de manière plus globale, c’est l’islam radical.

Ce sont les pans de la charia qui justifient le meurtre ou l’inégalité. Il faut aller beaucoup plus loin dans la lutte contre l’idéologie de l’islamisme radical dont les frères musulmans ne sont que l’avant-garde.

Il existe d’autres mouvements très islamistes qui ne sont pas liés aux Frères musulmans structurellement. Par exemple, le Millî Görüs turc, qui est parfois encore plus radical ou alors les mouvements indo-pakistanais comme le Deobandi ou les Tabligh ou les Salafistes. Cela, il mérite d’être autant surveillé que les frères musulmans.

Karim Maloum : Il est indispensable que le gouvernement et toutes les institutions de la République se consacrent pleinement à la lutte contre l’islamisme, et pas seulement contre la Confrérie des Frères musulmans. Cette confrérie a été fondée en 1928, mais l’islamisme a existé des siècles avant, plusieurs siècles même. Les Frères musulmans font partie des islamistes, mais il n’y a pas qu’eux. Donc je pense, soit c’est une erreur de communication de sa part, ou c’est une analyse que je trouve dangereuse. Je constate depuis 30 ans, on n’arrive pas à se mettre d’accord sur la méthode avec laquelle il faut combattre les islamistes. Tous les islamistes, pas que les Frères musulmans, les salafistes, les wahhabites, tous les gens qui constituent la pensée fondamentaliste. Ça veut dire quoi ? On va s’attaquer aux islamistes qui gèrent quelques mosquées, on laissera les autres salafistes, les wahhabites et tous les gens qui sont les relais du Qatar ou de l’Iran ? Qu’est-ce que ça veut dire  ? Je peux témoigner, en même temps que d’autres, que cette prise de conscience n’est pas récente. Le fait nouveau est sa médiatisation. Les Français attendent de ceux qui nous gouvernent de cesser d’être lâches et d’agir. Cette lâcheté nous a conduit à beaucoup de renoncement. Il est grand temps que la France réagisse de manière vigoureuse, en appliquant l’Etat de droit contre ses ennemis : les islamistes.

Guylain Chevrier : On entend prendre le problème par le haut en s’attaquant aux Frères musulmans, qui constituent il est vrai, une réelle menace du fait même de leur stratégie qui s’inscrit dans l’islam politique. D’où la mise en cause de ce mouvement par le ministère de l’Intérieur comme militant pour un séparatisme islamiste, porteur d’« un projet politico-religieux théorisé (…) visant à construire une contre-société ». Leur objectif est de préserver une civilisation islamique et pour cela, de créer un Etat islamique en France, comme partout où ils existent et développent leur influence. Ce qui inquiète plus particulièrement concernant les Frères musulmans, c’est que contrairement aux autres mouvements islamistes comme le wahhabisme, ils ne se présentent pas à visage découvert, mais prônent le changement des systèmes par l’intérieur, par infiltration, entrisme, avec pour moyens l’éducation, le militantisme associatif et politique, la pression sous toutes ses formes à travers la primauté de la communauté religieuse, l’oumma. Ils mettent même en avant l’argument d’une « justice sociale » toute islamique opposée à l’Occident qui serait pour cela à détruire, en passant par l’instauration d’une nation dans la nation. Gérald Darmanin a comme tiré la sonnette d’alarme, décrivant leur mode opératoire faisant figure de premier état des lieux : « pénétrer les administrations en incitant leurs membres à passer les concours de la fonction publique, défendre des revendications religieuses dans les entreprises, donner des consignes de vote ou encore faire pression sur les maires via des associations. » Il dit même qu’ils seraient « sur le point de franchir un point de bascule en France », en noyautant les rouages de notre société pour la rendre « charia compatible ». Le danger est certain. Une source au renseignement intérieur (DGSI), résume : "leur seul objectif est d’instaurer un califat mondial".

Cela étant, on peut se demander pourquoi ils reçoivent un tel écho chez nos concitoyens de confession musulmane ? Car lorsque l’on regarde l’évolution des enquêtes d’opinion, on ne peut que constater que d’année en année, la tendance est à montrer qu’ils sont de plus en plus nombreux à s’éloigner de notre République et de ses principes ? Bien sûr il y a cette « stratégie insidieuse des petits pas », pénétrant toutes les strates de la société, avec une présentation très lissée toujours respectueuse de la loi pour se rendre fréquentable, mais nourrissant la contradiction par un double discours à visée politique. Comme cela est pointé part le ministre de l’Intérieur, avec pour domaines de prédilection une victimisation permanente des musulmans autour d’un procès en racisme de l’État, auquel s’intègre l’usage de l’accusation d’islamophobie, terme qui amalgame toute critique de l’islam à un rejet des musulmans et donc à du racisme, jouant le même rôle que le délit blasphème, mais aussi les violences policières, comme certaines manifestations ont d’ailleurs pu en mélanger les genres. En fait, ils utilisent les libertés démocratiques pour les attaquer, si possible les anéantir.

Est-ce donc bien uniquement à leur stratégie que l’on doit leur influence ? Non, c’est aussi du fait d’une mauvaise stratégie politique d’intégration de nos concitoyens de confession musulmane. Cette volonté politique des gouvernements successifs depuis la fin des années 90, d’instituer un islam de France, a consisté à croire que l’organisation de leur religion par l’Etat dans la République, était la bonne solution, comme la création du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) en 2003 (remplacé depuis par le Forum pour l’islam de France (Forif)) l’a montré. Et depuis, par de multiples initiatives, dont la création d’une Fondation pour l’islam de France, et même récemment, l‘annonce de la création d’un statut de l’immam par le même ministre de l’Intérieur. On a appliqué la doctrine de l’intégration par les différences, en jetant la confusion sur l’intégration républicaine. En officialisant l’islam à travers la constitution d’un organe parrainé par l’Etat, on a donné à ses représentants religieux une position de toute-puissance, et ainsi, faisant autorité pour dire ce qu’était un « bon musulman » : respect des 5 piliers de l’islam, lecture littérale des textes, critique de toute remise en cause, jusqu’au refus de reconnaitre l’abaya comme vêtement religieux parlant d’une « mode » (CFCM). On a contribué à un retour du sacré face à la République. On a même eu la création au sein du CFCM d’un observatoire de l’islamophobie qui a fait bien des dégâts par moultes polémiques contre la laïcité. Ce qui fait réfléchir lorsqu’aujourd’hui le ministre de l’Intérieur lui-même pointe un usage du procès en islamophobie comme l’un des moyens de déstabilisation des Frères musulmans. Il est significatif que la plupart des grands médias puissent dire au moment du ramadan « aujourd’hui, 6 millions de musulmans commence le jeune », flattant l’identitaire religieux en assignant tous les musulmans à cette pratique et ainsi à une « communauté » supposée homogène, relayant l’air de rien l’idée que, le faire, c’est être un « bon musulman ». Ceci, ne laissant aucune place à ceux qui ne le pratiquent pas, à l’envers du message qui est celui de la liberté de conscience que protège la République, du libre choix de chacun de l’exercice ou non d’un culte. On a même de cette façon indirectement justifié certaines pressions religieuses, en déroutant combien de nos concitoyens musulmans en attente d’autre chose de la République.

Quel est le poids de la menace des Frères musulmans en France ? Quels sont les autres types ou relais de menaces islamistes ? Celles par exemple qui menacent de faire des attentats en France ?

Guylain Chevrier : On parle de « mouvance » des Frères musulmans, ce n’est pas un hasard, c’est parce que l’on a du mal à établir ce qu’ils représentent réellement, comme « organisation pieuvre » qui étend son influence à des dizaines de mosquées, à des associations de quartier jusqu’au clientélisme avec certains élus. C’est d’ailleurs pour cela que le ministre de l’Intérieur a confié une mission d’évaluation en la matière au préfet Pascal Courtade, délégué à l’égalité des chances de la préfecture des Yvelines et à l’ambassadeur François Gouyette affecté en Algérie jusqu’en 2023. Une demande de rapport qui doit permettre de dresser un "état des lieux de l’influence de l’islam politique en France", attendu d’ici l’automne. La chose est sérieuse car cette demande vient du chef de l’Etat lui-même, faite lors d’un récent Conseil de défense. On a à l’esprit l’UOIF réputée proche des Frères Musulmans dont certains de ses dirigeants n’ont jamais caché leur proximité avec ce mouvement, rebaptisée Musulmans de France. Sans doute que la multiplication des abayas dans l’école publique, encouragée sur les réseaux sociaux par des influenceurs, dans un but de déstabilisation et de submersion, avec des menaces envers des établissements agrémentées de fausses alertes à la bombe, a pu jouer un rôle de déclencheur de cette démarche de diagnostic, d’électrochoc pour une prise de conscience. D’autant que l’on a appris dans le cadre de cette problématique, que se répandait ce que l’on appelle « le chantage à la photo », pratique qu’a évoqué une note du CIPDR publiée par l’Express, autrement dit le fait que certaines jeunes filles qui enlèveraient leur voile dans l’enceinte scolaire seraient victimes d’un chantage de la part d’autres élèves, surtout des hommes, menaçant d’envoyer des photos à leurs familles. On avait déjà en tête une autre note des services de renseignement qui soulignait la progression de l‘idéologie islamistes à travers différents faits, dont le refus dès l’école primaire par des garçons de donner la main à des petites filles de leur âge, de dessiner des représentations humaines, ou encore que certains élèves se bouchent les oreilles lorsque l’on passe de la musique en classe. Gérald Darmanin alerte contre l’entrisme des Frères musulmans qui est de plus en plus patent et semble même débridée grâce à ce contexte de perte des repères.

Il y a aussi le courant du wahhabisme, que l’on connait pour être accusé d’être une source du terrorisme ou d’inspirer l’idéologie salafiste djihadiste embrassée par Al-Qaïda et l’Etat islamique (Daesh). Le « wahhabisme » et le « salafisme » sont souvent considérés comme des termes synonymes pour désigner des mouvements d’origine différente mais qui a un moment donné ont fusionné (dans les années 1960). Le salafisme poursuit le même but que les Frères musulmans, l’établissement d’un Califat, mais par d’autres moyens, la formation d’imams, le financement de lieux de culte, le retour à un mode de vie inspiré de l’époque du prophète avec tous les archaïsmes que cela suppose, la submersion religieuse par la multiplication des fidèles, voire jusqu’à la possibilité de l’affrontement. N’oublions jamais qu’en toile de fond à cela on a historiquement une religion nouvelle, l’islam au VII e siècle, qui va être un instrument de conquête du pouvoir politique par la guerre, pour instaurer un régime religieux qui se confond avec l’Etat. Référence dont s’inspire d’ailleurs le djihadisme contemporain, et pour cause, le djihad est dans le coran. Bien sûr tous les mouvements islamistes ne sont pas directement djihadistes mais peuvent en faire le lit par leur combat idéologique. Sur 2450 lieux de culte musulmans, les renseignements intérieurs dénombrent une centaine de mosquées dites salafistes. Sur l’année 2023 les salafistes ont tenté des actions de prise de contrôle de lieux de culte, avec en cinq ans une hausse de 50 % de ces tentatives, selon la même source. Le salafisme est donc aussi un problème, d’autant que dans certaines circonstances, partageant le même but que les Frères musulmans, la jonction entre les deux mouvements est plus que probable. On se demande pourquoi on n’a pas interdit ces mouvements avant, dont on sait parfaitement qu’ils sont antagoniques avec notre modernité démocratique, contribuent à la résistance de l’islam à toute adaptation à cette dernière, tout en étant dangereux pour notre sécurité.

Alexandre del Valle : Quand Darmanin vise les frères musulmans, il vise l’islam non-terroriste, l’islam qui se dit politique. L’islam politique fait croire qu’il est contre le terrorisme. Cet islamisme-là, forcément, il n’est pas djihadiste. L’islam politique se distingue du djihadisme dans le sens où il estime, que dans les démocraties ouvertes on a plus de résultats avec l’action militante qu’avec le djihadisme. L’État a toujours lutté contre le djihadisme. Il lutte mal, mais l’État n’a jamais permis le djihadisme. Par contre, il est vrai qu’il y a des idéologies islamistes qui peuvent influencer le djihadisme ou qui peuvent y conduire indirectement. Ils ne sont pas terroristes. Mais comme ils méprisent les mécréants et ils prônent un repli communautaire, de nombreux terroristes sont souvent passés par ces mouvances.

Le Tabligh, même si cette organisation n’est pas terroriste, est un d’un passage d’étape pour de nombreux islamistes radicaux qui ont basculé dans la violence. Ils sont passés par une phase d’intégrisme qui prône le repli et le refus de s’intégrer aux infidèles. Et c’est ça que combat Darmanin en combattant les Frères musulmans. Il combat ceux qui ne sont pas terroristes, mais qui, par leur idéologie séparatiste ou mécréante, pourraient conduire des gens dans une seconde phase à devenir terroristes. Cet islam politique-là, peut influencer idéologiquement des gens qui, un jour, vont devenir terroristes quand ils voudront aller plus loin. Ce sont ces mouvements que j’appelle l’islam politique, que Darmanin veut combattre à travers les frères musulmans et effectivement il n’y a pas que les frères musulmans. Il y a le Tabligh indo-pakistanais qui est plus intégriste. Il y a les salafistes non-violents qui existent aussi. Il y a beaucoup de salafistes qui ne prônent pas du tout la violence, et ils proposent même le repli. Il propose aux fidèles, qu’on appelle les piétistes, de se réfugier dans la piété totale, ne pas trop fréquenter les mécréants. Ils ne prônent pas le djihad sur un territoire si le djihad n’est pas prononcé par une autorité musulmane qui a la majorité de la population. Donc pour la faire courte, on a certains courants salafistes qui ont la même idéologie que les djihadistes, mais ils pensent que la violence n’est pas opportune. Elle peut exister que dans certaines conditions extrêmement strictes, mais pas dans un État mécréant qui n’a pas appliqué la charia, puisque c’est un État qui n’est pas musulman. Le Millî Görüs turc lui ressemble aux Frères musulmans, mais c’est quelque chose de différent. Ils sont liés aux Frères musulmans, mais ont leur logique propre. Effectivement, Darmanin pourrait aussi les mettre au même niveau que les Frères musulmans.

Karim Maloum : Ils utilisent d’autres méthodes, c’est-à-dire que les Frères musulmans arrivent à faire beaucoup d’entrismes. Ils sont rentrés dans l’école, ils sont rentrés dans les institutions, ils sont rentrés dans le sport, ils sont rentrés dans la vie associative, ils sont rentrés un peu partout. Ils ont une méthode de travail, d’infiltration pour gagner des couches de la société et rentrer dans les rouages d’État. Il y a deux ans, le Conseil de l’Europe a commencé à considérer le hijab comme un symbole de liberté, avant de le retirer. Mais les autres aussi font la même chose. Ils font tous la même chose. Un chiite n’est pas comme un sunnite, un salafiste n’est pas comme un frère musulman. Un islamiste, entre parenthèses, modéré, ce n’est pas comme un islamiste radical qui est capable de faire des attentats. Il y a des différences, mais ils ont le même objectif, c’est l’instauration de l’État islamique. La pratique de l’islam radical, un islam sécessionniste constitue un véritable danger pour notre pays.

Que doit faire l’État pour lutter efficacement contre la totalité de la menace islamiste en France ?

Karim Maloum : Tout d’abord, nous devons être en ordre de bataille. Pour cela, il est impératif de convenir d’un diagnostic précis. En effet, même si l’on consulte le meilleur médecin du monde, s’il se trompe dans son diagnostic, le traitement prescrit sera inefficace et la maladie perdurera. Ainsi, il est primordial que le gouvernement français, le président de la République, les institutions et la société civile ne se trompent pas dans leur diagnostic. Celui-ci est simple : chaque fois que les islamistes agissent, l’État de droit et la République doivent se montrer inflexibles. Un exemple récent est celui de la Fédération Française de football. La fédération cherche à promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes. Certains islamistes et leurs sympathisants crient au racisme, prétendant que cela vise les musulmans. Or, il n’en est rien : il s’agit simplement de refuser le port du voile, car celui-ci n’a pas sa place dans le sport, pas plus qu’à l’école. Ainsi, chaque fois que les islamistes se manifestent, nous devons réaffirmer notre détermination à les stopper de manière radicale et à les combattre. Cette approche, tant sur le plan intellectuel que médiatique, est conforme à l’État de droit. En effet, la lutte contre l’islamisme passe par le respect de ce dernier, car toute atteinte à celui-ci ne ferait que renforcer nos adversaires. Ensuite, il est urgent d’agir contre les discours haineux tenus dans certaines mosquées et salles de prière. Nos services de renseignement et de police sont en mesure d’identifier et d’arrêter les individus tenant de tels discours. S’ils sont étrangers, ils doivent être expulsés ; s’ils sont Français, ils doivent être traduits devant les tribunaux, car la loi interdit expressément l’incitation à la haine et à la violence. Il est crucial de protéger notre communauté éducative, qui est de plus en plus exposée à la violence. Le rapport du Sénat de mars dernier met en lumière les menaces qui pèsent sur l’école de la République. Les enseignants sont régulièrement menacés et ne peuvent plus enseigner sereinement des sujets qui dérangent certains groupes. Il est essentiel de défendre nos enseignants et notre système éducatif contre les tentatives d’accaparement par les islamistes. En outre, il est indéniable que la menace islamiste perdure depuis longtemps et que les réponses apportées jusqu’à présent se sont avérées insuffisantes. Il est temps de prendre conscience que la lutte contre l’islamisme doit être permanente et ne peut pas se limiter à des réactions ponctuelles après chaque attentat. Comme l’a souligné Albert Camus, il ne suffit pas de combattre la misère ou la pauvreté ; il faut y consacrer sa vie. De la même manière, il est nécessaire de s’engager pleinement dans la lutte contre l’islamisme au quotidien, en mobilisant l’ensemble de la société, des institutions et des intellectuels, comme cela a été le cas pour combattre le nazisme ou le stalinisme. Il est également crucial de comprendre comment les Frères musulmans ont réussi à s’imposer comme les principaux représentants de l’islamisme. Ils ont su exploiter les failles de l’Occident, et ont bénéficié du soutien de nombreuses institutions et organisations qui ont accepté leur discours victimaire et leur idéologie. Il est temps de reconnaître leur influence et de prendre des mesures pour contrer leur propagande. Enfin, pour lutter efficacement contre l’islamisme, il est nécessaire de mettre en place des actions concrètes. Cela passe notamment par la cessation des subventions aux associations islamistes, la fermeture des mosquées propageant la haine et la violence, l’expulsion des imams étrangers radicaux, la déchéance de nationalité pour ceux qui soutiennent le terrorisme, et une vigilance constante pour défendre les valeurs de la République contre toute forme de séparatisme. En résumé, il est impératif d’adopter une approche ferme et cohérente dans la lutte contre l’islamisme, en respectant l’État de droit et en mobilisant l’ensemble de la société pour défendre nos valeurs et notre démocratie.

Guylain Chevrier : En voulant prendre nos concitoyens musulmans par leur religion dans le sens du poil, on les a surtout encouragés à ne pas s’intégrer comme républicains. On a de plus laissé entendre une sorte de fausse promesse, celle d’aider l’islam à s’organiser dans notre pays sous prétexte de retard vis-à-vis des autres religions, comme si c’était le rôle de l’Etat tombant dans une démarche concordataire. On a ainsi donné une impression toute aussi fausse que l’on serait coupable là de quelque chose, alors que c’est l’histoire de notre pays qui a fait que l’Etat a pris en charge les lieux de culte d’avant la loi de séparation des Eglises et de l’Etat du 9 décembre 1905, car l’Eglise catholique, tout particulièrement, refusait de reprendre ses églises en main pour les entretenir. Mais aussi par-là, on a comme laissé entendre que l’on aurait quelque chose à solder dans le prolongement de l’héritage post-colonial, alors que ce n’est nullement du côté de la reconnaissance de l’islam que cela se joue mais de l’égalité des mêmes droits pour tous. C’est du côté de la dynamique de la liberté, celle du citoyen, que la conscience doit être portée.

Il faut sortir de cette ornière, de ces malentendus et confusions pour mettre dans la clarté les véritables enjeux républicains sur lesquels faire société, par le partage de nos acquis communs en matière de progrès dans l’ordre du développement humain. Il faut montrer les avantages de la liberté que défend l’Etat laïque, qui, à ne pas regarder les individus selon leurs différences, les voient comme ayant les mêmes droits. Il les protège de toute logique collective communautaire qui voudrait les priver de leur libre choix de vivre comme ils l’entendent. Ce sur quoi au contraire on aurait dû insister au lieu d’une religion, c’est sur cette liberté qui fait la différence avec les pays où on condamne à de la prison pour blasphème ou athéisme, ce qui est le cas de la plupart des pays d’origine de ces concitoyens musulmans. Des Etats qui peu ou prou mélangent tous encore le religieux et le politique. Il faut aller au charbon dans ce combat, à l’affrontement des idées, pour conquérir les esprits aux idéaux républicains qui ont fait leur preuve ! Notre République laïque, démocratique et sociale est un projet enthousiasmant, encore plein de promesses. Si la laïcité de l’Etat protège les droits et libertés individuelles, elle garantit aussi aux citoyens comme corps politique souverain la possibilité en tant que tel, comme peuple, de choisir le destin commun. C’est à la fois une liberté et une responsabilité commune qui doit être défendue, sans transiger.

Il faut casser cette mécanique d’assignation religieuse qui tend au retour du sacré contre la République et alimente le moulin de l’islamisme. Il y a une nouvelle stratégie de l’Etat à imaginer, fondée sur la citoyenneté avant tout, en nourrissant ce qui donne sa dynamique profonde à notre contrat social, la volonté de vivre ensemble et de construire une société pour tous s’inscrivant dans la liberté. Ce qui ne peut exister que si l’Eglise est chez elle et l’Etat est chez lui.

Alexandre del Valle : Il faudrait que l’État fasse ce qu’ont fait beaucoup de pays musulmans, c’est-à-dire qu’on donne à l’islam une représentation au niveau national, on reconnaît l’islam, on légalise un islam de France avec des mosquées labellisées, avec des imams labellisés, avec un institut musulman de France qui forme des imams français aux valeurs françaises. Ça aboutit sur une sorte de contrôle. Si l’État ne contrôle pas un minimum ce qui se passe dans les mosquées, à un moment ou un autre, on a des mosquées radicales. Donc il faut un islam de France qui soit plutôt animé par des imams et des représentants, qui font allégeance aux valeurs et aux lois de la République. Mais il ne suffit pas de dire « Je fais allégeance à la République ». C’est comme les mots d’amour. Ça ne suffit pas. Il faut des preuves. Il faudrait donc une charte de l’islam de France qui non seulement condamne l’islamisme radical comme idéologie totalitaire, antisémite, antichrétienne, misogyne, homophobe, etc., mais il faudrait que ces organisations signent des chartes qui dénoncent tout ce qui, dans la charia pose un problème. Ce qui pose problème dans l’islamisme, comme on a vu dans la manifestation de Hambourg la semaine dernière, c’est en fait l’appel à des lois totalement opposées aux lois en place, c’est-à-dire le système de la charia et du califat. C’est ça, le vrai problème. Donc il faudrait déclarer complètement illicite tous les mouvements islamistes qui se réfèrent à la charia comme système de gouvernement ou de droit pour les personnes. Autrement dit qu’il faudrait que la religion ne devienne que spirituelle.


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