Revue de presse

Didier Lemaire : « Si on ne lutte pas enfin contre l’islamisme, les attaques comme celles d’Arras se multiplieront » (lefigaro.fr , 14 oct. 23)

(lefigaro.fr , 14 oct. 23). Didier Lemaire, ancien professeur de philosophie à Trappes (Yvelines). 15 octobre 2023

[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

Didier Lemaire, Lettre d’un hussard de la République, éd. Robert Laffont, sept. 2021, 240 p., 18,50 e.

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"Un homme, un professeur de français, un serviteur de la République, a été assassiné. C’est la deuxième attaque mortelle qui vise l’École en trois ans. Cette fois, nul prétexte pour habiller son crime. Le tueur, un ancien élève du lycée, voulait simplement tuer un professeur parce que professeur.

Depuis l’assassinat de Samuel Paty, les enseignants savent que la situation peut basculer à tout moment. La plupart renoncent désormais à aborder en classe certains sujets. Comment pourront-ils exercer demain leur mission ?

Il ne fait aucun doute que ces attaques contre l’École, contre la République et contre les Français, se multiplieront encore et encore, car l’emprise idéologique de l’islamisme n’a cessé de gagner depuis dix ans dans notre pays au point de rendre possible un « jihadisme d’atmosphère » qui met au supplice nos policiers. Quelles en sont les raisons ?

  • La première raison tient à l’abandon de l’idéal républicain. Cet idéal universaliste, qui permet à chacun de dépasser ses origines, et toute forme de distinction sociale ou culturelle, dans la citoyenneté, a été remplacé par le modèle multiculturaliste anglo-saxon prôné par un président de la République décidé à dissoudre la nation. Faisant fi des principes de liberté et d’égalité, ce modèle identitaire réduit les individus à leur appartenance à de supposées « communautés ».

Parallèlement, la gauche a suivi un chemin analogue en se convertissant au racialisme et aux luttes intersectionnelles. Elle s’est inspirée de la manière dont Lénine, en l’absence de prolétariat, a su exploiter le ressentiment de la paysannerie et des minorités nationales contre le pouvoir menchevik pour soumettre la Russie à la dictature d’un parti unique.

En devenant le tribun des identités imaginaires, forgées pour saper les principes républicains, elle a porté la violence dans le débat public jusqu’à soutenir, lors des émeutes de juillet dernier, les attaques contre plus de 2 000 bâtiments publics, les pillages, les destructions aveugles, les actes de guérilla contre les forces de l’ordre ou contre des élus. Elle a mobilisé des figures populaires de l’antisémitisme et de la haine de la France pour s’allier avec les islamistes.

Considérant le carnage commis par le Hamas le 7 octobre dernier comme un simple « crime de guerre » , elle vient de franchir un nouveau cap. Elle donne une certaine légitimité à ces attaques avec l’argument resucé du « ils l’ont bien cherché ».

La petite bourgeoisie éduquée, qui constitue le socle de son électorat – près de 30% des enseignants, une grande partie des universitaires, des étudiants, des journalistes et des artistes – gagnée par un relativisme sans limite, ne peut donc, tout comme l’électorat du président, regarder le réel en face.

Cette gauche voit dans l’islamisme tantôt l’expression naturelle d’une population victime du « racisme systémique » et de « l’islamophobie », tantôt comme « un mouvement progressiste ». Alors qu’elle ne cesse de dénoncer l’« extrême droite », elle relativise elle-même, comme le faisait jadis l’extrême droite, un crime contre l’humanité - le crime de génocide - et fait sienne, par ses ambiguïtés et son double langage, la haine des juifs.

  • La deuxième raison de la progression de l’islamisme tient à l’absence de courage politique. Nos ennemis nous frappent. Il faudrait les affronter : identifier correctement la nature de leur projet et les stratégies mises en œuvre pour le réaliser, neutraliser ceux qui peuvent passer à l’acte en adaptant nos lois à un état qui n’est plus tout à fait un état de paix, restaurer l’autorité de l’État et proposer aux Français un plan de lutte à long terme pour éliminer ce fléau.

Au lieu de cela, nos politiques préfèrent regarder ailleurs et poursuivre aveuglément la gestion d’un pays comme s’il n’y avait pas péril en la demeure.

Il faut bien nous rendre à l’évidence : nous assistons au démantèlement de la Nation. Et à l’affaiblissement des services publics, – à commencer par l’École, la police et la Justice. Je ne parle même pas ici de la perte du sens de la mission de service public mais d’une dégradation et d’une perversion de chacun de ses services détournés de leurs fins.

  • La troisième raison relève de la dimension internationale de l’islamisme. Or, force est de constater que la plupart des démocraties européennes, du fait d’une immigration non contrôlée et d’alliances conjoncturelles avec des régimes hostiles, sont aujourd’hui paralysées. Au moindre mouvement, elles savent qu’elles devront payer le prix fort : que celui-ci soit économique, social ou politique.

On voit mal, dans ces conditions, ce qui pourrait arrêter notre course folle vers l’abîme."


Voir aussi dans la Revue de presse les dossiers Assassinat de l’enseignant Dominique Bernard à Arras (13 oct. 23), Trappes : un enseignant menacé (note de la rédaction CLR).


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