Comité 1905 Auvergne-Rhône-Alpes

"Ce n’est pas à la Laïcité à s’adapter à un culte quel qu’il soit" (Comité 1905 ARA, 18 août 16)

20 août 2016

"Depuis quelque temps les provocations en tous genres se succèdent et viennent amplifier la quantité de réactions nauséabondes suivant les évènements dramatiques perpétrés à travers le monde et sur notre territoire national en particulier.

Jusque dans les rangs de nos gouvernants, les déclarations lancées comme autant de « ballons d’essais » contribuent à la dégradation de la perception du principe de Laïcité qu’ils sont censés défendre et promouvoir.

Non ! La laïcité n’a pas à être remise en cause, ni à être évolutive, voire apaisée en fonction des pressions politico-cultuelles. Ce n’est pas à la Laïcité à s’adapter à un culte quel qu’il soit, mais au culte pratiqué sur notre territoire à faire siennes les valeurs et les lois de la République.

Il faut entendre Abdenour BIDAR quand il dénonce « l’optimisme des musulmans prétendant que leur culture spirituelle de paix, de non-violence, de fraternité universelle, de liberté de chaque conscience face aux dogmes,…. d’égalité entre les femmes et les hommes-, est majoritaire dans l’Islam. Alors qu’ils ne voient pas ou sous-estiment gravement la prolifération galopante de l’intégrisme……Daesh ? Ne nous laissons donc pas hypnotiser de terreur par ce serpent. Il sera fort si nous sommes faibles. Il a besoin pour s’alimenter de se nourrir de nos peurs, de nos divisions. Ne tombons pas dans son piège…..Oeuvrons à restaurer la confiance de tous en nos valeurs. »

Il faut entendre Mohamed SIFAOUI quand, dans l’émission « C dans l’air » du 02 août dernier, il est le seul sur quatre interlocuteurs à défendre la même idée que l’islam doit se réformer profondément pour vivre dans la République.

Il faut entendre Tahar BEN JELLOUN quand il écrit le 30 juillet dernier « qu’il n’est plus suffisant de dire : « ça, ce n’est pas l’islam », de plus en plus de gens ne nous croient pas quand on dit que l’islam est une religion de paix et de tolérance………Si l’Europe nous a accueillis, c’est parce qu’elle avait besoin de notre force de travail. Si la France a décidé le regroupement familial en 1975, c’est pour donner à l’immigration un visage humain. Alors il faudra nous adapter aux lois et droits de la République. Nous devons renoncer à tous les signes provocants d’appartenance à la religion de Mahomet……Si nous continuons à regarder ce qui se trame devant nous, nous serons tôt ou tard complices de ces assassins ».

Les exemples ne manquent pas s’insurgeant contre la tentation de la bien-pensance « de consentir des assouplissements sous forme « d’accommodements raisonnables » à nos principes pour remettre en cause non seulement la lettre mais aussi l’esprit de la loi de 1905. Les religions plus anciennement établies en France, en perte de vitesse, n’attendent que ces concessions faites à l’islam pour entériner ou réformer leur rapport à l’Etat laïque dans une reconnaissance institutionnelle qui préfigure un remariage concordataire »……..(Eddy KHALDI 29.07.2016)

C’est ainsi que sont lancés des ballons d’essais, mêlés à des provocations de plus en plus violentes :

  • Il nous est fait l’apologie du concordat d’Alsace-Moselle, qui conviendrait parfaitement à l’islam pour l’aider à résoudre ses problèmes de financement des lieux de culte. Or le nombre de mosquées est actuellement comparable aux lieux de culte des autres religions, sans les cathédrales….Reste le problème de leur entretien, mais la loi de 1905 l’a dévolu aux utilisateurs.
  • Pourquoi ne pas utiliser le principe des « fondations » ? Pour rappel, les fondations reconnues d’utilité publique permettent aux « généreux donateurs » de déduire 66% de leur contribution de leur impôt sur le revenu. Autrement dit, le contribuable français contribue, sans le vouloir expressément, au financement des cultes (interdit par l’article 2 de la loi de 1905). C’est ainsi que la « Fondation St Bruno » contribue au financement des investissements dans les établissements scolaires catholiques sous contrat d’association, ou non.
  • Les organisateurs des oraux du baccalauréat sont officiellement sollicités pour aménager des passages d’épreuves tenant des dates du ramadan.
  • La présidente de « l’Ordre des Pharmaciens » a tenté en juillet de mettre à l’ordre du jour une « clause de conscience ? » concernant la vente à des mineures de la « pilule du lendemain » ou autre moyen de contraception. Elle a reculé devant un tollé général. Quel homme politique osera enfin dissoudre ces « ordres professionnels » mis en place par le gouvernement de Pétain ?
  • Après la journée du voile organisée par quelques « idiots utiles » de Sciences-Po Paris, voilà la journée « burkini » organisée (puis annulée) par la même catégorie de citoyens, qui au nom des libertés individuelles ou d’une « laïcité apaisée » (Bauberot-Bianco) ne voient pas la portée politique d’actes qui ne visent qu’à prendre en otage un certain nombre de lieux publics ou privés, comme cette auto-école de Villefranche-sur Saône qui propose des séances du code de la route réservées aux femmes.
  • Mais ne désespérons pas, la récente rencontre spécifiée « privée » au Vatican entre le pape François et un citoyen Français de son prénom François, rencontre privée dont les motifs n’ont pas manqués d’être rendus publics- (on est en droit de se demander pourquoi avoir rendue publique une visite privée ?)- cette visite apportera peut-être la solution à la mise en application d’une nouvelle promesse pour 2017 d’inscrire les principes fondamentaux de la loi de 1905 dans la Constitution ?

Les paroles courageuses du Premier ministre ne sont pas suivies d’effet, bloquées semble-t-il au plus haut sommet de l’Etat.

Nous attendions, nous, citoyens laïques républicains après la sinistre année 2015, dès janvier et bien avant que n’arrive novembre, puis l’été 2016 un sursaut et des signes de clarification. Rien ! Qui ne soit brouillé par les théories suicidaires de quelques « idiots utiles » installant une communautarisation rampante de la société française. Les résultats sont là aujourd’hui, dans la surenchère quasi journalière, allant de l’affichage provocateur de la religion jusqu’au retour en arrière dans les droits et l’égalité femmes-hommes.

Il est devenu urgent de prendre conscience que les « paroles verbales » ne peuvent remplacer la loi et son application rigoureuse.

Nous en appelons à la vigilance des associations et organisations laïques du Collectif laïque national [1] et à toutes autres organisations qui voudront bien y souscrire pour faire bloc et peser sur les échéances à venir pour que vienne le temps des décisions et que « les promesses ne concernent (pas) que ceux qui y croient »."



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