Revue de presse

"Anti­sémitisme inclusif" (G. Biard, Charlie Hebdo, 10 jan. 24)

(G. Biard, Charlie Hebdo, 10 jan. 24). Gérard Biard, rédacteur en chef de "Charlie Hebdo" 10 janvier 2024

[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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[...] Au lendemain du 7 octobre, l’antisémitisme bat son plein sur les campus américains. Des étudiants juifs sont harcelés, tandis que des groupes d’étudiants propalestiniens accusent Israël d’être « entièrement responsable » des actes de barbarie commis par le Hamas. Début décembre, les présidentes de l’université de Pennsylvanie, du Massachusetts Institute of Technology (MIT) et d’Harvard sont cuisinées par le Congrès pour avoir refusé de condamner, quand elles ne les ont pas carrément soutenus, ces groupes d’activistes.

À la question d’une élue républicaine lui demandant si appeler au génocide des Juifs violait le règlement d’Harvard, Claudine Gay répond : « Cela peut, en fonction du contexte. » Et poursuit dans le même flou artistique. Tollé immédiat dans le camp républicain, mais pas que. Élus de tous bords, universitaires et donateurs exigent sa démission. Pas question, répond-elle – contrairement à sa collègue du MIT, elle aussi emberlificotée dans des réponses vaseuses, qui démissionne aussitôt -, avant de présenter de molles excuses sur le site Internet de la fac.

Question de « contexte »

Que les trumpistes rêvent de purges antiwoke et aient mené une campagne acharnée contre Claudine Gay est indéniable. Qu’elle ait été assaillie d’injures racistes par les mêmes sur les réseaux sociaux ne fait pas davantage de doute. Mais ça ne retire rien à sa faute, qui n’est pas d’être une femme noire à la tête d’une prestigieuse université, mais d’avoir refusé de condamner explicitement l’antisémitisme. Aujourd’hui, tout en reconnaissant « des erreurs », elle invoque « un piège bien tendu » par le Congrès. Mais elle s’y est jetée elle-même, dans ce piège, en répondant comme elle l’a fait à une élue que, de surcroît, elle savait plus qu’hostile. Ce qui est ajouter l’amateurisme à la bouillie idéologique – car il est probable que, soumise à la pression, elle ait bien dit ce qu’elle pense…

Prétendre qu’elle a été en fait victime de tout autre chose, comme le fait aujourd’hui le choeur des « progressistes » indignés, c’est soutenir que ce qu’elle a dit et fait n’est au fond pas très grave. C’est poursuivre l’air de rien dans cette rhétorique immonde qui sous-entend que les victimes des bouchers du Hamas l’ont bien cherché et que les Juifs du monde entier sont coupables par essence. C’est concevoir qu’il y a un antisémitisme acceptable. En fonction du « contexte »."


Voir aussi dans la Revue de presse les dossiers Etats-Unis : enseignement supérieur dans Etats-Unis d’Amérique, Antisémitisme, Guerre Hamas-Israël (2023-24) dans Palestine dans Israël, "Wokisme", Gauche et antisémitisme (note de la rédaction CLR).


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