Revue de presse

"« Allah Akbar » : une équivoque très politique au cœur des manifestations pro-palestiniennes" (lopinion.fr , 1er nov. 23)

(lopinion.fr , 1er nov. 23) 2 novembre 2023

[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"Omniprésente dans les manifestations pro-palestiniennes, l’utilisation de cette formule rituelle de la religion musulmane divise, y compris à gauche. Ceux qui l’assimilent au jihadisme sont taxés d’islamophobie et accusés de faire le jeu de l’extrême droite.

Antoine Oberdorff

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« Allah Akbar » : c’est le cri prononcé mardi par une femme vêtue d’un voile intégral qui menaçait de « se faire exploser » dans une station de RER en plein Paris, avant d’être neutralisée par les policiers. Place de la République, les mêmes mots sont prononcés pour rendre hommage aux populations civiles palestiniennes victimes des bombardements israéliens sur Gaza. D’un côté, un temps de recueillement  ; de l’autre, la sirène qui précède un acte terroriste, une attaque au couteau dans un lycée, une rafale de tirs sur une terrasse de café. Et dans cette confusion sémantique, les responsables politiques sont sommés de faire la part des choses entre les slogans meurtriers et les expressions pacifiques.

Déjà en 2016, le journaliste Jean Birnbaum analysait comment le fait de répéter que le terrorisme n’avait « rien à voir » avec l’islam avait été une matière d’escamoter le débat à gauche sur les attentats de janvier 2015 et leur dimension proprement religieuse. « Tout se passe comme s’il était impossible de concilier deux objectifs : d’une part, combattre l’amalgame entre islam et terrorisme, et pour cela dissocier la foi musulmane de sa perversion islamiste  ; d’autre part, prendre pleinement en compte la dimension religieuse de la violence jihadiste », écrivait-il dans Un silence religieux. La gauche face au djihadisme.

Amalgame. De fait, à gauche et notamment à La France Insoumise, les pourfendeurs de l’islamophobie veillent à ce que personne ne fasse « l’amalgame », ce raccourci qui aurait pour conséquence de stigmatiser des millions de fidèles musulmans en France. Pour eux, « Allah Akbar » ne signifie rien d’autre que « Dieu est plus grand ». [...]

Discours religieux. Le malaise existe pourtant chez des élus à gauche qui refusent l’islamisation de la cause palestinienne, comme ils refusent toute évocation religieuse dans la bataille politique. Cette parlementaire communiste se souvient avoir éprouvé une gêne en 2019, lors de la marche contre l’islamophobie, lorsque le directeur du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF, dissous depuis) Marwan Muhammad s’époumonait au cri de « Allah Akbar ». « Le soir même, sur un plateau, je m’en étais tiré en disant que ce n’était peut-être pas judicieux dans ce contexte-là », raconte-t-elle sous couvert d’anonymat.

Et pour cause, le militantisme pro-palestinien à gauche et à l’extrême gauche a longtemps été sécularisé, imperméable aux discours religieux de toute sorte. « Les slogans tournaient autour de “À bas l’impérialisme”, “Sharon assassin”, mais certainement pas “Allah Akbar”, rappelle le politologue Jérôme Fourquet. Les militants clamaient leur solidarité avec les commandos palestiniens présentés comme des fedayin en lutte contre l’impérialisme sioniste au Proche-Orient. Ils le faisaient avec le keffieh de Yasser Arafat autour du cou, mais le keffieh laïque."


Voir aussi dans la Revue de presse les dossiers Guerre Hamas-Israël (2023-24) dans Palestine dans Israël, Gauche et islamisme dans Gauche (note de la rédaction CLR).


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