Revue de presse

A. Shalmani : "A Saint-Denis et Toulouse, des femmes agressées pour leur tenue… Jusqu’où ira la cécité ?" (lexpress.fr , 22 juil. 23 ; L’Express, 27 juil. 23)

(lexpress.fr , 22 juil. 23 ; L’Express, 27 juil. 23). Abnousse Shalmani, écrivain et journaliste. 23 juillet 2023

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Lire "A Saint-Denis et Toulouse, des femmes agressées pour leur tenue… Jusqu’où ira la cécité ?"

"[...] La Seine-Saint-Denis est souvent épinglée pour son communautarisme agressif. Il suffit de s’y rendre, de jour comme de nuit, pour constater qu’il est difficile d’évoluer dans les rues dévoilée ou, pis, en jupe sans recevoir des regards, voire des commentaires d’hommes ou même de femmes, qui vous font sentir que vous n’êtes pas aux normes du quartier. La proportion de femmes voilées est impressionnante. C’est un fait, mesurable par tous. Pourtant, la mairie PS de Saint-Denis a réagi en réfutant fermement tout intégrisme ou islamisme chez les passants harangueurs des épaules dénudées. Mieux : la réponse de la mairie s’est limitée à coller des affiches rappelant que le harcèlement de rue est un délit. Les affiches ont été arrachées. D’autre part, la mairie a conseillé aux archéologues de porter plainte, ce qu’aucune, bien entendu, n’a osé faire par crainte de représailles ou d’être renvoyée au racisme ou à l’islamophobie.

Ce qui est extraordinaire dans cette affaire, c’est, comme toujours, la cécité volontaire. En insultant ces femmes archéologues, ces quelques habitants de Seine-Saint-Denis disent qu’ils sont ici dans une zone dictée par leurs règles et coutumes. Ce qui est grave dans la réaction de la mairie, c’est d’abandonner la majorité des habitants à une minorité bruyante et agressive. Ce qui est grave, c’est de laisser une population, sous prétexte qu’elle est née ailleurs ou ici, mais d’obédience musulmane, être prise en otage par une minorité sectaire qui en imposant sa loi terrifie sa communauté et paralyse les pouvoirs publics, qui préfèrent la bonne conscience à la justice.

Autre décor, même terrible histoire. Dans la nuit de mardi à mercredi, dans les rues du centre-ville de Toulouse, une passante de 19 ans et son compagnon auraient été agressés par quatre mineurs qu’ils venaient de croiser, rapporte La Dépêche du Midi. La jeune femme aurait été sévèrement tailladée au visage par des coups de tesson de bouteille lors de l’altercation. Le motif d’un tel déchaînement de violence ? La tenue vestimentaire de la victime jugée "pas correcte" par un des agresseurs. Transportée à l’hôpital, elle a reçu une cinquantaine de points de suture et sera "sans nul doute défigurée à vie", note le quotidien régional.

Il est impossible de faire nation, ou même de vivre simplement en suivant les lois de la République qui vous assurent d’évoluer en liberté dans ses rues, habillées comme vous le souhaitez, d’exercer le métier que vous voulez, quand des politiques hypnotisés par l’opportunisme, obnubilés par l’inexorable montée du RN, à laquelle ils contribuent chaque jour, choisissent de nier la réalité. Comme ils l’ont niée avec une force qui confinait à la folie lors des récentes émeutes en y voyant non un séparatisme assumé, mais une révolte sociale qui les arrangeait électoralement. Misère de l’absence de repères, de la perte de colonne vertébrale politique, de la surenchère radicale sans finalité sociale.

L’exemple allemand

Pendant ce temps-là, en Allemagne, régulièrement prise en exemple pour la réussite de l’intégration des millions de réfugiés accueillis par Angela Merkel - qui ont déstabilisé l’Europe tout entière - et la démonstration que la montée de l’extrême droite n’est pas liée à l’immigration, le modèle s’effrite à vue d’œil. L’AfD grimpe à tous les étages. D’après les sondages, elle dépasse largement les Verts, et est au coude à coude avec les socialistes du SPD. L’intégration n’a jamais été une chose aisée, ni en Allemagne ni ailleurs ; aujourd’hui elle boit la tasse. A Berlin, deux piscines ont dû fermer temporairement à la suite d’incidents impliquant de jeunes baigneurs issus de l’immigration et le personnel de la piscine. Au contraire de la France, l’Allemagne ne s’est pas mis d’œillères. C’est un quotidien de gauche libérale, Der Tagesspiegel, qui a publié une lettre des employés de la piscine de Columbiabad où ils pointent "l’ampleur intolérable" des problèmes causés par "des jeunes issus de familles arabes, parfois tchétchènes" qui prennent pour cible les femmes et les homosexuels. L’Association allemande des maîtres-nageurs enfonce le clou en parlant de la responsabilité de "machos ayant immigré".

L’Allemagne a raison de se confronter à la réalité. Il faut regarder en face une culture qui sépare brutalement hommes et femmes, crée une hiérarchie insupportable en réduisant le corps féminin à la chair, en criminalisant l’homosexualité. Vivre ensemble ne veut rien dire d’autre que vivre en suivant les mêmes règles, en jouant la même partition dans l’espace public, en acceptant de remiser ses scories culturelles d’origine incompatibles avec les démocraties libérales qui se sont battues pour obtenir la liberté et l’égalité pour tous."



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