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Hollande et l’Observatoire de la laïcité (Marianne toujours ! de Patrick Kessel - extrait)

(Marianne toujours ! de Patrick Kessel - extrait). Par Patrick Kessel, cofondateur et président d’honneur du Comité Laïcité République, ancien Grand Maître du Grand Orient de France. 1er juillet 2023

[Les échos "Culture" sont publiés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

Patrick Kessel, Marianne toujours ! 50 ans d’engagement laïque et républicain, préface de Gérard Delfau, éd. L’Harmattan, 8 déc. 2021, 34 e.

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L’élection de François Hollande à la présidence de la République donne à espérer que l’on va en finir avec les dérives contre la laïcité. Mais chat échaudé craint l’eau froide. L’homme, un "visiteur du soir" de la belle époque du Matin de Paris, qui livrait le fond de sa pensée en petit comité pourvu qu’il soit en confiance, n’est pas connu pour être un héraut de la laïcité. Ancien "transcourant" au Parti socialiste, proche de Jacques Delors, démocrate-chrétien engagé à la CFTC (Confédération des travailleurs chrétiens), passé de Chaban-Delmas à Mitterrand, de la "nouvelle société" au "programme commun", il a naturellement suscité de la méfiance chez les socialistes laïques. Mais l’ancien dirigeant du Parti socialiste sait ce que la liberté de conscience veut dire et il entend la défendre.

De cette époque du Matin, nous avons conservé des liens de confiance et d’amitié.

À quelques coudées de l’élection présidentielle, un collectif de loges du Grand Orient et d’autres obédiences l’invite à venir plancher rue Cadet. Il sait que bien évidemment il sera interrogé sur la politique qu’il entend mener en matière de laïcité s’il est élu. Je l’ai briefé sur les rapports révélant la situation explosive dans certaines écoles, des hôpitaux, des quartiers mais aussi sur les compromissions avec le communautarisme de nombre d’élus parmi lesquels des socialistes malheureusement.

Tout cela, il ne l’ignore pas. L’homme est toujours bien informé. Afin de mettre un terme au contournement de la loi de séparation favorisé par les interprétations de plus en plus libérales du Conseil d’État et de protéger les pouvoirs locaux soumis aux rudes pressions des lobbies communautaires qui troquent leur soutien électoral contre des financements à leurs associations, je lui expose ma proposition portée par le Comité Laïcité République. Il s’agit de donner pleine valeur constitutionnelle aux principes de la loi de 1905, posant ainsi un verrou à son grignotage incessant. Il suffit d’intégrer dans la Constitution les principes de la loi qui stipule dans son article 2, que "la République ne reconnaît, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte". François Hollande écoute, hoche la tête, acquiesce. Je lui ai bien évidemment confirmé qu’il sera interrogé sur le sujet comme sur le bilan du mitterrandisme et que tous les présents ne seront pas des camarades de son parti.

Le soir de la conférence venu, dans le plus grand temple de la rue Cadet archi bondé, le candidat déroule avec sa bonhomie coutumière le programme qu’il entend mettre en œuvre s’il est élu. Malin, un peu espiègle, l’œil vif du gamin timide mais futé qu’il est demeuré, sachant que l’humour confère la proximité avec les auditeurs, il accompagne les mesures qu’il entend mettre en œuvre d’anecdotes prêtant à sourire. Lorsqu’il aborde la laïcité qu’il a gardée pour la fin du propos, telle une cerise sur le gâteau, il dit l’importance qu’il lui accorde et annonce qu’il est favorable à l’inscription dans la Constitution des principes de la loi de 1905. Une mesure qui deviendra la proposition n° 46 du programme qu’il exposera au meeting du Bourget. Enfin me dis-je, tout le travail réalisé en amont depuis des années ne l’aura pas été en vain !

La laïcité est de retour à gauche. Je m’en réjouis. Un peu trop vite. C’est mésestimer la capacité de nuisance de ces élus qui ont pactisé avec le communautarisme. Le maire de Strasbourg en tête, Roland Ries, craignant que cette mesure n’en vienne à remettre en cause le Concordat et, imagine -t-il, sa propre réélection, suscite la rébellion au Parti socialiste.

La proposition 46 ne sera finalement jamais intégrée au programme du gouvernement. Une nouvelle fois nous tombons de haut. Une nouvelle fois, la gauche, qui a écrit les plus belles pages de l’histoire de la laïcité, l’abandonne sur le bas-côté de la route. Une grande partie du PS est différentialiste, déclare Élisabeth Badinter, désespérée, qui ose exprimer à voix haute ce que nombre de militants aguerris pensent en leur for intérieur mais n’osent pas exprimer à voix haute de peur de passer pour des vieux schnocks, des has been, des dinosaures [1].

À défaut de renforcer la laïcité, François Hollande met en place l’Observatoire de la Laïcité qu’avaient souhaité les associations laïques dont le Comité Laïcité République, avec pour mission d’identifier les problèmes et de formuler des propositions au gouvernement. Mais sa composition, qui donne une écrasante majorité aux représentants des ministères, en fera une quasi autorité administrative, aux ordres de l’exécutif.

Très tôt, le débat qui fracture la gauche va le diviser. À l’occasion de la présentation du premier rapport annuel sur l’état de la laïcité en France, son président Jean-Louis Bianco, ancien secrétaire général de l’Élysée, plusieurs fois ministre, déclare à la presse qu’"il n’y a pas de problèmes de laïcité en France" !

Les membres de l’Observatoire n’ont pas été consultés sur une telle déclaration qui affiche une ligne de résignation appelant à "coexister", à faire vivre ensemble les communautés, c’est-à-dire côte à côte et non ensemble, à privilégier le dialogue interreligieux à la laïcité, les accommodements au respect de la loi commune.

Les oppositions jusque-là étaient dites avec les formes qui prévalent dans ce type de cénacle. Jean-Louis Bianco est un homme courtois et les membres de l’Observatoire sont tous des gens bien élevés. Mais là, il n’est pas possible de cautionner ni le fond, ni la forme. Est-ce son point de vue personnel qu’il exprime publiquement ou celui qu’on lui a demandé de promouvoir au Château ? L’Observatoire est-il une machine destinée à masquer les véritables problèmes ? Ça tangue sérieusement.

La sénatrice Françoise Laborde, le député Jean Glavany, ancien ministre, et moi-même, après avoir tenté d’amender le rapport afin qu’il soit plus conforme à la réalité révélée par d’autres études, désavouons publiquement cette prise de position qui aboutit à glisser la poussière sous le tapis. "Il n’est pas possible de dire qu’il n’y a pas de problème de laïcité en France. Dans les universités, les incidents se révèlent en augmentation …" Nous devons constater que l’avis de l’Observatoire prétend le contraire et dresse un constat très différent de celui qu’avait réalisé la Mission laïcité du HCI (Haut Conseil à l’intégration) du 28 mars 2023. Il contribue à éluder les problèmes. Le déni n’est pas la réponse appropriée face à la nouvelle poussée de l’extrême droite qui se nourrit des dégâts occasionnés par les communautarismes. Pour ces raisons, les signataires ne participeront pas au vote de ce projet d’avis et lancent un appel au Premier ministre qui exerce la tutelle sur l’Observatoire afin que s’ouvrent les vrais débats et propose des réponses à la gravité des questions posées, écrivons-nous dans un communiqué.

Est-ce là le mandat qui a été donné au président de l’Observatoire, qui rejoindrait la politique menée dans ce domaine par la ministre de l’Éducation, très en retrait sur les questions des signes religieux portés par les parents accompagnateurs de sorties scolaires ? "Pas de vague", semble être le mot d’ordre commun. Mais les vagues se lèvent.

Lorsque les mêmes trois mousquetaires de la laïcité abordons la question de la crèche Baby Loup, la séance doit être suspendue à plusieurs reprises, chaque représentant de ministère allant prendre ses directives.

Elles ne sont pas les mêmes selon les tutelles politiques. Et pour cause, le Président Hollande couvre Jean-Louis Bianco tandis que le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, défend publiquement la directrice de la crèche. La situation, plus que cocasse, est affligeante et montre combien la liberté de tous ces comités Théodule est limitée. La séance devient tendue. L’Intérieur finit par s’abstenir ce qui signifie que Manuel Valls a été contraint de reculer sous la pression de l’Élysée. On se souvient de l’apostrophe de Jean-Pierre Chevènement, "un ministre ça ferme sa gueule ou ça s’en va !" Manuel Valls ne quitte pas le gouvernement. Il fait un pas de côté tout en continuant à ferrailler avec le président Hollande à propos de cet Observatoire qui n’observe pas grand-chose.

Françoise, Jean et moi n’avons plus rien à y faire. Nous ne serons pas du renouvellement. Au moins y fis-je la connaissance de quelques personnalités dont je ne partageais pas toutes les convictions mais dignes de respect, tel Alain Christnacht, ancien Haut-Commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie, avec qui travailla Roger Leray, ancien Grand-Maître, dans la perspective de ce qui allait devenir les accords de Matignon sur la Nouvelle Calédonie. Cette expérience de l’Observatoire dont j’avais suggéré la création au candidat Hollande, imaginant qu’elle pouvait devenir la cheville ouvrière d’un ressourcement à la laïcité, s’acheva en eau de boudin comme la politique laïque du quinquennat.

L’opposition entre le Château et Matignon, entre François Hollande et Manuel Valls, rebondit à l’occasion de l’affaire de l’IUT de Saint-Denis dont le directeur, Samuel Mayol, un enseignant courageux, est suspendu de ses fonctions pour "manipulation islamophobe". Ses relations avec le président de l’université, dont le père fut un visiteur régulier du Président Mitterrand à l’époque où Jean-Louis Bianco était secrétaire général de l’Élysée, sont exécrables. À l’issue de péripéties odieuses qu’il subit dignement, dénigrement, humiliations, imputation de racisme, accusations d’islamophobie, menaces de mort reçues dans la boîte à lettres de son domicile, diffusion de sa photo sur des sites salafistes, le directeur qui a osé dénoncer le prosélytisme d’une association islamiste dans l’université est blanchi et réintégré. Une nouvelle fois, il a fallu mener bataille face aux associations communautaristes qui développent des affinités inquiétantes avec certaines organisations syndicales universitaires. Le Comité Laïcité République n’a pas ménagé ses forces pour soutenir cet enseignant courageux victime des oukases de la nouvelle doctrine de la foi !

Quelque temps plus tard, Samuel Mayol est désigné lauréat du Grand prix national de la laïcité qu’organise le Comité Laïcité République. Le jury, indépendant, tient bon en dépit de "pressions amicales" qui tentent de nous convaincre que ce choix serait hasardeux ! En revanche, fidèle au Comité Laïcité République, la maire de Paris, Anne Hidalgo, qui accueille chaque année cette cérémonie dans la grande salle des fêtes de l’Hôtel de Ville de Paris, informée des choix du jury, ne trouve rien à redire. Au sein de son équipe, il n’y a pourtant pas que des amis de la laïcité et certains témoignent en faveur du communautarisme d’une complaisance, voire d’une coupable sollicitude. Anne est présente en ce 26 octobre 2015 et ouvre la cérémonie par un hommage sans faille à la laïcité. La salle des fêtes de l’Hôtel de Ville de Paris est bondée. Six à sept cents personnes représentant des associations laïques, des sensibilités politiques et syndicales, croyantes et incroyantes, des dignitaires des obédiences maçonniques et des citoyens sans titre heureux de sentir l’atmosphère d’une République fière de ses valeurs, ont trouvé place pour cette cérémonie devenue au fil du temps la plus importante manifestation régulière de la famille laïque.

Le Premier ministre, Manuel Valls, tient son engagement. Nous nous connaissons depuis longtemps, de l’époque où nous pouvions nous croiser dans les locaux de la rue Cadet. L’homme qui assume ses choix avec détermination ne s’en est jamais caché même s’il a pris du champ. L’assemblée n’imaginait pas que le chef du gouvernement dont la présence avait été annoncée serait assez gonflé pour tenir son engagement. Il y a belle lurette que les ministres évitent ce genre de réunion trop clivant. Mais c’est bien lui qui déboule, traverse l’immense salle des fêtes de l’Hôtel de ville de Paris par la travée centrale. Il arrive, large sourire malicieux, me signifiant d’un geste de la main qu’il est bien là ! Jusqu’au dernier instant j’ai pu douter, non de sa volonté mais des pressions qu’il aurait pu subir. Je sais que sur la laïcité, dès qu’il s’agit de dossiers concrets, la petite musique de l’Élysée et celle de Matignon ne sont pas à l’unisson. J’ai en mémoire cette réunion à l’Observatoire de la laïcité sur la crèche Baby Loup, au cours de laquelle le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, dut se plier à l’exigence tombée d’en haut. Mais cette fois le Premier ministre a décidé de tenir son cap.

Je n’ai pas toujours, il s’en faut de beaucoup, partagé les projets de la "nouvelle gauche" mais ce jour-là son audace, son intrépidité, sa détermination à défendre la laïcité, conquirent d’emblée le respect de tous. L’assemblée, encore sous l’émotion du récital que vient de donner le grand pianiste turc Fazil Say, lauréat cette année du Grand prix international de la laïcité, condamné dans son pays pour ses convictions laïques, est a priori partagée sur le Premier ministre.

Certains m’ont reproché de l’avoir invité. Même chez les laïques, il arrive que se développent les mauvaises herbes du sectarisme. Manuel Valls, costume sombre, chemise blanche, teint hâlé, l’énergie d’un toréador qui s’apprête à livrer combat, monte à la tribune et se lance dans un discours flamboyant qui sent bon la République que nous aimons, celle des Lumières et de la fraternité universelle. Le souffle de Ferdinand Buisson, d’Aristide Briand, de Jean Jaurès, de Georges Clemenceau passe sous les lambris dorés de cette superbe salle pétrie d’histoire. Manuel Valls affirme sans ambages son soutien à Samuel Mayol quand tant d’autres responsables politiques n’ont pas souhaité courir le moindre risque. Ce jour fait écho à Voltaire osant défendre le Chevalier de la Barre. Les plus réservés dans l’assistance constatent que l’orateur a bien sa place dans cette assemblée.

Voilà près de vingt ans qu’un ministre ou un chef de parti n’a pas parlé clairement la langue de la laïcité. Elle est là. Elle fait partie intégrante de nos valeurs. Et les mots pour le dire sont clairs, sont forts, sont fiers. Elle est au cœur de notre identité républicaine, de notre âme.

Pourtant, elle est aujourd’hui attaquée de toutes parts, contestée, critiquée… On connaît les slogans : "laïcité positive", "laïcité ouverte", comme si la laïcité avait besoin d’être qualifiée. Qualifier la laïcité, c’est la circonscrire, c’est en circonscrire le périmètre, en affaiblir la portée. C’est donc vouloir l’ébrécher, la faire vaciller… Dans ce moment où les repères se brouillent, nous avons besoin de clarté et donc nous avons besoin de laïcité. Car pas d’apaisement, pas de progrès sans laïcité. Laïcité maintenant, laïcité encore et laïcité toujours, dit-il sous un tonnerre d’acclamations. Il est des jours exceptionnels où la politique fait sens et l’on peut être fier de ce que l’on a entrepris.

Le quinquennat de François Hollande n’aura pas permis de faire avancer la laïcité comme il s’y était engagé. Les vents contraires soufflaient trop fort. Reprenant à son compte la formule de François Mitterrand selon laquelle "on ne sort de l’ambiguïté qu’à ses dépens", le président laisse filer. Il donne le sentiment de renvoyer dos à dos le président de l’Observatoire et le Premier ministre. Cela ne l’empêchera pas d’écrire plus tard que la gauche donne le sentiment d’avoir perdu ses repères et que les socialistes, qui il y a un siècle ont défini la laïcité, sont les mieux placés pour défendre leur liberté et la dignité face au communautarisme et à l’ethnicisme.

La prudence politique qui constitue une seconde nature chez lui, apprise à l’école de François Mitterrand, n’aura pas permis sa réélection. Il aura tenu bon sur le "mariage pour tous" en 2012 face à l’union sacrée des églises et des conservatismes, mais n’aura su faire oublier les promesses sacrifiées et les compromissions coupables avec le communautarisme. Rien sur la loi Carle qui a boosté les financements publics aux écoles privées. Rien sur le droit à mourir dans la dignité, inscrit dans son programme et dont 90% des citoyens soutiennent le principe.

Et du strict point de vue de la laïcité, le quinquennat demeurera celui des occasions ratées. Ce ne fut pourtant pas faute d’avoir proposé régulièrement à ses conseillers immédiats des pistes de progrès. Mais peut-être étaient-ils convaincus qu’il convenait de faire en sorte que rien ne bouge ?

Sur la fin de son mandat, le 27 février 2017, le président Hollande se rend au Grand Orient, officiellement pour y visiter le musée de la franc-maçonnerie. S’il est déjà venu plancher à plusieurs reprises, c’est la première fois qu’un président en exercice est reçu rue Cadet. Une délicate attention appréciée comme telle avec néanmoins le sentiment d’une sorte de lot de consolation. Il est accueilli par une centaine de frères et sœurs, une délégation d’anciens grands maîtres parmi lesquels plusieurs amis qu’il salue chaleureusement, des délégations d’autres obédiences et par le grand-maître en exercice, Christophe Habas, qui au fil des mois a clairement exprimé l’engagement du Grand Orient en faveur de la laïcité lorsque le pouvoir donnait le sentiment de prendre le large.

Ce jour-là, Habas, connu pour ses talents d’orateur, est encore plus brillant que d’habitude et, sans la moindre note, il prononce un discours empreint d’éloquence et de malice qui exprime avec la plus grande courtoisie mais avec fermeté notre déconvenue concernant la laïcité. Le président, engoncé dans un costume de facture anglaise, chic mais trop près du corps, trop court depuis qu’il a pris quelques kilos - avec lui je partage cette terrible propension naturelle à prendre des rondeurs à chaque incartade gastronomique - l’écoute avec ce sourire jovial qui contribue à le rendre normal, en fait sympathique. Le président, si fin connaisseur de bons mots, souligne le talent oratoire de son hôte. Il dit son admiration sur la forme mais aussi son plein accord sur le fond, sur la laïcité. Un peu tard pour le fond, pensent nombre de maçons présents qui, une nouvelle fois, sont déçus, voire se sentent trahis. Mitterrand, Jospin, Hollande, une malédiction pèse décidément sur la laïcité quand la gauche gouverne.

La campagne présidentielle n’augure rien de bon. Quand la gauche oublie sa culture, le pire est à craindre. La voix des socialistes ne se fait plus clairement entendre sur ce sujet alors qu’elle a reçu et en partie dilapidé le patrimoine philosophique des grands anciens et oublié la mission de relancer le projet de Jaurès, Clemenceau, Blum et Mendes, d’un socialisme qui serait la République jusqu’au bout. Ils ne s’en rendent pas compte, jouent petit jeu, ne veulent pas entendre les femmes et les hommes de terrain, les milliers de personnes, anciens militants, qui expriment leur lassitude, leur fatigue, leur déception, qui se sentent trahis et nous disent leur inquiétude. Hier, il ne fallait pas désespérer Billancourt.

Aujourd’hui, il faut séduire les cités ! Vae victis. La gauche est morte pour un temps. Elle ne le sait pas. Emmanuel Macron va le lui faire savoir.

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[1Elisabeth Badinter, Le Monde, 27 janvier 2012.



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