Revue de presse

L’écrivain Kamel Daoud visé par une fatwa (liberation.fr , 17 déc. 14)

18 décembre 2014

"Un imam salafiste appelle au meurtre.

L’indignation se propage sur les réseaux sociaux après qu’un responsable salafiste a appelé le gouvernement algérien, sur Facebook, à condamner et exécuter Kamel Daoud, le journaliste et écrivain dont on a beaucoup parlé au moment du prix Goncourt, car il était finaliste avec son roman Meursault, contre-enquête (Actes Sud).

Mardi soir, Daoud a écrit sur Twitter : « Fatwa pour me tuer émise par le mouvement salafiste algérien. Signé par Abd El Fettah Hamdache. Voilà où mène le sentiment d’impunité chez ces gens-là. » Sur sa page Facebook, l’écrivain développe ses arguments sous le titre « 50 nuances de haine ». Il estime que « ceux qui défendent l’islam comme pensée unique le font souvent avec haine et violence. Ceux qui se sentent et se proclament Arabes de souche ont cette tendance à en faire un fanatisme plutôt qu’une identité heureuse ou un choix de racine capable de récoltes. Ceux qui vous parlent de constantes nationales, de nationalisme et de religion sont souvent agressifs, violents, haineux, ternes, infréquentables et myopes : ils ne voient le monde que comme attaques, complots, manipulations et ruses de l’Occident. Le regard tourné vers ce Nord qui les écrase, les fascine, les rend jaunes de jalousie. »

Abdelfatah Hamadache Ziraoui, qui dirige le Front de l’éveil islamique salafiste (non reconnu officiellement), et que certains considèrent comme un leader « autoproclamé » qui ne représente que lui, estime que Kamel Daoud, chroniqueur au Quotidien d’Oran,« mène une guerre contre Allah, son prophète, le Coran et les valeurs sacrées de l’islam ». Il le juge coupable du crime d’apostasie, passible de la peine de mort selon la loi coranique. Son appel au meurtre est intervenu à la suite de propos tenus par Daoud sur une chaîne française, où il critiquait le rapport des musulmans avec leur religion.

En Algérie, l’anathème d’Abdelfatah Hamadache Ziraoui a rappelé les années 90, lorsque des dizaines d’intellectuels ont été assassinés à la suite d’une fatwa proclamant que « ceux qui nous combattent par la plume doivent périr par l’épée ». Plus généralement, pour le monde entier, toute fatwa rappelle celle, lancée par l’ayatollah Khomeiny, dont Salman Rushdie a été l’objet en 1989.

Une pétition appelle les ministres algériens de la Justice et de l’Intérieur « à enclencher des poursuites contre ces appels aux meurtres qui nous rappellent les pires moments de l’Algérie face au GIA », le Groupe islamique armé.

Le mouvement d’opposition Barakat (« ça suffit ! »), créé durant la campagne présidentielle d’avril, a aussi dénoncé un « appel odieux et criminel » et apporté son « soutien indéfectible » à Kamel Daoud."

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