Edito du président

Simone Veil : Une grande dame au service des libertés (P. Kessel, 30 juin 17)

par Patrick Kessel, président du Comité Laïcité République. 30 juin 2017

Les combats que Simone Veil a menés tout au long de sa vie avec courage ont permis d’étendre le domaine des libertés et en premier lieu celles des femmes à disposer librement d’elles-mêmes.

Au cours de cette lutte pour le droit à l’interruption volontaire de grossesse, Simone Veil a subi les pires insultes des forces conservatrices et réactionnaires et de l’Eglise. Heureusement, elle put compter sur le soutien des forces progressistes qui ne connaissaient pas alors les confusions actuelles qui les divisent sur les sujets de société. Mais par son courage et sa détermination, par son refus des compromissions et sa probité, elle a su faire franchir une étape importante à notre démocratie, étape qui en appelait d’autres pour conquérir l’égalité entre hommes et femmes.

Quarante-deux années plus tard, l’égalité entre hommes et femmes demeure fragile lorsque certains voudraient que les principes républicains puissent être appliqués de façon différenciée en fonction des origines culturelles et religieuses. Simone Veil, chargée par le Président Sarkozy de présider la commission de révision de la Constitution, s’était élevée avec force contre la volonté présidentielle d’introduire dans la Constitution la notion de droit à la différence qui ne pouvait que faire régresser l’égalité des droits et d’abord les droits des femmes.

Le numéro 78 651 que les nazis lui avaient gravé sur l’avant-bras à son arrivée à Auschwitz, pour lui signifier que parce que juive elle n’était plus qu’un numéro, lui rappelait que la barbarie n’est jamais loin lorsqu’on divise l’humanité en catégories ou en communautés. L’humanisme de Simone Veil était un universalisme laïque au service de l’égalité absolue entre toutes les femmes et tous les hommes quelles que soient leur couleur, leurs appartenances philosophiques, religieuses et politiques. Ce message est d’une étonnante actualité, d’une authentique jeunesse.

Au moment où notre société s’interroge sur les moyens de moraliser et de démocratiser la vie politique, où la paix civile est menacée par la montée des revendications communautaristes et des identitarismes xénophobes, où l’Europe semble avoir oublié le message de paix, de liberté et de progrès que portait la génération de ceux qui avaient connu les affres des deux guerres mondiales, le plus bel hommage, et surtout le plus sincère, qu’on puisse rendre à cette grande dame, c’est de poursuivre ce qui fut le combat d’une vie au service de la citoyenneté et des principes républicains.



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