2 octobre 2020
Il faut savoir « donner du temps au temps » aimait à dire le président Mitterrand. Son lointain successeur, Emmanuel Macron, aurait-il fait sien cet adage ? Après de longs mois où sa doctrine en la matière semblait se chercher, le président de la République a prononcé ce lundi 2 octobre 2020, un discours important. Sans préjuger de ce que sera le projet de loi annoncé ce jour, plusieurs propositions vont dans le bon sens.
Le Comité Laïcité République, association indépendante née en 1989, en réaction aux atermoiements des responsables politiques de l’époque – de la gauche alors au pouvoir et d’une droite quasi muette – devant la première affaire médiatisée d’intrusion de pratiques islamistes dans un collège de l’Oise [1], se félicite, dans l’ensemble, du propos présidentiel et de l’essentiel des mesures annoncées.
Au premier rang de ces mesures, celles qui concernent l’école, tant il est vrai que cette institution, au cœur de la vie de tout un chacun et du pays tout entier, nous est un trésor commun qui doit requérir notre attention collective. La République en effet a fait l’école, l’école a fait la République. Et vouloir simplement que l’école se réalise au quotidien dans l’école même, en limitant strictement le recours à l’instruction à domicile qu’on a vu se développer de manière exponentielle ces dernières années, est une très bonne chose. Le contrôle des écoles privées hors-contrat doit en effet être renforcé et si possible être conjointement mené par les corps d’inspection de l’Éducation nationale, des affaires sociales et de la police. La suppression des cours de langues et cultures d’origine, si contraires, dans leur esprit même, au projet intégrateur de la République et de son école, va également dans le bon sens.
Le CLR approuve aussi l’extension de la neutralité religieuse aux salariés des entreprises en délégation de service public et l’obligation faite à toutes les associations sollicitant une subvention publique, de signer une "charte de la laïcité".
Le CLR regrette toutefois que l’obligation de neutralité n’aie pas été étendue aux parents d’élèves participant occasionnellement à l’encadrement de classes en sortie scolaire. Si cela est déjà bien le cas pour les activités se déroulant à l’intérieur des locaux scolaires, il est incompréhensible que cela ne concerne pas les mêmes activités scolaires menées, certes hors l’enceinte de l’école, mais sur temps scolaire, sous la responsabilité des professeurs et en lien avec les programmes d’enseignement. Entre une activité scolaire réalisée dans la classe et une autre organisée hors de ses murs par l’école elle-même, sans doute y a-t-il une différence de degré mais certainement pas de nature. Et c’est bien cela, précisément, qui justifierait le respect du principe de laïcité, « notre affaire à tous et le ciment de la France unie » par ces collaborateurs occasionnels du service public d’éducation.
Le CLR a, depuis de longues années, souhaité que les subventions aux associations soient soumises à un strict contrôle du respect de la laïcité et des principes républicains. A cette fin, il a depuis longtemps proposé que l’article 2 de la loi de 1905 soit intégré à la constitution, protégeant de la sorte les pouvoirs locaux de lobbies communautaristes.
Si le Président de la République a eu raison de mettre en garde contre l’amalgame que certains, à l’extrême droite notamment, sont toujours tentés de faire entre musulmans et islamistes –« trop facile » a-t-il souligné – encore conviendrait-il de désigner aussi cet amalgame symétrique qui voudrait faire passer certaines manifestations de radicalisation politico-religieuse pour des expressions ordinaires et sans arrière-pensée du culte musulman. Sans doute reste-t-il encore du chemin à faire pour en finir réellement avec « l’angélisme et la naïveté » mentionnés, à raison, par le président de la République.
Enfin, il restera aussi à s’assurer que les moyens suivront bien les intentions, notamment en matière de formation de l’ensemble des personnels et des institutions concernés.
Sur tous ces points en effet, le CLR espère que les actes suivront. Et que sera confirmé l’engagement de ne pas contrevenir à la loi de 1905 qui stipule que l’État ne finance aucun culte. L’organisation de l’islam de France ne saurait entraîner le financement de la formation des imams par de l’argent public. Pas plus qu’il ne pourrait être l’occasion pour la République de se mêler de théologie. Pour sa part, le CLR se montre prêt à apporter son concours à la volonté exprimée aujourd’hui d’un « réveil républicain » dans l’objectif de « renforcer la laïcité et consolider les principes de la République ».
Le Comité Laïcité République,
le 2 octobre 2020.
[1] Voir Foulard islamique : « Profs, ne capitulons pas ! » (Le Nouvel Observateur, 2 nov. 89) (note du CLR).
Voir aussi VIDEO Macron : "Ce à quoi nous devons nous attaquer, c’est le séparatisme islamiste" (2 oct. 20), dans la Revue de presse la rubrique Loi "Principes de la République" (2020-21), les communiqués Laïcité : Macron fait un pas dans la bonne direction (CLR, 26 av. 19), Loi de 1905 : le Comité Laïcité République note avec satisfaction l’évolution du président (CLR, 20 mars 19) (note du CLR).
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