Revue de presse

« Imaginer que modifier l’orthographe va empêcher un salopard de battre sa femme, c’est un délire d’intellectuels ! » (lefigaro.fr/vox , 23 nov. 18)

Jean Szlamowicz, linguiste, professeur des universités ; Xavier-Laurent Salvador, linguiste et professeur agrégé de Lettres modernes. 23 novembre 2018

[Les articles de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

Jean Szlamowicz, Xavier-Laurent Salvador, Le Sexe et la langue, éd. intervalles, 192 pages, 14 €.

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"[...] L’usage du masculin générique (dire le candidat, par exemple et non le.la candidat.e) qui gêne tant les militants n’est un problème que parce qu’on appelle ces formes « masculines ». Dans la réalité sémantique et grammaticale, ces formes sont des neutres (qui s’appliquent aux femmes comme aux hommes) : il se trouve que la forme qui s’applique aux hommes est identique, alors que les femmes ont une forme exclusive. En discours, on sait si on parle d’un homme (on a un nouveau un candidat sur le poste), d’une femme (on a retenu la première candidate) ou d’aucun en particulier (le candidat se présentera à l’heure précisée sur sa convocation). On pourrait tout aussi bien dire l’inverse du discours militants : c’est la femme qui est « visibilisée » par ce système tandis que la forme masculine est toujours susceptible d’être « fusionnée » à des représentants du sexe féminin… Ce ne sont que des interprétations anthropomorphiques : les systèmes de signes fonctionnent sans se soucier de représentativité. [...]

À partir du moment où l’écriture inclusive deviendrait une exigence administrative et morale, il s’agirait d’une tentative d’imposer une norme aux individus. C’est aussi une rupture du pacte de neutralité : l’entrisme de l’écriture inclusive transforme les rapports épistolaires car, selon les milieux professionnels, la moindre correspondance est déjà marquée par ce clivage où chacun repère désormais des adversaires en surveillant leurs usages graphiques. Forcément, il y a des phénomènes de suivisme, d’obéissance, d’embrigadement, d’alignement sur les supérieurs, etc. La tentation de l’imposer par la loi franchirait une ligne décisive dans le contrôle des façons de s’exprimer. On sent pointer la possibilité de sanctions : c’est une pratique répressive qui veut forcer chacun à s’aligner sur une pensée.

Mais l’écriture inclusive est impraticable, hormis dans un nombre de cas très limités. Elle se signale rapidement par son ridicule et ses contradictions. À cet égard, elle ne peut pas se développer. Vous imaginez un roman en écriture inclusive ? Ce serait illisible ! L’écriture inclusive est une lubie qui se prend au sérieux, mais effectivement, il vaut mieux s’en moquer. [...]"

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Voir aussi la rubrique Ecriture "inclusive" (note du CLR).


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