Revue de presse

"Pourquoi Péan et Cohen sont inaudibles sur Le Pen" (sudouest.fr , 17 fév. 13)

19 février 2013

"[...] « L’objectif véritable de ce livre est de réhabiliter Le Pen […]. Une précision indispensable à nos lecteurs : l’un des deux auteurs, Philippe Cohen, est journaliste à "Marianne" », écrivait ainsi Maurice Szafran le 24 novembre.

Une déclaration de guerre qui s’est soldée par deux mois de tensions internes. Et un départ qui laisse des traces. Philippe Cohen avait été associé depuis l’origine à l’aventure entreprise par Jean-François Kahn, créateur de « L’Événement du jeudi », puis de « Marianne ». Je ne quitte pas ce journal l’âme légère, a fait savoir Philippe Cohen au moment de tourner les talons via un communiqué distribué dans la rédaction. […] Je ne me souviens pas d’un équivalent dans l’histoire de la presse, pourtant riche en conflits internes. »

Cohen et Péan se sont-ils fourvoyés en réduisant le lepénisme à une petite entreprise politique familiale ayant prospéré sur la lâcheté générale et l’instrumentalisation du reste de la classe politique française ? Et en minimisant du coup son contenu idéologique.

« Marianne » n’a pas été le seul journal d’information à le penser. Moins violemment, il est vrai, que Maurice Szafran, « Le Nouvel Observateur » et « Libération » ont également estimé Le Pen « blanchi » par cette biographie. « Le Canard », furieux de voir ses révélations sur Le Pen tortionnaire en Algérie remises en cause, s’est étouffé de rage.

« Le Monde » a plutôt fait l’impasse sur le bouquin. Comme l’ensemble de la classe politique. Le reste des médias a choisi généralement d’en rendre compte non plus sur le fond mais sur la polémique ouverte à son propos. De son côté, Jean-Marie Le Pen a porté plainte, mécontent d’être ramené au statut de boutiquier de la politique.

« Cohen est un des fondateurs de "Marianne". Ce qui s’est passé est une première dans la presse française », estime Jean-François Kahn, de sa retraite. « Pour tout dire, cette enquête sur Le Pen a, selon moi, été une perte de temps, continue-t-il. Mais il s’agit quand même au final du livre le plus effroyable jamais écrit sur lui. Il en sort lessivé, il n’en reste rien, pas même les vieux thèmes au nom desquels la gauche partait en guerre contre lui. Le procès contre le livre de Péan et Cohen est le fruit d’un contresens. La gauche, qui a abandonné depuis longtemps toute ambition, a besoin de Le Pen comme faire-valoir. En désossant Le Pen, Péan et Cohen laissent tout le monde à nu. De la part de Maurice Szafran, c’est différent. Entre lui et Cohen, le désaccord idéologique est ancien. Szafran a toujours pensé que le souverainisme de Cohen l’emmènerait un jour du côté obscur de la force. Il a cru que c’était fait avec ce livre. Il a eu tort. »

[...] L’intellectuel Marcel Gauchet, rédacteur en chef de la revue « Le Débat », a pour sa part lu le livre. Et trouve très instructive la polémique qui en découle : « Elle est symptomatique de la dégénérescence de la presse française. La critique de Maurice Szafran est un cours de morale. Ce n’est pas une réponse sur des faits. Les journalistes ont peur du monde dans lequel ils vivent. Car il y a tout de même un petit mystère dans l’ancrage et la durée de l’implantation du Front national, n’est-ce pas ? Or, ce livre éclaire bien l’écosystème grâce auquel ce mystère a pu se produire. En cela, il s’agit d’une contribution indispensable à ce qu’est le Front national. Jean-Marie Le Pen est un rejeton du système, un insider. Sa connivence avec le reste de la classe politique française est le sujet du livre. Voilà le scandale qu’il soulève. Or il provoque un silence général. » [...]"

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