Revue de presse

"Pour les musulmans de France, la Palestine, cause de référence" (La Croix, 23 oct. 23)

(La Croix, 23 oct. 23) 23 octobre 2023

[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"Enquête La cause palestinienne bénéficie d’une aura indéniable parmi les musulmans de France, et notamment les jeunes. Ce soutien repose sur l’identification avec un peuple victime d’injustice, mais aussi sur une solidarité religieuse.

Marguerite de Lasa

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Lire "Guerre Israël-Hamas : la Palestine, marqueur identitaire des musulmans de France".

Une solidarité unanime. Devant la Grande Mosquée de Paris, vendredi 13 octobre, les musulmans croisés par La Croix témoignent tous de leur soutien aux Palestiniens, dans la guerre déclarée entre Israël et le Hamas. « Dans l’islam, tous les musulmans sont frères et sœurs. Si on touche à un musulman, c’est comme si on touchait à un membre de votre famille », explique une jeune fille de 20 ans pour justifier sa sensibilité à la cause palestinienne, tout en affirmant « bannir les actes du Hamas, et ceux de l’armée israélienne qui tue des civils ».

« Si un être humain quel qu’il soit est tué, on est indigné, renchérit Amine, la vingtaine. Mais si en plus on partage sa religion, on se dit qu’on pourrait être à sa place. » L’étudiant avoue aussi être exaspéré par ce qu’il perçoit comme « l’hypocrisie mondiale » : « Que les gens s’indignent de l’attaque du Hamas, c’est logique. Mais quand il y a des morts palestiniens, on n’en parle pas. » [...]

Pour le chercheur, la question palestinienne fonctionne ainsi chez les jeunes musulmans comme une « cause miroir » : « Ils peuvent avoir le sentiment de partager une sorte de communauté de destin entre ce qu’ils vivent en tant que jeunes issus de l’immigration vivant en France, avec le sentiment d’être victimes de discrimination, et ce que vivent les Palestiniens, comme si ces deux situations de domination se faisaient écho, analyse-t-il. À défaut de se reconnaître dans la société, certains vont se trouver une cause en creux, celle de la Palestine. » [...]

Pourtant, ce soutien aux Palestiniens, présent dans la jeunesse, n’est traditionnellement pas relayé par les grandes fédérations musulmanes, à l’exception de Musulmans de France (anciennement UOIF, proche des Frères musulmans). « Elles se tiennent à distance de cette cause parce qu’elles craignent de se mettre en porte-à-faux vis-à-vis des pouvoirs publics, interprète Franck Frégosi. Toute prise de position trop évidente pour la cause palestinienne pourrait être assimilée à une caution donnée aux organisations violentes comme le Hamas. »

Depuis l’attaque du 7 octobre, les responsables musulmans ont condamné les violences du Hamas, appelé à ne pas donner une dimension religieuse à la violence et à ne pas importer le conflit en France. Dans les colonnes du quotidien Le Parisien le 13 octobre, Tareq Oubrou, grand imam de Bordeaux mettait d’ailleurs en garde contre toute identification entre musulmans et les organisations violentes : « Le Hamas, ce n’est pas la Palestine, ni les musulmans, ni même d’ailleurs les Arabes ! Il faut absolument combattre ce raccourci », insistait-il. Il semblait également craindre que l’interdiction des manifestations pro-Palestine n’alimente chez les musulmans le sentiment de vivre la même injustice ici et là-bas.

Au Proche-Orient, l’islamisation progressive de cette cause – à l’origine très politique – par des organisations comme le Hamas a pu également renforcer la dimension religieuse de la solidarité. Aujourd’hui, beaucoup de jeunes croyants invoquent ainsi le lien entre croyants musulmans tout autour du globe pour justifier leur sensibilité à la cause palestinienne, sans toutefois tenir compte du fait que tous les Palestiniens ne sont pas musulmans. [...]"


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