Revue de presse

"Médias anglo-saxons : le terrorisme islamiste n’a jamais existé" (Charlie Hebdo, 28 oct. 20)

2 novembre 2020

[Les articles de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

Inna Shevchenko

« La police française tire et tue un homme après une attaque meurtrière au couteau dans la rue » : c’est avec ce titre que le New York Times a fait état de la décapitation de Samuel Paty, assassiné par un islamiste pour avoir donné un cours sur la liberté d’expression. Après une vague d’indignation sur les ­réseaux sociaux, le quotidien américain « de référence » a modifié son titre, tout en continuant à mettre l’accent sur l’action de la police : « La police française abat l’homme qui a décapité un professeur dans la rue ». Visiblement tiraillé entre sa tendance obsessionnelle au « politiquement correct » et le devoir de rapporter les faits, le journal a finalement changé une troisième fois son titre pour : « Un homme décapite un enseignant dans la rue en France et est abattu par la police ». Il aura fallu du temps, mais ils y seront arrivés.

Dans ses articles sur l’assassinat de Samuel Paty, le New York Times n’a cependant pas hésité à souligner que « des questions sont soulevées quant à l’utilisation par M. Paty des caricatures de Mahomet en classe », citant des « experts » qui affirment qu’il est difficile d’utiliser ces caricatures à des fins éducatives.

Le Washington Post a lui aussi cherché à expliquer cet assassinat par les fautes du professeur, soulignant que « la ­décision de Paty de montrer ces dessins à des adolescents a fait sourciller »… D’autres choses peuvent faire sourciller. Par exemple le fait que la devise du Washington Post est toujours « La démocratie meurt dans l’obscurité ». D’évidence, nos confrères s’habituent bien à la pénombre.

Autre média de gauche américain de premier plan, NBC News a choisi de couvrir l’attaque terroriste de Conflans-Sainte-Honorine sur l’air de « il l’a bien cherché » : « Un professeur français décapité avait été averti de ne pas montrer des images du prophète Mahomet avant une « attaque islamiste » » – notez les guillemets qui encadrent soigneusement les mots « attaque islamiste ». Sur le même ton, d’autres médias anglo-saxons ne mentionnent que rarement le terme « islamisme » dans leurs comptes rendus, et quand ils le font, c’est généralement aussi avec des guillemets, comme une mise en doute de la pertinence du terme.

Les médias anglo-saxons se sont donc majoritairement refusés à voir l’assassinat du professeur français comme un acte de terrorisme religieux. En revanche, ils ont largement insisté sur l’« islamophobie » et les « insultes à la religion » – qu’ils mettent sur le même plan –, comme seules explications vraisemblables à ces actes de violence. Pour ces ardents défenseurs des politiques communautaires et identitaires, le problème vient avant tout de la laïcité française, qui autorise le blasphème : « La représentation du prophète Mahomet peut offenser gravement les musulmans »  ; « La décapitation du professeur creuse les divisions sur l’identité laïque de la France »  ; « Un nombre croissant de personnes pensent que les lois françaises sur la laïcité et la liberté d’expression doivent changer », affirment ainsi les « experts » de la BBC à propos de la situation dans l’Hexagone. Le Washington Post, lui, va droit au but et suggère que la laïcité française « favorise l’islamophobie ».

La ligne éditoriale de ces grands médias sur ces sujets est aujourd’hui à peine différente de celle des plateformes d’information religieuse au prosélytisme affiché qui plaident ouvertement en faveur du mode de vie islamique en Europe. Par exemple, le site d’information musulman britannique ­5Pillars, qui, à la suite de l’assassinat de Samuel Paty, a insisté sur l’incompatibilité des principes laïques avec les musulmans français. Dans un ­article intitulé « Mais non, Monsieur Macron  ! Le problème est la laïcité et l’islam peut être la solution », le magazine numérique affirme que la laïcité française est « l’affirmation de la suprématie d’un ensemble distinct de croyances et de valeurs libérales ». Et son rédacteur en chef appelle le gouvernement français à fermer Charlie Hebdo, car « la liberté d’expression ne vaut pas une guerre civile ». En clair : obéissez, sinon…"

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