Revue de presse

"Lire des contes LGBTQI+ aux écoliers : une démarche militante contre-productive" (A. Shalmani, L’Express, 29 juin 23)

(A. Shalmani, L’Express, 29 juin 23). Abnousse Shalmani, écrivain et journaliste. 2 juillet 2023

[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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"Que des drag-queens fassent la lecture, même à des tout-petits, à première vue, ce n’est pas dérangeant : le théâtre est un jeu de déguisement. Du temps de Shakespeare, comme aujourd’hui au Japon, des acteurs jouent les personnages féminins. Les enfants sont tout à fait capables d’en saisir le concept. Je m’apprêtais donc à ne pas être choquée… quand j’ai découvert que les lectures proposées étaient orientées idéologiquement. Que des drag-queens lisent des contes de fées, Harry Potter, Cendrillon ou Le Petit Chaperon rouge, à la bonne heure ! Mais pas des "contes LGBTQI+" destinés "à casser les normes de genre et à remettre en cause l’hétéronormativité des familles pour faire réfléchir les enfants", comme l’explique doctement la drag-queen Bergamote Lips au Figaro. A quoi servent ces lectures idéologisées ? Que signifie "faire la promotion de l’homosexualité" ? De la transsexualité ? L’homosexualité serait-elle un choix ? Mais si c’est un choix, on peut donc en changer. Voilà qui apporte de l’eau au moulin des savants fous de la reconversion.

Quand l’homosexualité était passible de la prison en Occident, les homosexuels vivaient leur sexualité malgré le risque. Aujourd’hui qu’elle est condamnée jusqu’à la peine de mort dans l’immense majorité des pays arabo-musulmans, elle n’y a pas disparu pour autant. Les homosexuels se cachent, vivent un enfer dans la peur de la dénonciation et de la mort, mais rien, aucune lecture, aucune condamnation à travers les textes religieux, les politiciens, les militants, aucun tabassage ne peut les faire aborder de force les rives de l’hétéronormativité. Le contraire est tout aussi impossible. Et c’est heureux.

L’homme est une montagne de préjugés qui voit le monde à travers des œillères élaborées par une éducation, un environnement, une volonté normative jusqu’au jour où il côtoie pour de vrai ce qu’il méconnaissait et ouvre les yeux sur la réalité. Pour que des enfants qui deviendront des adultes - il est bon de rappeler parfois l’ordre des choses qui tend malencontreusement à se perdre en ces temps déconstructivistes - s’allègent de préjugés homophobes et autres, il est suffisant qu’ils fréquentent ce qui inspire méfiance ou rejet. Il n’est pas nécessaire, enfant ou adulte, de se voir asséner l’abécédaire de l’horrible hétérosexualité et de la joyeuse homosexualité, cela pourrait même s’avérer contre-productif, au vu des nombreuses protestations de parents d’élèves qui refusent ces lectures et autres cours d’éducation à la tolérance.

Charabia commercial

Depuis que l’éducation sexuelle est entrée dans les écoles par la circulaire du 23 juillet 1973, l’épineuse question de la sexualité expliquée aux écoliers a logiquement suivi les évolutions sociales. Aujourd’hui, elle se confond de plus en plus avec une éducation à la sexualité LGBT, à la "promotion" de la transsexualité - comme à l’Ecole alsacienne, où une association militante a refusé tout débat sur la possibilité biologique d’un homme d’être enceint, et a renvoyé les élèves et leurs doutes légitimes à de la transphobie. Il faudrait commencer par interdire l’enceinte des écoles à toute association militante pour l’ouvrir toute grande aux sexologues et aux médecins, voire à des personnalités publiques dont le coming out a pu être source de conflits, d’insultes, etc., et ce particulièrement dans le monde sportif.

Cela nous éviterait peut-être des polémiques kafkaïennes (avec moult versions des faits) comme à Lyon, où la mairie s’est vu reprocher une subvention accordée au duo d’artistes écosexuels Lundy Grandpré. La création de ce duo, Petit manuel indocile d’introduction à l’écosexualité, consistait en une danse dans un jardin afin de rendre "hommage aux godes, liens subversifs entre le public et le privé, l’intime et le politique. Un jardin où l’on baise avec des plantes et partage des tisanes" (lesquelles sont vendues sur place ou sur le site du duo, il ne s’agirait pas de perdre le sens du commerce au milieu de rosiers baiseurs).

L’opposition s’est inquiétée de la présence d’enfants devant ce "spectacle" naturel ; les soutiens, eux, ont argué que les enfants présents étant ceux de parents consentants, etc. Je ne sais pas si "un jardin où l’on éveille son corps aux joies de la pratique et de la pensée écosexuelles" rendra les enfants moins réceptifs aux préjugés, mais il est certain que ce charabia commercial ne fera pas avancer d’un iota la lutte contre les discriminations et augmentera les craintes des parents de voir leurs bambins déboussolés par tant de mystères dignes de la pythie de Delphes."


Voir aussi dans la Revue de presse les dossiers Ecole : homoxexualité dans Ecole : programmes dans Ecole ; Homoxexuels dans Discriminations ; Transgenres dans Femmes-hommes (note du CLR).


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