(Le Point, 26 oct. 23) 31 octobre 2023
[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
"La situation au Proche-Orient pèse sur l’ambiance des campus, où des collectifs et des organisations étudiantes mènent une guerre idéologique.
Par Nora Bussigny
Lire "Guerre Israël-Hamas : l’obsession palestinienne des facs françaises".
[...] Saccage d’hommages aux victimes israéliennes, incitation à la participation à des manifestations de soutien à Palestine interdites, apologie à peine dissimulée du terrorisme… de nombreux collectifs et organisations étudiantes semblent avoir renoncé à tout discernement sur la question.
Omri Ram, étudiant israélien qui avait fait son année d’échange à Sciences Po Paris, a été assassiné lors des attaques du Hamas sur le festival israélien. Le directeur de Sciences Po, Mathias Vicherat, a tenu à lui rendre hommage sur le campus, mais des étudiants ont vandalisé les affiches qui lui étaient dédiées. « Une étudiante de l’asso Solidaires étudiant-e-s a tenté de recouvrir les affiches d’hommage à Omri Ram avec des tracts pro-Palestine. Les échanges ont été très durs », raconte, effaré, un étudiant qui s’est interposé. [...]
Le lundi 9 octobre, Stéphane Bikialo, nouveau doyen de l’UFR de lettres et langues de l’université de Poitiers, adressait un courriel aux étudiants et professeurs pour leur proposer une « réunion d’information et d’échange sur les derniers événements survenus en Israël et Palestine ». Initiative louable au premier abord, mais qui devient préoccupante au regard de l’intégralité du courriel que Le Point a pu consulter : « La contre-offensive israélienne à la suite de l’attaque du Hamas a fait plus de 400 mort.es palestinien.nes et plusieurs milliers de blessé.es. Le Hamas avec l’opération Déluge d’Al-Aqsa a revendiqué l’envoi de milliers de missiles sur des positions israéliennes, la reprise de terres colonisées autour de la bande de Gaza et la prise en otage de soldats et civils israéliens. Chacun·e doit pouvoir comprendre les enjeux de la colonisation par Israël, l’histoire de la résistance palestinienne et le rôle que la diplomatie française doit avoir pour qu’enfin nous puissions voir une paix durable en Palestine. » C’est pour « sortir du temps médiatique un instant » et mieux comprendre « le contexte historique et politique qui a mené aux derniers événements » que l’universitaire organise cette réunion. On devine sans peine l’orientation des débats.
Accusations. Pour Xavier-Laurent Salvador, fondateur de l’Observatoire du décolonialisme et des idéologies identitaires, il existe un vrai refus de la part des doyens d’université française à employer les termes « terrorisme » ou « islamisme ». Il s’inquiète du silence défiant qui règne chez les étudiants. « Le conflit israélo-palestinien ne doit pas devenir un tabou. Nous ne devons pas avoir peur de nos étudiants et nous devons assumer le débat pour éviter que la situation ne s’aggrave. Je suis abasourdi de constater que les associations de professeurs d’histoire ne publient aucun communiqué. C’est tout de même leur rôle », s’agace-t-il. Pour Nathalie Heinich, sociologue au CNRS et autrice de Le Wokisme est-il un totalitarisme ? (Albin Michel), les militants utilisent les accusations d’« islamophobie », de « colonialisme » ou d’« extrême droite » pour interdire aux autres étudiants de dénoncer les attaques du Hamas en Israël. « Il y a une réactivation de tendances radicales plus ou moins latentes, et de tactiques rhétoriques qui renvoient sans cesse à la droite ou à l’extrême droite. » Meilleur moyen connu de se débarrasser d’interlocuteurs qui ont une peur panique d’être dans le mauvais camp… "
Voir aussi dans la Revue de presse les dossiers Censures à l’université, Sciences Po Paris, Lyon II, dans Enseignement supérieur, Guerre Hamas-Israël (2023-24) dans Palestine dans Israël,
l’édito du président Le retour de la barbarie et des pogroms ? (G. Abergel) (note de la rédaction CLR).
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