Revue de presse

K. Daoud : "Comment « guérir » de l’abaya ?" (Le Point, 31 août 23)

(Le Point, 31 août 23). Kamel Daoud, écrivain, Prix international de la Laïcité 2020. 4 septembre 2023

[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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Lire "Comment « guérir » de l’abaya ?"

"Porte-t-on l’abaya ou le qamis (tenue fétiche des islamistes, inventée selon le code vestimentaire supposé du Prophète) en Algérie, en Tunisie ou au Maroc ? L’Algérie, traumatisée par la décennie de la guerre civile (1990-2000) entre les islamistes et le régime (200 000 morts officiellement) l’interdit, malgré les poussées de propagandes intégristes. Et ce n’est ni un débat, ni un affrontement entre identités, ni une islamophobie française récurrente. Pour que la « chose » devienne ainsi un déclencheur de conflit et un faux débat fiévreux, il faut y ajouter l’histoire de la France, la laïcité, ses cendres et ses terroristes, ses héros et ses tueurs, la mémoire coloniale, les banlieues et les refus de s’intégrer ou d’obtempérer. [...]

Pourquoi envoie-t-on ses enfants à l’école ? Pour apprendre, lire, maîtriser les savoirs. On ne les y mandate pas (en principe) pour parader en mannequins de l’identité fantasmée. Il est étrange d’ailleurs de voir les enfants de la France, lointains Maghrébins d’origine, s’accoutrer de ces tenues en France et se promener, les étés, en tenues sexy en Algérie. Comme s’ils étaient encore perdus entre le manque de langage et l’excès de signes. Et donc si le but est le savoir, s’attarder sur ces représentations de l’identité n’est pas nécessaire. À l’école, on apprend, on ne défile pas. Et il y a lieu de rappeler la différence entre l’idéologie en parade et la pédagogie en déficit de défenseurs engagés. [...]

Est-ce qu’on bannit les musulmans en leur interdisant l’abaya et le qamis ? Non. Les ancêtres sublimés ne portaient pas de qamis ou d’abaya. Ce ne sont pas là des tenues d’ancêtres, mais celles de manipulateurs expérimentés et de communautaristes ingénieux. Enfiler ces habillements inventés pour contourner les interdiction du voile à l’école, dans les espaces de l’apprentissage, est le signe que l’on refuse d’apprendre, que l’on se replie, que l’on conteste ce pays et son Histoire et – surtout – son futur. L’abaya n’est pas bannie, c’est elle qui bannit le pays qui y résiste dans la prudence. [...]"


Voir aussi dans la Revue de presse le dossier Voile, signes religieux à l’école dans Atteintes à la laïcité à l’école publique dans la rubrique Ecole (note de la rédaction CLR).


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