Revue de presse

J.-P. Sakoun : "Mila, Mennel, April… Le bréviaire de la haine" (lepoint.fr , 23 déc. 20)

Jean-Pierre Sakoun, président du Comité Laïcité République. 23 décembre 2020

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"En 1979, la révolution ultrareligieuse et conservatrice de l’Iran des ayatollahs, tant vantée par les pères de nos islamogauchistes, avait, entre autres, fait découvrir à la France incrédule la violence morale et physique exercée sur les femmes par l’islam radical : voilement forcé, minorité légale éternelle, contrôle des corps et des esprits. Ces manifestations violentes de l’obscurantisme, déjà, inquiétaient les laïques et les féministes.

Mais elles faisaient l’objet, de la part des communautaristes de tout poil, des différentialistes et des « excusistes », au mieux d’un silence gêné, au pire d’une défense affirmée au nom des « différences culturelles » et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, transmuté en droit des hommes à disposer des femmes. Ce joug religieux et patriarcal s’accompagnait – bien sûr, serait-on tenté d’écrire – d’une haine radicale des juifs.

Au même moment, les principautés du Golfe sous la bannière de l’Arabie saoudite déversaient leurs pétrodollars sur le reste du monde « ad majorem Wahab gloriam » et contribuaient à la régression intégriste de tous les pays musulmans et des communautés musulmanes du monde entier.

Quarante ans après ces inquiétants débuts, le bilan est effrayant, même dans notre pays. Comme dans le Pakistan fanatisé, des hordes de barbares haineux et violents, insultent, menacent et vont jusqu’à agresser, violenter, mutiler, assassiner, au pays des droits de l’Homme et du Citoyen, au pays des rapports d’égalité entre les hommes et les femmes, celles qui ne baissent pas la tête. Ces comportements sont évidemment démultipliés par le grand égout collecteur des réseaux sociaux, l’anonymat et l’impunité qu’ils ménagent, les effets de meute qu’ils suscitent.

Mila, pour avoir rejeté la drague obscène d’imbéciles, pour avoir affirmé sa liberté sexuelle, pour avoir en réponse à des messages de haine, dit ce qu’elle pensait de la religion qu’exhibaient comme un étendard ses agresseurs, est désormais à 18 ans, un paria. Comme Salman Rushdie, visé par une fatwa iranienne qui l’oblige à se cacher depuis trente ans, elle vit dans la crainte et sans horizon, sous la menace permanente d’un assassinat par le même genre de triste représentant de l’espèce humaine qui a égorgé et dépecé Samuel Paty. Mila que l’État tout entier ne peut protéger, et dont les persécuteurs fréquentent toujours le lycée dont elle a été exfiltrée.

Mennel, cette divine surprise des islamistes et de leurs idiots utiles, qui voyaient dans cette belle jeune femme enturbannée âgée de vingt ans, l’ambassadrice rayonnante et consentante de leur supériorité sur les femmes, a décidé de se libérer, probablement influencée par cet air de liberté qui flotte encore sur la France et les femmes de ce pays. Depuis, parce qu’elle a « trahi », pour s’être soustraite aux codes de la soumission et avoir préféré sa liberté au triste asservissement auquel elle se pliait, elle reçoit, à son tour, des tombereaux de menaces, d’injures et d’insultes venant des mêmes voyous qui veulent violer, torturer, tuer Mila.

April, quant à elle, a dévoilé ses origines dans un exercice obligé, comme toutes les autres candidates au titre de Miss France 2021. Elle s’est immédiatement trouvée en butte à la même marée nauséabonde, de haine aveugle et destructrice. Française avant tout, représentant la Provence, mais aussi un peu serbo-croate, italienne, israélienne, elle a prononcé le mot interdit. Nous savons lequel. Époustouflante de beauté, libre de son corps et juive, même un peu, c’en était trop. « Hitler n’a pas fini le travail ». Alors qu’elle était en tête du classement des personnalités et du public, son score s’effondrait du fait d’un vote massif pour son adversaire, accompagné là encore de toutes les insultes les plus ignobles, promettant viol, meurtre, démembrement, four crématoire.

Et tout cela, dans une quasi-impunité qui encourage les vomisseurs et les assassins en puissance. Certes, une justice impuissante finira bien, dans un an, ou deux, ou trois, par épingler quelques petites frappes qui auront droit à un rappel à la loi ou à des travaux d’intérêt général qu’ils n’accompliront même pas… Les politiques, malgré quelques ministres et élus sincères dont nous saluons le combat, auront bien vite troqué leur indignation pour la chasse au vote, quand ils ne se seront pas déshonorés, même des femmes et pas des moindres, en trouvant que Mila est allée trop loin, que les insultes contre Mennel ne sont que l’effet d’une déception et qu’April n’aurait pas dû se livrer à cet exercice si vulgaire de l’élection de Miss France… La plupart se tairont, par peur ou calcul électoraliste.

Voilà où en est notre pays, soumis à son tour à la violence morale et physique exercée sur les femmes par l’islam radical, à leur voilement forcé, à leur maintien dans une minorité éternelle, au contrôle de leurs corps et de leurs esprits. Et il se trouve des partis qui se disent de gauche, des militantes qui se disent féministes, pour ne rien dire, ou pire, pour justifier ces crimes contre la liberté des femmes.

Mila, Mennel, April, femmes de France, femmes libres, citoyennes, vous êtes notre étendard."

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