Revue de presse

"Enseignement catholique : en Haute-Garonne, des efforts de mixité" (La Croix, 25 mars 24)

26 mars 2024

[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"Analyse Les collèges catholiques de Haute-Garonne modulent la contribution des familles en fonction des revenus tandis que le conseil départemental mène une politique volontariste de mixité sociale. L’ouverture à tous est pourtant loin d’être simple.

Bernard Gorce

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Presque un sans-faute. Sur les 22 collèges de l’enseignement catholique de Haute-Garonne, 20 ont mis en place un système de contribution financière des familles différenciée selon le quotient familial et un autre s’apprête à le faire. Alors que ce principe d’une tarification sociale est encouragé au niveau national par l’enseignement catholique pour promouvoir l’ouverture à tous, la Haute-Garonne fait figure de bon élève. « Le message est qu’on ne refuse personne pour une question d’argent », explique le directeur diocésain, Laurent Maury.

Une contribution annuelle de 100 € à 2 015 €
La mesure est loin de n’être que symbolique. Ainsi, le collège Émilie-de-Rodat affiche une grille de 15 tranches. En fonction de leur revenu fiscal de référence, les parents paient une contribution annuelle de 100 € à 2 015 €. Olivier Vion est membre du conseil d’administration de l’établissement et président de l’Union départementale des organismes de gestion de l’enseignement catholique (Udogec). « Généraliser la modulation demande un peu de temps car il y a des freins psychologiques comme le fait de devoir demander la feuille d’impôt. Et techniquement ce n’est pas simple, explique le responsable. Revoir la grille tarifaire d’Émilie-de-Rodat, nous a demandé six mois de travail. »

En Haute-Garonne, la politique volontariste de mixité sociale du conseil départemental a joué un rôle d’accélérateur. En 2017 la direction diocésaine et le département ont adopté une convention commune. Six ans avant le protocole signé au niveau national par l’ancien ministre Pap Ndiaye avec le secrétariat général de l’enseignement catholique (Sgec), le document établissait les engagements respectifs des deux parties.

L’enseignement catholique prévoyait notamment de généraliser la contribution différenciée, tandis que le département mettait en place une modulation de la dotation de fonctionnement selon la composition sociale des établissements, publics comme privés. La part éducative de cette dotation (qui finance certaines dépenses pédagogiques) varie de 22 € à 70 € par élève et par an. Pour un établissement moyen de 500 élèves, le potentiel bonus n’est pas négligeable.

Le prix de la cantine
Ces mécanismes incitatifs peinent toutefois à produire des effets tangibles. Les collèges catholiques affichent des indices de position sociale (IPS) dans l’ensemble supérieurs à ceux du public, si bien que, selon le Conseil départemental, aucun n’a bénéficié d’un bonus de dotation en 2023. « On s’améliore mais, pour être honnête, très lentement », reconnaît Laurent Maury. « On a commencé à communiquer pour dire que le privé ce n’est pas si cher, témoigne Olivier Vion, mais il y a encore beaucoup à faire pour lever ce frein. »

Pour les responsables, l’ouverture sociale se heurte encore au prix de la cantine, qui reste un obstacle pour des familles modestes. La sociologie des centres-villes, où sont implantés historiquement les établissements catholiques, joue aussi un rôle. Sur la rive gauche de la Garonne, Émilie-de-Rodat était autrefois au cœur d’un quartier populaire avant d’être rattrapé par la gentrification.

Laurent Maury insiste par ailleurs sur les efforts en faveur de la diversité scolaire, que concrétisent l’ouverture d’unités d’accueil d’élèves en situation de handicap (Ulis) ou l’installation d’une école dans le quartier populaire des Izards.

L’esprit reste à la concertation. « La convention de 2017 nous a inscrits dans un cercle vertueux, il y a une motivation partagée de faire plus de mixité », assure le directeur diocésain. « Mes prédécesseurs avaient noué une relation de confiance mais on va devoir relancer le sujet car les résultats ne sont pas là », prévient le vice-président du département chargé de l’éducation, le socialiste Vincent Gibert. Si le principe de la liberté de choix des familles est « un acquis », le débat doit selon lui s’engager au niveau national sur « le fait que le fonctionnement du privé accentue les difficultés du public »."


Voir aussi tout le dossier La Croix : "L’école catholique, un modèle questionné" (mars 24) dans Ecole privée dans la rubrique Ecole (note de la rédaction CLR).


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