Revue de presse

"Démission de la présidente de Harvard : décryptage d’une polémique" (L’Express, 4 jan. 24)

(L’Express, 4 jan. 24). 10 janvier 2024

[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"Par Denys de Béchillon

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Comment les présidentes de trois grandes universités américaines ont-elles pu répondre comme elles l’ont fait à la question de savoir si un appel au génocide des juifs était forcément condamnable ? Leur désormais célèbre "tout dépend du contexte" - qui a amené à la démission, mardi 2 janvier, de la présidente de Harvard Claudine Gay - mérite le pilori, mais il appelle aussi à la réflexion. Ces femmes sont a priori intelligentes, sophistiquées ; l’une d’elles se revendique juive. Beaucoup de choses sont curieuses là-dedans, mais arrêtons-nous sur la facilité, la fluidité et l’harmonie avec lesquelles elles se sont ainsi vautrées.

On a révélé qu’un sérieux coaching avait précédé leur audition, mais il grossit le problème plus qu’il ne le résout. Si des experts – juristes ou communicants – leur ont conseillé de proférer ce genre d’âneries avec un tel succès, c’est qu’ils ont pensé bon de le faire et qu’elles n’ont pas jugé utile de leur opposer de résistance. [...]

Il est donc vraisemblable que nos trois présidentes cherchaient avant tout à combler les attentes de leurs établissements respectifs, où l’on est, en gros : 1) convaincu que rien ne compte plus que le respect dû aux sensibilités individuelles des élèves ; 2) disposé à penser que le jugement moral sur ce qu’ils disent (ou font) ne doit pas s’exercer dans l’ignorance des rapports de domination ; 3) "conscient" de ce que cette domination se fonde avant tout sur la couleur de peau, le genre perçu, les préférences sexuelles, mais aussi, désormais, l’appartenance au "Sud global" ; 4) persuadé que tout, effectivement, dépend du contexte, parce que les dominés définis de la sorte peuvent avoir des raisons (voire des droits) que les dominants n’ont pas. Dans le fond, ces dames ont joué le jeu auquel les destine leur position académique. [...]

Le pire – et le plus probable – serait qu’elles n’aient rien vu : que leur obsession de ne pas choquer leurs ressortissants ait suffi à leur faire perdre le sens commun ; que l’emprise de cette political correctness impensée et mécanique ait réussi à les couper de toute réalité. Beau thème de méditation et vrai sujet d’angoisse jusque dans nos contrées, aujourd’hui plus que jamais. Les esprits obnubilés – quel que soit le sujet de leur obnubilation – perdent toujours le nord en même temps que la boussole et la conscience du relatif. Ils s’effondrent en toute candeur, l’air grave. Ils se perdent, nous conduisent au gouffre, ingénument…"



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