Revue de presse

Cannes : "Le jour de gloire et le jour férié" (K. Daoud, Le Point, 1er juin 23)

(K. Daoud, Le Point, 1er juin 23). Kamel Daoud, écrivain, Prix international de la Laïcité 2020. 4 juin 2023

[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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Lire "Le jour de gloire et le jour férié".

"C’en est un peu lassant, un peu trop prévisible, sans nuance ni finesse, et d’ailleurs sans autre résultat que l’envie de zapper ou de nourrir secrètement son indifférence : les discours dits engagés politiquement des lauréats des grands festivals ou les interruptions de spectacle lors des rendez-vous du showbiz. Le parasitage systématique des militants a fini par dissoudre l’intérêt pour les « causes ». [...]

Cet embarras de l’esprit français qui résume le paradoxe de sa passion intense pour un pays juste, l’équité, la justice, mais « en même temps » (la formule apparaît collective et non présidentielle) pour la subvention, le « droit », l’assistanat. Cette requête, cette ambition d’être roi et le désir irrépressible de le décapiter comme une poupée d’enfance. Cette passion admirable pour la justice et pour le privilège, en même temps. Cette rancune contre l’inégalité et ce dégoût face à l’égalitarisme irrespectueux. En même temps. Cette envie de retraite et de révolution. Cet enthousiasme pour le jour de gloire et le jour férié. La formule que Macron a crue sienne constitue l’esprit français collectif, ou presque : le « en même temps » de tous, de chacun, de chaque heure. [...]

Peut-être est-ce là une définition de l’art (français) : réclamer la liberté absolue à l’ombre du mécénat invisible.

Si l’on n’ose pas de réponse à cette contradiction de l’esprit français, on en garde au moins l’art du bon spectacle. Mais il devient justement lassant. Car le « militantisme » a un penchant pour le statut de l’enfant unique de son pays qui agace un peu le reste de notre humanité sans prétention à l’héroïsme. Peut-être qu’on devrait un jour penser à inventer, avec mille précautions, une laïcité plus radicale : séparer l’art de la politique pour sauver l’un et l’autre."


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