Discours prononcés pour la commémoration des martyrs de la Commune de Paris (GODF, 1er mai 12, cimetière du Père Lachaise, Paris)

5 mai 2012

Guy Arcizet, Grand Maître du Grand Orient de France : "[...] Les temps qui viennent seront difficiles. Nous le savons, mais ne le craignons pas. Encore faut‐il que nous ayons, pour convaincre, force et clarté dans nos convictions.

Nous aurons dans la conception de la cité future que nous appelons de nos voeux et dont nous sommes les architectes une responsabilité construite dans le savoir et le pouvoir bâtis dans le parcours initiatique que nous faisons dans la loge. Nous ne pourrons plus nous contenter de cette carte de visite que l’on vient parfois chercher chez nous et qui serait selon certains une clé pour ouvrir certaines portes. [...]

Le Grand Orient, qui prône la « liberté absolue de conscience », admet que s’expriment en son sein des opinions diverses : l’ « humanisme de résistance » n’est l’exclusive ni de la gauche ni de la droite, ni des croyants ni des athées, ni même des Francs‐Maçons. Le Grand Orient préférera toujours l’action d’un non‐maçon républicain à celle d’un Frère ou d’une Soeur qui aurait trahi son serment. Et il ne mettra jamais la fraternité au‐dessus de la justice de la République quand certains des siens dévient de leur route.

L’humanisme de résistance sait la fragilité, la précarité, l’éphémérité de la vie humaine. Il sait qu’il faut apporter à cette vie, à toutes ces vies que nous parcourons ensemble, que nous écrivons ensemble, la possibilité d’un choix de son destin, mais aussi la sécurité qui n’est pas seulement physique ou
policière, mais aussi dans l’expression de nos idées et de nos croyances. La qualité de nos vies ne se mesure pas à la couleur de notre peau, à nos origines, à nos religions, à notre nationalité, à notre âge, mais à l’aulne d’une philosophie qui lui donne son sens. C’est ce que nous appelons la laïcité.

Pour cela il faut pouvoir bénéficier non de la richesse qu’apporterait le « gagner plus » mais d’un bien‐être où chacun peut aller chercher et trouver peut‐être selon son talent, son génie propre, le bonheur.

En 2012 les droits fondamentaux des humains sont plus que jamais en danger. Parfois déniés. Parfois absents ou oubliés. La solidarité sociale qui devrait les préserver s’efface derrière le "pragmatisme" économique, derrière aussi - nous maçons n’avons pas peur de le dire - derrière des appétits de pouvoir où les hommes sont tout prêts à pactiser avec les extrêmes.

Que l’on ne vienne pas maintenant nous dire la vertu, la légitimité républicaine, la cohérence politique de mouvements qui ont pourchassé, déporté, assassiné nos Frères et nos Soeurs.

Que l’on ne vienne pas nous reprocher, de dénoncer avec fermeté voire violence, ceux qui, il y a peu encore, dénonçaient eux le "complot judéo maçonnique".

Que l’on ne vienne pas dresser devant nos yeux ces écrans de fumée où les boucs émissaires sont les immigrés, les Roms, les musulmans, les assistés ou désignés comme tels, comme les Juifs en 1930.

En mai 2012 nous ne sommes plus dans un jeu politicien où le succès de tel ou tel candidat qui à nos sympathies ou nos suffrages pourrait nous apporter au soir du 6 mai la satisfaction d’une victoire sportive.

Ne laissons pas certains des nôtres, dans une dérive électoraliste passionnelle qui nie la raison, pactiser, se compromettre, et surtout peut être par leur silence, avec l’extrême droite. [...]"

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