Revue de presse

#balancetonporc : "Une espèce de justice expéditive où tout est confondu" (Sarah Chiche, franceculture.fr , 9 jan. 18)

11 janvier 2018

"Nouvel épisode dans les suites de #balancetonporc Un collectif de 100 femmes, dont Catherine Millet, Ingrid Caven et Catherine Deneuve, signe ce mardi dans Le Monde une tribune pour défendre "une liberté d’importuner, indispensable à la liberté sexuelle". Sarah Chiche l’a initiée, elle s’explique."

"[...] Ce qui a eu lieu à la suite de l’affaire Weinstein, cette prise de conscience des violences sexuelles exercées sur les femmes, était une prise de paroles tout à fait nécessaire et légitime. Le problème est que cette libération de la parole a entraîné tout un tas d’excès. On assiste au fond à une espèce de justice expéditive où tout est confondu dans un espèce d’amalgame. Nous sommes tout à fait d’accord pour dire que les violences sexuelles, les abus sexuels, relèvent du crime. Le viol est un crime. Mais la drague insistante ou maladroite n’est pas du tout un délit. Et la galanterie n’est pas une agression machiste non plus. Or, qu’a-t-on vu à la suite #metoo et de #balancetonporc ? On a vu des hommes dénoncés sur les réseaux sociaux, des hommes qui n’avaient eu pour seul tort que d’avoir été un peu insistants par textos ou lors d’une conversation internet, ou d’avoir tenté de voler un baiser, ou d’avoir touché un genou lors d’une soirée, au cours d’un déjeuner professionnel. Est-ce qu’il s’agit pour autant d’un crime ? Ce n’est pas un drame. Cela peut arriver au cours d’une vie. C’est un non-événement. Est-ce que ces gestes là ne font pas tout simplement partie du jeu social ? Jeu social que nous sommes tout à fait libres, je dis bien libres, en tant que femmes, d’accepter ou de refuser.

[...] Cela n’aide pas du tout les femmes à s’autonomiser. Cela sert les intérêts des ennemis de la liberté sexuelle : d’une part les extrémistes religieux, et de l’autre les réactionnaires qui estiment que les femmes sont des êtres à part, des êtres inférieures, et qu’il faut, au fond, les protéger. [...]

Plusieurs des signataires ne sont pas du tout ignorantes de ce qu’est la violence sexuelle, ou les attouchements subis dans l’enfance. Mais ce n’est pas parce que notre corps est atteint, que notre dignité est atteinte. Et ces accidents de la vie, si durs soient-ils, ne doivent pas pour autant faire de nous des victimes perpétuelles. [...]

Toutes les femmes ne sont pas dans cette démarche haineuse et castratrice, qui prend le visage d’une haine du genre masculin, et aussi d’une haine de la sexualité.

Nous sommes très inquiètes par ce retour à l’ordre moral. Cela se voit y compris dans les productions culturelles. Quand on regarde les films qui marchent aujourd’hui, ce sont de bons divertissements où l’on nous propose un bon moment de cinéma, ou alors les "feel good books", les livres qui font du bien. Derrière cette volonté d’aseptiser, avec des fins heureuses, où tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, il y quelque chose de très inquiétant et angoissant. [...]

On peut être féministe tout en aimant profondément les hommes. C’est peut-être une façon de proposer une forme de paix, plutôt qu’une guerre des sexes. Il y en a marre ! Cette guerre des sexes est en train de prendre un tour absolument absurde et hallucinatoire ! Que les femmes se battent pour l’égalité salariale, oui. Qu’elles dénoncent les violences sexuelles, oui absolument. Mais il ne faut pas tout confondre. [...]"

Voir "Une tribune de femmes face à une "guerre des sexes en train de prendre un tour absolument absurde et hallucinatoire"".



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