Revue de presse

"Un concept garant de la cohésion sociale détourné de ses objectifs" (L’Humanité, 1er fév. 13)

A propos de “Ils ont volé la laïcité”, de Patrick Kessel (éd. Gawsewitch-Balland). 3 février 2013

"La laïcité : un concept garant de la cohésion sociale de notre pays détourne de ses objectifs

[...] Le combat entre une religion qui n’a pas renoncé à peser sur la société et une République qui a arraché son indépendance s’est poursuivi au cours du siècle malgré la loi de séparation des Églises et de l’État en 1905. Mais l’auteur identifie un tournant majeur, négocié par Nicolas Sarkozy. D’abord en tant que ministre de l’Intérieur et des Cultes, puis comme président de la République, il n’a cessé de vouloir « adapter » le concept de laïcité, sous couvert de modernité.

« On théorise une "laïcité nouvelle" pour évidemment la substituer à l’autre qui serait devenue obsolète, archaïque. » Plaçant sa fidélité de chrétien au-dessus de son devoir républicain, l’ancien chef de l’État, sous la plume de sa conseillère - et ancienne cheftaine des traditionalistes Scouts unitaires de France - Emmanuelle Mignon, répond à la « laïcité saine » du pape Benoît XVI par sa « laïcité positive ». Un appauvrissement de son sens, avant un « toilettage » programmé que Sarkozy n’a jamais pu mettre en oeuvre.

Mais l’évident travail de délégitimation de la laïcité n’a pas débuté en 2002 avec l’arrivée de Nicolas Sarkozy place Beauvau, rappelle Patrick Kessel. Bien sûr, à l’exception notable de Jacques Chirac et Jean-Louis Debré, qui ont imposé l’interdiction des signes religieux à l’école, « la droite manipule », détaille-t-il dans un chapitre éponyme. Mais « la gauche tergiverse », poursuit-il. Voire capitule, serait-on parfois tenté de dire. Ainsi le « service public, unifié et laïque » de l’éducation nationale, inscrit dans les 110 propositions de Mitterrand, ne verra jamais le jour. En 1989, la première « affaire du voile » à l’école, mal gérée par Lionel Jospin, alors ministre de l’Éducation, ouvre une nouvelle brèche. On réfléchit à redéfinir le concept de laïcité pour intégrer l’islam. Or, « adapter la règle laïque » revient à accepter un retour dans le champ politique des communautés religieuses, explique l’auteur. Un écueil que François Hollande, qui a « levé un espoir » en annonçant l’inscription dans la Constitution de la loi de 1905 dans son discours du Bourget, devra éviter pour rendre toute sa force à un concept garant de la cohésion sociale de notre pays."



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