Revue de presse

"Un bâtard à Buckingham" (Riss, Charlie Hebdo, 14 sept. 22)

14 septembre 2022

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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"[...] Qu’a-t-elle pensé de la guerre de Corée, de la guerre du Vietnam, de la guerre d’Algérie, de l’apparition de la minijupe, de la ­pilule, de la libéralisation de l’avortement, de l’extrême droite, de l’islamisme, du rock’n’roll, du punk, du rap, du cannabis, de la coke, de la nouvelle vague, des boomers, des immigrés, des chômeurs, des femmes battues, des voitures électriques, de l’huile de palme dans le Nutella, des crèmes dépilatoires, des seins siliconés et de la liposuccion  ? Nous ne le saurons jamais. Avec elle, c’est non seulement son petit corps sec de femme en bout de course qu’on mettra en terre dans son royal cercueil, mais ce sont aussi ses convictions qui seront ensevelies, sans que jamais personne n’en connaisse aucune.

Était-elle une vieille réac acariâtre, une libertaire contrariée, une raciste refoulée, une indécrottable raconteuse de blagues ­cochonnes  ? Quand Salman Rushdie fut la cible de la fatwa de l’ayatollah Khomeyni, en 1989, le prince Charles n’avait rien eu de plus intelligent à dire que ça : Rushdie n’était pas un bon écrivain et la protection policière dont il bénéficiait coûtait cher au royaume. Dans la même veine, notre Chirac national avait déclaré qu’il n’avait « aucune estime pour lui ni pour les gens qui utilisent le blasphème pour se faire de l’argent, comme ce fumiste – je pèse mes mots – qui s’appelle ­Scorsese, l’auteur d’un navet, La Dernière Tentation du Christ. Quand on ­déchaîne l’irrationnel, il ne faut pas s’étonner de la suite des choses. Je ne réclame pas la censure, mais le viol des consciences est inadmissible ».

C’est pourtant au détour de cette affaire qu’on a pu entrevoir ce que pensait réellement Élisabeth II : en 2007, elle décida d’anoblir Rushdie, ce qui provoqua en Iran et au Pakistan quelques mani­festations d’hostilité. Une reine qui soutient un écrivain menacé de mort, cela n’arrive pas tous les jours, et mérite d’être rappelé. Si demain, d’autres écrivains, d’autres artistes sont menacés par des fanatiques de n’importe quelle religion, il n’est pas sûr du tout que le roi qui vient de lui succéder ait les capacités intellectuelles et morales de faire un geste aussi fort que celui de celle qui l’avait enfanté."

Lire "Un bâtard à Buckingham".


Voir aussi dans la Revue de presse le dossier D’Elizabeth II à Charles III dans Royaume-Uni (note du CLR).


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