Communiqué du Comité Laïcité République Touraine

Tours : des élus à la "bénédiction" de la ville, en violation de la neutralité de la République (CLR Touraine, 25 av. 20)

25 avril 2020

Le journal « La Nouvelle République » a publié en date du 19 et 20 avril deux articles relatant la cérémonie de bénédiction par l’archevêque de la Ville de Tours. Cette manifestation organisée à la basilique St Martin s’est tenue en présence d’une trentaine de participants dont, ès-qualités, le Maire de Tours, les Présidents de la Métropole et du Département. Le tout en ayant pris soin d’inviter la presse pour faire écho de ce qui était présenté comme un évènement privé !

La dernière fois qu’une telle bénédiction s’était déroulée à Tours, ce fut au sortir de la 2ème guerre mondiale, en novembre 1944. Notre actuel Président de la République ayant qualifié cette pandémie de "guerre" ces valeureux élus ont répondu comme un seul homme, à "l’appel" en se "mobilisant" sous la "bannière" de l’Eglise, oubliant au passage la neutralité à laquelle ils sont tenus en tant que représentants de la puissance publique, omettant allègrement l’application de la loi sur la Laïcité de 1905 stipulant que la République garantit la liberté de conscience et le libre exercice des cultes mais, ne reconnaît aucun culte.

Leur participation à cette cérémonie exclusivement religieuse, s’inscrit dans la longue liste des « accommodements » qui encouragent et participent de la banalisation du prosélytisme dont font preuve aujourd’hui nombre de religions dans la sphère publique, comme dans l’espace civil.

Faut-il s’étonner alors du fractionnement de notre société, lorsque de telles pratiques remettent en cause le principe même de : « République indivisible » énoncé dans la Constitution qui donne à tous les citoyens les mêmes devoirs et droits, sans distinction d’origine ou de religion.

En cette période de confinement sanitaire, décrété par les institutions de la République, on ne peut qu’être surpris du non-respect par une institution religieuse des consignes interdisant tout regroupement en nombre permettant de protéger la santé de leurs fidèles et par voie de conséquence de tous ceux qui les côtoient.

Les religions obéiraient-elles à d’autres lois que celles de la République ? Les lois de "dieux" sont-elles devenues dérogatoires à celles établies par et pour « les Hommes et les citoyens » ?

Plus grave encore, sur le parvis de la basilique, des fidèles avaient été appelés à se grouper pour recevoir la bénédiction de l’archevêque en personne, en violation complète des règles édictées par les pouvoirs publics qui sont censées être mises en œuvre par leurs plus hauts représentants.

Certains clament qu’en cette période éprouvante pour tous, il faut se montrer plus courtois et respectueux envers les croyants, oubliant que la République garantit déjà à égalité de traitement, le respect des convictions religieuses, philosophiques, politiques… de chaque citoyen. Les mêmes réclament aujourd’hui une plus grande tolérance ; en vérité plus de facilités pour agir selon leur volonté dans les domaines qui touchent à l’orientation et à l’organisation sociale et politique de la Nation !

Georges Clemenceau avait déjà répondu en son temps à ces mêmes arguties en déclarant : « Toute tolérance devient à la longue un droit acquis. » Quant à nos élus, ils seraient bien inspirés de suivre son exemple. Invité le 11 novembre 1918 par l’archevêque de Paris, au Te Deum prévu à Notre-Dame, en hommage à tous les morts de la guerre, il dissuada le Président de la République, Raymond Poincaré, de s’y rendre. Il déclara par un communiqué officiel « Suite à la loi sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat, le gouvernement n’assistera pas au Te Deum donné à Notre-Dame. Mmes Poincaré (femme du président de la République) et Deschanel (femme du président de la Chambre des députés) n’étant pas membres du gouvernement pourront par contre y assister. »

Après qu’un récent Président ait déclaré dans un discours à Latran qu’il fallait : « Placer le prêtre au-dessus de l’instituteur » le nouveau credo sera-t-il : « Placer les religions au-dessus des institutions de la République ? » Il est temps de clarifier la situation car « quand l’Etat se mêle de religion, la religion se mêle des affaires de l’Etat ».

Comité Laïcité République Touraine,
le 25 avril 2020.



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