Revue de presse

"Saint-Denis : des profs de lycée convoqués pour « ne pas avoir fait respecter la laïcité »" (leparisien.fr , 22 mars 21)

24 mars 2021

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"Une vingtaine d’enseignants du lycée Angela-Davis se sont mis en grève ce lundi pour soutenir des collègues qui se seraient vus reprocher de ne pas avoir demandé à des élèves de retirer leur voile en classe.

Par Anthony Lieures

Le courant passe de plus en plus mal entre les professeurs du lycée Angela-Davis, à Saint-Denis, et leur direction. Ce lundi, une vingtaine d’enseignants se sont mis en grève pour soutenir quatre de leurs collègues qui étaient convoqués dans l’après-midi au siège du rectorat à Créteil (Val-de-Marne).

D’après les grévistes, les quatre professeurs, tous syndiqués ou représentants du personnel, avaient fait l’objet ces derniers mois « de rapports disciplinaires établis par la direction de l’établissement ».

Pour diverses raisons : les deux premiers à l’automne, quelques jours après avoir participé à un mouvement de grève concernant l’application du protocole sanitaire dans l’établissement.

Deux autres l’ont été plus récemment pour un sujet encore plus sensible : la direction de l’établissement leur reproche de « ne pas avoir fait appliquer le respect de la laïcité », soit la loi de 2004 sur les signes religieux dans les écoles publiques.

Des faits qui remonteraient à janvier. Plusieurs élèves n’auraient pas retiré leur voile au sein de l’établissement, et l’auraient même porté, pour l’une, quelques instants en classe. Version que combattent les professeurs mobilisés.

« Il n’y a aucune tolérance des enseignants quant au non-respect de la loi de 2004, défend Marion Roche, représentante du personnel. Et d’ailleurs, nous n’avons pas de soucis particuliers avec les élèves à ce sujet. Dans l’un des cas, l’élève avait un bandeau et non pas un voile. Et c’est toute la problématique de cette loi qui est imprécise sur ce qui est considéré comme un signe religieux et ce qui ne l’est pas. »

« Mais quand ils sont confrontés à un cas, les collègues qui ont été convoqués demandent tout de suite aux élèves de retirer leur voile, observe par ailleurs Samuel, autre enseignant en grève. Même s’il peut y avoir un moment d’inattention, car cela peut tous nous arriver. Il y a parfois des élèves qui jouent avec la limite. »

Les grévistes ne comprennent pas comment de tels faits aient pu faire l’objet d’un rapport disciplinaire. « En dix ans dans l’Education nationale, j’ai vu cela une fois pour un collègue qui avait vraiment fait une très grosse bêtise, poursuit Samuel. Là, cela se produit quatre fois en quelques mois pour des faits qui ne le justifient pas. »

Les enseignants regrettent par ailleurs de ne pas être accompagnés par l’Education nationale sur ces questions de laïcité. Après l’assassinat de Samuel Paty, une formation avait été demandée sur le sujet, refusée par leur direction.

« Plusieurs collègues reconnaissent que l’application de la loi est compliquée, et notre rôle n’est d’ailleurs pas la sanction mais la discussion, rappelle Samuel. Et donc ce serait bien de recevoir des conseils, de discuter autour d’un modus operandi mais ce n’est pas le cas. »

Les enseignants mobilisés ce lundi reprochent aussi à leur direction de s’attaquer à des collègues syndiqués ou représentants du personnel « alors que le problème touche tout le monde. » « Et il y a beaucoup de cas de répression syndicale actuellement », note Marion Roche.

En décembre, des enseignants avaient notamment été sanctionnés à Bordeaux (Gironde) pour des faits survenus lors de grèves contre la réforme du baccalauréat. « Il y a eu des cas à Melle (NDLR : dans les Deux-Sèvres) mais aussi à Bobigny », où des enseignants en collège avaient subi des mutations forcées.

La question de la répression syndicale a été posée au proviseur. « Il nous a répondu que cela n’avait rien à voir, explique Samuel. Ce n’est évidemment pas dans les motifs de convocation, mais on se dit que cela ne tombe pas totalement au hasard. »

Les deux autres professeurs convoqués au rectorat l’ont été pour de tout autres raisons. L’un s’est vu reprocher d’avoir communiqué sur WhatsApp avec des élèves pour parler du protocole sanitaire, sans l’accord du proviseur, et donc de ne pas avoir respecté le règlement général sur la protection des données.

L’autre d’avoir collé une affiche dans l’établissement – ce qu’il dément formellement – concernant la décision du proviseur de condamner les toilettes pour des raisons sanitaires. En début de soirée, le rectorat de Créteil nous a indiqué qu’il ne « serait pas en mesure » de répondre à nos questions."

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