Culture

Régine, femme des années 80 (Th. Martin)

par Thierry Martin. 4 mai 2022

[Les échos "Culture" sont publiés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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L’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) a publié sur les "réseaux sociaux" ce document, accompagné du message :
« L’@Ofpra a appris avec tristesse la mort de #Régine, chanteuse et "reine de la nuit", qu’il avait protégée comme réfugiée polonaise. »

Pendant les années 1980, quand Yannick Noah gagnait Roland Garros et les socialistes se lançaient dans la démocratisation de tout : tennis, golf, boursicotage - qui déboucherait sur le slogan "pour tous" qui atteignit son point d’acmé avec le "mariage pour tous" -, Régine, elle, cultivait le concept de happy few [1] depuis longtemps déjà.

Le Tout Paris se divise alors entre les VIP qui ont leur entrée chez Régine, l’inventeuse des disc-jockeys et des seaux à champagne, au New Jimmy’s du côté de Montparnasse, et les VIP qui ont leur entrée chez Castel, l’institution germanopratine des années 60, privée au point de ne même plus avoir d’enseigne sur sa devanture rue Princesse - nous, on allait à côté, au Bedford Arms.

Elle qui avait connu la misère ne gérait pas la rareté mais la construisait, l’assumait, comme les sacs Birkin de la maison Hermès. A l’entrée du New Jimmy’s, le physio ne faisait pas de quartier. Trenet, Johnny, Jean-Jacques Debout, Laurent Rossi. Celebrity only, à part le poète Martin Zambaux, et à peine quelques pédales comme chantait Sardou pour amuser la galerie, triées sur le volet ou bien accompagnées.

Alors, la Reine de la nuit avant de préparer, en bonne mère juive, un grand plat de spaghetti pour les heureux élus, se lançait, non pas sur l’air de Der Hölle Rache kocht in meinem Herzen, le célèbre air de la Reine de la nuit de Mozart, mais sur un air de Gainsbourg aux paroles avant-gardistes :

« Les femmes, ça fait pédé
C’est très efféminé
Tellement efféminé
Qu’ça fait pédé

Les femmes, ça met des jupes
Non mais de quoi j’ m’occupe ?
Les femmes, ça met des bas
Nylon ou soie

Les femmes, ça fait pédé
C’est très efféminé
Tellement efféminé
Qu’ça fait pédé…

Les femmes ça met du rouge
À lèvres, et quand ça bouge
Des hanches, ça fait marcher
Les PDG… »

On se dit ici-bas que si Régine a briefé Saint Pierre en arrivant là-haut, il sera désormais plus difficile de passer la porte du Paradis pour la plupart d’entre nous.

[1Rares personnes privilégiées (note du CLR).



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