Avec la participation du CLR

« Quelle laïcité aujourd’hui ? » (13e Salon maçonnique du Livre, Paris, 31 oct. 15)

avec Philippe Foussier (CLR) et Martine Cerf (Egale). 1er novembre 2015

Interventions liminaires.

Philippe Foussier. La laïcité est un principe d’organisation de la société. Donc « Quelle laïcité aujourd’hui ? » La même qu’hier et que demain. Elle est intemporelle, de même que les valeurs du triprtyque républicain « Liberté, Egalité, Fraternité ».
La laïcité, c’est

  • La liberté. "Liberté de croire ou de ne pas croire". Au Comité Laïcité République, nous disons : "La laïcité n’est pas une opinion, c’est la liberté d’en avoir une". Donc par définition la laïcité ne peut pas être liberticide.
  • L’égalité. Tous les citoyens doivent être traités de la même manière. Ce n’est pas le cas par exemple avec le régime concordataire en Alsace-Moselle. Là, 60 millions de nos impôts sont affectés aux cultes. L’égalité n’est pas respectée puisque dans ces départements les croyants de certaines religions sont privilégiés.
    L’égalité c’est aussi l’égalité hommes-femmes. Or, comment ne pas constater une véritable obsession des religions monothéistes à prétendre guider la vie des femmes ? Exemple, la récente prise de position de la Conférence des évêques de France à propos d’une action gouvernementale sur l’IVG.

Principe juridique d’organisation de la société, la laïcité est une promesse d’émancipation pour chacune et chacun. La liberté absolue de conscience implique l’ouverture à l’autre. L’ouverture est consubstantielle à la laïcité, aussi adjectiver la "laïcité" ("ouverte", "plurielle", "positive", "inclusive"...) est un contresens. Ajouter un adjectif à "la laïcité" vise en fait, dans une démarche politicienne, à l’altérer.

Une fois posés ces principes, on peut parler de religion.
Mais la laïcité n’intervient pas dans les choix religieux, et la religion n’a pas à intervenir dans l’organisation de la société.
La laïcité est un principe qui implique que la loi des Hommes s’impose à tous et non celle de(s) dieu(x). Le croyant peut s’imposer des règles de comportement selon ses croyances philosophiques mais il n’a pas à les imposer aux autres.

Martine Cerf. Le premier enjeu est de maintenir la Séparation. Or la Loi de 1905 est détricotée petit à petit. Des collectivités locales (mairies, départements...) financent les cultes (sous couvert d’aider des "activités culturelles", et avec le soutien des tribunaux), ainsi que les écoles privées religieuses.

On considère que les responsables religieux sont habilités à parler au nom des citoyens. Mais les seuls représentants des citoyens sont les élus.
Quand les pouvoirs publics invitent les responsables religieux à s’exprimer, ils arguent qu’il faut veiller à l’égalité entre les religions. Mais les droits fondamentaux s’appliquent aux individus, pas aux "communautés" ou aux "religions".

La Loi de 2004 sur l’interdiction des signes religieux à l’Ecole est encore contestée. Mais reportons-nous aux circulaires de Jean Zay, sous le gouvernement du Front populaire, qui disent exactement la même chose ! L’école doit permettre aux élèves de prendre du recul par rapport aux convictions de leur milieu d’origine, leur donner les outils pour construire et exercer un sens critique.

La "cogestion de la cité entre politiques et religieux", tel est le programme de l’association interreligieuse "Coexister", exprimé récemment lors d’une réunion au Conseil économique social et environnemental (Cese). C’est bien évidemment contradictoire avec la laïcité.

Dans les médias on lit l’expression " laïcité de combat". Mais il n’y a jamais d’explication, les sujets de fond sont évités.

Autres enjeux d’importance :

  • Préserver l’école publique. 500 communes n’ont pas d’école publique. Exemple Beaupreau. Le Secrétariat général de l’enseignement catholique a ainsi indiqué aux écoles privées catholiques qu’elles avaient une mission d’ "évangélisation" [1], sans que les pouvoirs publics ne prennent position.
  • Les droits des femmes. Exemple : en Irlande, une femme en danger est morte parce que "les médecins [voulaient] attendre que le cœur du fœtus cesse de battre". Aucune des trois religions monothéistes ne se préoccupe de la vie des femmes.
  • Le discours du FN. Il n’est "laïque" que quand il s’agit de confrontation avec les musulmans, et ses leaders réaffirment l’ "identité chrétienne de la France".

Marine Cerf invite l’auditoire à s’impliquer dans la "réserve citoyenne" : intervenir dans les écoles.

E. M.



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