Prix de la Laïcité 2009 : introduction de Patrick Kessel

Président d’honneur du CLR 28 janvier 2009

En ouvrant le débat, Patrick Kessel a rendu un hommage appuyé à toutes les associations laïques dont la mobilisation a permis au moins momentanément de stabiliser le dossier de révision de la loi de 1905. Nous avons été un certain nombre à expliquer au Président de la République que si la loi était imparfaite, elle avait assuré une paix civile dans le pays depuis un siècle. A l’heure où le communautarisme fait courir des dangers à cette paix, celui ou ceux qui prendrai(en)t la lourde responsabilité de modifier la loi de 1905 devrai(en)t assumer la responsabilité de la déchirure profonde qui en suivrait. Il convient de rester mobilisé mais aussi de prendre acte de la situation meilleure, aujourd’hui qu’il y a deux ans.

Par ailleurs indique t-il, un autre danger a menacé la laïcité sans que la presse s’empare du sujet. Il s’agissait de réécrire le préambule de la Constitution pour permettre l’inscription dans le droit français de mesures dites "de discrimination positive". Celles-ci auraient été, de fait, des mesures de reconnaissance du communautarisme, c’est à dire d’un système de droits et devoirs différents selon l’origine, se substituant à l’universalisme des valeurs fondatrices de la République française. Il faut intervenir pour donner les moyens d’une réelle égalité des chances à chacun mais par des mesures sociales et non différentialistes. Ce débat est de même nature que celui de la tentative de réécriture des Droits de l’Homme qui devient un enjeu central au sein des Nations Unies, comme exposé par Malka Marcovich.

Mme Simone Veil avait reçu la mission du Président de la République de préparer une réécriture de la Constitution allant dans ce sens. Avec beaucoup de courage et en argumentant au fond, l’ancienne présidente du Parlement, européen, ancien ministre de la République, a rendu un rapport rejetant ces perspectives. Ce faisant, il n’est pas inexact de dire qu’elle a sauvé ce qui fait le substrat même de la dimension Républicaine de la Constitution : la filiation avec les Lumières. Sur ce sujet également, il conviendra d’être très vigilants car des deux rives politiques surgissent des discours communautaristes parfois animés de bonnes intentions mais qui portent en eux de lourdes menaces pour la laïcité.

Patrick Kessel remercie enfin Jean-Pierre Changeux, qui a présidé tout au long de l’année le jury du Prix de la Laïcité, Christian Bataille, député du Nord, qui a permis que le Jury soit accueilli à l’Assemblée nationale, et Anne Hidalgo, grâce à qui la manifestation de ce jour est organisée dans ce haut lieu historique de la ville de Paris en son amicale présence.


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