CLR Ile-de-France

Paris honore Francisco Ferrer (13 oct. 10)

4 novembre 2010

Le 13 octobre 2010, 26 rue Richer, la ville de Paris a honoré Francisco Ferrer. Une plaque commémorative a été apposée sur la maison où, exilé, il vécut à Paris. Les discours se succédèrent. Jacques Bravo, maire du 9e, puis Guy Arcizet Grand Maître du Grand Orient de France, puis Marc Blondel, président de la Fédération nationale de la Libre pensée. Et pour finir Anne Hidalgo, qui, descendante de ces républicains dont fit partie Francisco, prononça un discours profond, d’une grande intensité émotionnelle.

Pour mémoire rappelons un peu la vie et l’œuvre de Francisco Ferrer. Né près de Barcelone, il adhère au Parti Républicain Progressiste. Après un coup d’état manqué de ce parti, Francisco Ferrer est contraint de s’exiler. Il résidera à Paris de 1886 à 1901. Il enseignera l’espagnol au lycée Condorcet. En 1890 il s’affilie au Grand Orient (d’où la présence du Grand Maître ce 13 octobre). En 1892 il participe au congrès Libre Penseur à Madrid, et cela explique le discours vibrant de Marc Blondel. Vers 1892, de républicain, Francisco devient anarchiste.

Francisco Ferrer est avant tout un grand pédagogue. Son œuvre s’intitule l’Ecole Moderne. Il désire pour tous les enfants et étudiants, une école débarrassée des dogmes et il prône la mixité.

Francisco Ferrer est un utopiste, rousseauiste, hugolien. Comme ces deux penseurs, il croit que tirer l’enfant de la « nuit » de l’ignorance changera le monde. Il s’oppose donc logiquement aux forces rétrogrades de l’église catholique. Il refuse l’obscurantisme. Franc-maçon, c’est vers la lumière rationnelle qu’il destine l’humanité dont il rêve. Mais en homme d’action, il va mettre en œuvre son utopie. L’Escuela Moderna existera et gagnera du terrain contre les monarchistes espagnoles et l’église catholique.

L’armée, le roi et l’église catholique feront la guerre aux écoles sans dieu de ce dangereux humaniste rationaliste. Il sera alors accusé à tort de plusieurs attentats. Contre l’opinion européenne opposée à ce jugement inique, Francesco Ferrer sera exécuté le 13 octobre 1909. Il demandera à rester debout devant le peloton d’exécution et mourra en criant : « Vive l’école ! »

Républicain, anarchiste, franc-maçon, Francisco Ferrer était avant tout un humaniste. Se vouer à l’éducation des jeunes c’est croire en l’homme et à une humanité meilleure. Il l’a payé de sa vie.

Bien entendu le CLR était présent lors de cette cérémonie. Des militants du CLR ainsi que son président national Patrick Kessel et la présidente du comité Ile-de-France Marie-Danielle Gaffric ont écouté avec émotion et admiration les hommages rendus à ce pédagogue qui mourut pour ses idées. L’école de la République gratuite laïque et obligatoire lui doit certainement quelque chose.

Déplorons cependant, alors qu’une école libérée des obscurantismes et des dogmatismes existe en France, que des forces rétrogrades ne cessent de l’attaquer. Déplorons que ces forces politiques réactionnaires financent avec de plus en plus de générosité un système éducatif parallèle religieux. Dans la France républicaine et laïque les écoles catholiques, protestantes, juives, musulmanes croissent et se multiplient. Elles sont financées par l’Etat qui leur accorde le privilège de sélectionner leurs élèves. Un système à deux vitesses se met en place avec la complicité sournoise de tous.

Francisco Ferrer qui voulait affranchir la pensée des élèves des dogmes abêtissant serait certainement consterné par cette évolution. Que penserait-il, lui qui, très en avance sur son époque, jugeait nécessaire la mixité dans les écoles, en constatant la multiplication dans nos rues de femmes et parfois de petites filles ensevelies sous de sépulcraux niqab. Serait-il encore « libre penseur » puisque nos libres penseurs et amis n’ont pas jugé utile de soutenir, comme l’a fait activement le CLR, la loi contre le port du voile intégral ? Trouverait-il normal que des fillettes voilées affichent leur appartenance religieuse eu sein de l’école publique ? Trouverait-il normal la ségrégation vestimentaire des femmes et la soustraction de leur visage au reste de la société ? Ce sont les questions que je me suis posé à l’issue de cette commémoration.

Marie-Danielle Geoffroy Gaffric


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