Revue de presse

"Paprec recycle la laïcité dans ses usines" (lopinion.fr , 10 fév. 15)

15 février 2015

"La société spécialisée dans le recyclage des déchets a rédigé une Charte de la laïcité et de la diversité. Elle s’appliquera aux 4 000 salariés de l’entreprise. Une première dans le monde de l’entreprise.

Le PDG de Paprec, Jean-Luc Petithuguenin, s’est engagé dans une politique volontariste de promotion de la laïcité. Il aimerait que sa démarche, militante et citoyenne, fasse des émules dans le monde de l’entreprise. Pour l’heure, la frilosité l’emporte.

Il n’a pas agi sous la pression. Il n’a pas agi non plus parce qu’il devait faire face, au quotidien, à des revendications religieuses ou communautaires de quelques uns de ses 4 000 salariés. Jean-Luc Petihuguenin, le PDG de Paprec, présente, mardi matin, à froid, la Charte de la laïcité et de la diversité qui est désormais en vigueur dans son entreprise de recyclage de déchets. S’il la rend publique devant la presse, c’est par militantisme, et selon un des proches de l’entreprise, « par volonté d’anticiper pour son pays et par devoir de citoyen ». Paprec est la première entreprise française à se doter d’un tel texte. Un défrichage juridique.

La Charte comprend huit articles. Elle a été élaborée en septembre, par un comité de proches collaborateurs de Jean-Luc Petithuguenin, et est très directement inspiré de la Charte en vigueur dans le service public. Elle reprend, globalement, les principes de base du droit français et s’ouvre, d’ailleurs, sur le rappel du fait que la France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. L’idée est de combler le vide qui existe entre la loi, qui impose que, dans les services publics, aucun signe ostentatoire ne soit visible des usagers, et la sphère privée, où chacun est libre d’exprimer ses convictions politiques ou religieuses. Dans l’entre-deux, il y a le monde de l’entreprise, une sorte de zone grise où les revendications identitaires peuvent prospérer, comme l’affaire de la crèche Baby-Loup l’a démontré.

La Charte a été présentée dans chacun des 80 sites du groupe (dont 52 usines réparties dans toute la France), où cohabitent une cinquantaine de nationalités. Elle a, ensuite, fait l’objet d’un vote, soit des comités d’entreprises et des représentants du personnel, pour les plus grosses implantations, soit des salariés eux-mêmes, pour les petits sites. Elle a, à chaque fois, été approuvée sans voix discordante.

Les salariés de Paprec sont déjà très sensibilisés aux questions de lutte contre les discriminations en tous genres. Les notions de partage, de diversité et de respect, sont affichées en toutes lettres sur les murs chez Paprec et, ce, depuis que Jean-Luc Petithuguenin a repris sa première usine, à la Courneuve, en 1994. Lors des recrutements, quel que soit le niveau d’embauche, l’état d’esprit de l’entreprise fait l’objet de développements nourris, afin de dissuader ceux qui n’en partageraient pas les valeurs d’intégrer les équipes.

Jean-Luc Petithuguenin, 57 ans, ex-directeur général d’une filiale de la Générale des Eaux (aujourd’hui Veolia Environnement) dédiée à la propreté, en est, petit à petit, venu à incarner un patron social, défendant farouchement l’égalité des chances et la lutte contre les discriminations, raciales ou sexuelles, dans son entreprise. Sans que cela affecte la réalité économique puisqu’en vingt ans, la petite PME a multiplié son activité et s’est muée en un groupe de 800 millions d’euros de chiffre d’affaires.

La démarche d’une Charte est, peut-être, perçue comme relativement angélique parmi les patrons français. Et si, en la présentant à la presse, Jean-Luc Petithuguenin la tourne autant vers l’intérieur de son entreprise que vers l’extérieur, c’est peut-être parce que son initiative n’a rencontré que peu d’échos au sein des instances patronales et qu’il a compris que ce n’est pas là que les lignes bougeraient. Il l’a expliquée à la commission du Medef dédiée à la diversité, sans beaucoup de succès.

Une frilosité explicable par les doutes juridiques qui planent sur le texte. Jean-Luc Petithuguenin sait, par exemple, que l’article 7 qui proscrit sur le lieu de travail le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse, est contestable. Sa démarche est aussi courageuse que risquée, puisqu’en mettant Paprec sous le feu des projecteurs, elle ouvre la porte à des recours et à des pressions susceptibles de troubler le calme et l’activité de l’entreprise."

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