Revue de presse

“Mayotte, bleu-blanc-boom” (Le Monde, 31 mars 11)

2 avril 2011

“La France va fêter sans ostentation entériner plutôt la naissance, dans l’océan Indien, d’un 101e département, Mayotte. Le gouvernement n’a dépêché que la ministre de l’outre-mer, Marie-Luce Penchard, lors des cérémonies prévues le 31 mars. Sur place, cette discrétion fait l’effet d’une certaine indifférence envers ce territoire de 370 km2 et 200 000 habitants.

Abdoulatifou Aly, député non-inscrit de Mayotte, membre du MoDem, doit faire avec l’ignorance et parfois la condescendance de ses collègues à l’Assemblée nationale : "Nous sommes si singuliers que certains se demandent si nous sommes vraiment français." Paris a souvent eu une lippe dédaigneuse envers ces sympathiques "indigènes", Français depuis 1841 et qui prétendent, depuis 1958, accéder à une pleine citoyenneté à travers le statut de département. Mayotte souffre de ne pas incarner le rêve, comme la Polynésie, ou l’aventure, comme la Guyane. Tout juste recèlerait-elle un intérêt géostratégique, près des grandes routes maritimes de la Corne de l’Afrique, comme le prouvent ces vastes paraboles radars, les "grandes oreilles" de la France dans la région.

Ces réticences vexent une population qui a prouvé par maints référendums son attachement à la France et qui redoute par-dessus tout d’être un jour cédée à la République des Comores qui en revendique la souveraineté. Nouveau gage d’appartenance, la transformation en département a été plébiscitée en 2009 à plus de 95 %. Ces Français que d’aucuns voudraient en peau de lapin font valoir leur sens civique et revendiquent ainsi le plus fort taux de participation aux dernières cantonales.

La France a en revanche déversé sa manne financière depuis la première convention de développement, en 1987 : 680 millions d’euros par an. Même si Mayotte n’a pas rattrapé le niveau de vie de la métropole, loin s’en faut, elle a connu un formidable boom. Michel Taillefer, président du Medef insulaire, est arrivé à Mayotte au début des années 1980. "C’était encore une économie de comptoir", résume l’entrepreneur qui s’est attaché à ces îles et veut "être enterré ici, sous un frangipanier". Il n’y avait que deux routes carrossables et pas de télévision. Le téléphone fonctionnait avec une opératrice et l’électricité quand elle voulait. Un cargo qui assurait la liaison Durban-Colombo faisait escale une fois par mois : il fallait manger local ou aimer les conserves.”

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