Revue de presse

"Mariage gay : les catholiques au cœur des polémiques" (Le Monde , 8 jan. 13)

8 janvier 2013

"[...] L’opposition frontale de l’Eglise au projet de loi sur le "mariage pour tous" est au coeur des crispations récentes, non dénuées d’instrumentalisation politique.

Le dernier accrochage en date, entre le ministre de l’éducation nationale et les responsables de l’enseignement catholique, est en voie d’apaisement. "Je promeus dans ce pays une laïcité ouverte, il n’y aura pas de guerre scolaire", a affirmé Vincent Peillon, lundi 7 janvier sur RTL. "La polémique est avivée par la droite et pas par l’Eglise catholique, assure-t-on aussi à Matignon. Il n’est pas question pour le gouvernement de réveiller une quelconque guerre scolaire."

Ce nouvel accroc dans les relations entre l’Eglise et la gauche a pourtant donné l’occasion d’une passe d’armes entre responsables politiques de droite et de gauche, preuve que ce sujet de société est devenu, à la veille de la manifestation nationale d’opposants, dimanche 13 janvier, l’enjeu d’une bataille politique.

En réponse au secrétaire général de l’enseignement catholique qui, en décembre, avait suggéré aux "membres des communautés éducatives" d’organiser des débats sur le mariage pour tous, M. Peillon a demandé aux recteurs de rappeler à tous la stricte neutralité dans les établissements scolaires, publics ou privés sous contrat. Cette mise au point, soutenue par le président de la République et l’ensemble de la gauche, a suscité l’indignation à droite.

Soupçonnant son successeur de "remettre en cause le caractère propre des établissements privés", l’ancien ministre de l’éducation nationale Luc Chatel a dénoncé, dimanche 6 janvier, dans le Journal du dimanche, une "dérive préoccupante".

Dans Le Figaro, samedi, Laurent Wauquiez, ancien ministre de l’enseignement supérieur, catholique revendiqué, avait sonné la charge, accusant le gouvernement de vouloir "réduire l’opposition à un seul groupe réactionnaire qui serait les cathos" et de "dévoyer la laïcité". Il a été relayé par Christine Boutin, présidente du Parti chrétien démocrate, prompte à dénoncer la "cathophobie" du gouvernement.

Alertés par une "cathosphère" particulièrement active sur ce sujet, ils ont également rappelé les déclarations de Najat Vallaud-Belkacem, qui, lors d’une visite en octobre dans un collège, avait répondu à des élèves que le "mariage pour tous" allait offrir "plus d’épanouissement, plus de liberté, plus d’égalité dans la société", et dénoncé son défaut de "neutralité". Emeric Bréhier, secrétaire national à l’éducation et membre de la direction du PS, souhaite que "les enfants ne soient pas touchés par des débats politiques" et regrette que la droite "se saisisse d’un faux débat pour tenter de cacher les scories de sa division". "L’école n’a pas à être le réceptacle de ce débat, pas plus que de tout autre", insiste-t-on dans l’entourage du premier ministre.

Face à la polémique naissante, le secrétaire général de l’enseignement catholique, Eric de Labarre, – dont l’initiative est qualifiée de "maladresse" dans l’éditorial de La Croix, lundi [1] –, a tenté de calmer les esprits. Il a précisé qu’il ne s’agissait pas "d’organiser spontanément des débats dans les classes avec les élèves", mais des débats "entre adultes". Sur Radio Notre-Dame, le président de la conférence des évêques de France, Mgr André Vingt-Trois, a également évoqué un débat visant "davantage à toucher les enseignants et les parents", et mis en garde contre "une police de la pensée" si de telles discussions étaient interdites.

Ces échanges vifs sur la marge d’autonomie dans l’enseignement catholique surviennent après plusieurs mois de prises de bec entre la gauche et les responsables religieux, sur des sujets aussi variés que la procréation médicalement assistée, la recherche sur l’embryon, le suicide assisté ou la "réquisition" de bâtiments "quasi vides" appartenant à l’Eglise, évoquée par la ministre du logement, Cécile Duflot.

Mais le mariage gay demeure bien le sujet le plus clivant entre un gouvernement et l’institution catholique depuis 1984, date de la réforme de l’école privée envisagée, puis abandonnée, par la gauche. En quelques mois, ses représentants, religieux ou laïcs engagés, sont parvenus à mobiliser et à structurer l’argumentaire des opposants. [...]

Dans ce contexte, des ministres, comme Manuel Valls, ont beau avoir reconnu aux responsables religieux "le droit", voire "le devoir de donner leur opinion", d’autres, à gauche, traditionnellement attachés à une stricte séparation des pouvoirs spirituel et temporel, ont pu considérer que l’Eglise catholique sortait de son rôle."

Lire "Mariage gay : les catholiques au cœur des polémiques".

[1Lien établi par le CLR (note du CLR).


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