Revue de presse

Malika Sorel : « La repentance dresse une partie des immigrés contre la France » (Le Figaro, 24 fév. 22)

Malika Sorel, essayiste, auteur de "Décomposition française" (Fayard, 2015). 25 février 2022

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

Malika Sorel, Les Dindons de la farce, En finir avec la culpabilité coloniale ! éd. Albin Michel, 2022, 224 p., 18,90 e.

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"[...] La discrimination positive ne s’attaque en rien aux sources des problèmes. Elle inscrit les fractures existantes dans le marbre et en crée de nouvelles. Nonobstant les nombreux effets pervers de ces mesures, dites de soutien aux « minorités » ou à la « diversité », les élites les ont imposées, y compris en France où on en retrouve la philosophie dans une multitude de secteurs tels que l’école (ZEP et autres préférences budgétaires pour les « quartiers »), l’enseignement supérieur (quotas de boursiers ou encore promotions ZEP de Richard Descoings, ou comment vider un océan de misère avec une petite cuillère en argent) et l’entreprise.

Un homme s’est trouvé aux premières loges pour observer, dès leurs prémices, les stratégies déployées des « minorités », stratégies dont il s’est appliqué à décrypter les mécanismes. Il s’agit du double lauréat du prix Goncourt Romain Gary. Il était marié à l’actrice américaine Jean Seberg, figure de la scène culturelle américaine, d’origine suédoise et militante très investie auprès des mouvements des Noirs, y compris celui des Black Panthers. Romain Gary identifie les ressorts des motivations profondes qui poussent le monde intellectuel américain, l’industrie du spectacle et à leur suite des personnalités politiques à « aider » les Noirs aux États-Unis et même à les « pousser à l’extrémisme ». Gary est limpide, toutes ces « belles âmes » sont mues par des raisons intimes qui n’ont « rien à voir avec la tragédie raciale américaine ».

Après avoir décrit de nombreux événements et situations auxquels il a lui-même assisté, il en tire la conviction que cette classe sociale a besoin d’agir de la sorte tout simplement pour appartenir au « camp du bien » : « Avoir “mauvaise conscience”, c’est démontrer que l’on a une bonne conscience en parfait état de marche et, pour commencer, une conscience tout court. Il va sans dire que je ne parle pas ici de sincérité : je parle d’affectation. Se sentir personnellement coupable, c’est témoigner d’un haut standing moral et social, montrer patte blanche, prouver que l’on fait partie de l’élite. » Ces raisons intimes procèdent de l’égocentrisme et d’un besoin de se sentir supérieur. Les élites qu’il fréquente et observe de près vont semer des graines, et ces graines lèveront quelques décennies plus tard pour donner naissance à ce qui se déploie désormais sous nos yeux : le wokisme et la cancel culture.

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Le récit de Gary est stupéfiant ! L’un des innombrables effets pervers de ces stratégies de repentance, qu’il décrit avec minutie, interpelle : « Il y a de petites organisations de Noirs dont le seul but est de soulager les Blancs, de les soulager de leur argent et de soulager leur conscience. Ils mettent l’argent dans leurs poches et les Blancs se sentent mieux. Bien tôt, chaque Blanc “coupable” qui est assez riche pour se le permettre aura sa propre organisation de Noirs chargée de l’aider à se sentir un type bien. Il n’y a pas plus de douze organisations noires vraiment valables dans ce pays… Le but des autres, ce n’est pas d’agir, d’aider le peuple, c’est d’exister elles-mêmes. Ça ne va pas plus loin. » Appartenir au « camp du bien » n’a pas de prix et vaut bien le sacrifice de la paix civile. C’est cela qui s’est noué aux États-Unis, et c’est cette idéologie qui a ouvert la voie au wokisme d’aujourd’hui. Les États-Unis ou le modèle de société à ne surtout pas reproduire, et que les élites européennes se sont empressées de copier.

La gauche semble avoir fait une croix sur les classes populaires de culture occidentale. Elle n’est pas seule. Voilà des années que la droite, la presse et le monde intellectuel, lorsqu’ils évoquent « les classes populaires », ne visent ni les Français de souche ni ceux d’adoption, mais seulement les quartiers pudiquement nommés « de la politique de la ville ». Ne dit-on pas que le « populaire », c’est ce qui émane du peuple, est propre au peuple et appartient au peuple ? Si les mots ont un sens, alors ce gommage des classes populaires de culture occidentale sur la photo de famille est une lourde responsabilité face à l’Histoire. Affirmer que l’élite n’avait accès à aucune statistique qui eût pu lui permettre de tracer un cap frappé au coin du bon sens est faux.

Ce que j’avais constaté lors de mon expérience à l’intérieur du système, c’est que, dans tous les domaines, les données existaient en suffisance qui auraient pu permettre de conduire des politiques publiques qui prennent en compte la capacité réelle de la France à intégrer, sur le plan économique aussi bien que culturel. C’est donc bien ailleurs qu’il convient de chercher les raisons de la démission des élites et de leur renoncement à assumer leurs responsabilités (…). De nouvelles filières d’immigration ont été créées par les politiques eux-mêmes. Ainsi en est-il de l’immigration estudiantine, devenue un moyen pour l’Occident d’aspirer la matière grise des pays du Sud, ce qui entraîne inexorablement l’exode des pauvres qui, à leur tour, tentent d’entrer en Europe par tous les moyens…

Nous sommes entraînés dans une spirale infernale. Les flux migratoires ont été encouragés aussi bien par des décisions politiques que par la part du patronat qui n’a jamais reculé devant l’emploi de clandestins, créant ainsi d’incessants appels d’air. Les conditions ainsi créées ne permettent plus d’assimilation autrement qu’à la marge. [...]"

Lire "Malika Sorel : « La repentance dresse une partie des immigrés contre la France »".


Voir aussi
dans la Revue de presse la rubrique Immigration : Pacte de Marrakech (2018-19) dans Immigration,
le blog Malika Sorel (note du CLR).


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