Revue de presse

H. Pena-Ruiz à Loches : "Les rappels de bon sens sur la laïcité" (lanouvelle republique.fr , 4 déc. 13)

5 décembre 2013

"Pour le philosophe Henri Peña-Ruiz, venu lundi à Georges-Besse, la défense de la laïcité est une lutte sans relâche au vu des menaces sociétales et politiques.

A l’approche de l’anniversaire de la loi du 9 décembre 1905 sur la séparation de l’État et de l’Église, le Comité laïcité république Sud Touraine a convié le philosophe Henri Peña-Ruiz à débattre du thème « Jeunesse et laïcité » lundi soir, au collège Georges-Besse (lire également « la phrase »).

Le maître de conférence de la Sorbonne a distillé des rappels de bon sens sur la laïcité et sur « l’universalisme républicain ». Henri Peña-Ruiz a fait appel à l’histoire, à la Révolution française et la fin des privilèges monarchiques et ecclésiastiques, à la Déclaration des droits de l’homme ; à Victor Hugo qui savait dissocier politique et religion (« L’État chez lui et l’Église chez elle ») ; à Condorcet qui a « rêvé l’école laïque ». A la Constitution française de 1946, préambule à la Ve République de 1958.

« La laïcité a subi un coup dur le 30 décembre 1959 quand Michel Debré promulgue la loi de financement des écoles religieuses privées. C’est un détournement de fonds publics organisé au profit des écoles privées. Imagine-t-on des écoles privées tenues par des humanistes athées qui demandent à la République de l’argent ? Non ! ».

Le philosophe fustige le discours de Latran, du président Sarkozy « qui hiérarchise le prêtre et le maître dans l’autre sens ». Il y a la dichotomie de Vincent Peillon, ministre de l’Éducation nationale, « qui d’un côté fait une charte de la laïcité et qui, de l’autre, finance sur fonds publics les activités périscolaires des écoles privées religieuses ». Il y a le cas du Concordat Alsace-Moselle, territoire redevenu français après la Première Guerre mondiale, donc bien après la loi de 1905, où les cultes restent financés par l’État français. « L’État donne 70 millions d’euros par an pour payer les prêtres, les rabbins et les pasteurs ». À l’heure des restrictions budgétaires, le conférencier s’emporte contre l’inertie de François Hollande sur ce sujet.
Il brandit « l’imposture » du Front national, parti qui s’affiche comme le défenseur de la laïcité : « Marine Le Pen convoque la laïcité quand il s’agit de la confession musulmane. Je ne l’ai jamais entendue s’insurger contre l’enseignement catholique », dit-il.

Il en revient à la jeunesse, à sa capacité à déjouer les pièges de la pensée antilaïque et, au delà, raciste. D’où, pour lui, l’importance d’une instruction scolaire gratuite, indépendante, hors de toute conviction religieuse. « L’instituteur est là pour instruire l’élève pour qu’il devienne son propre maître. Quand l’élève est capable de penser par lui-même, il n’a plus besoin de maître ». Néanmoins, l’auditoire d’Henri Peña-Ruiz ce soir-là, composé d’une cinquantaine d’adultes, parents, enseignants et élus, a largement savouré cette piqûre de rappel.

La phrase

" Si, dans une école de la République, on n’a pas le droit de parler de la laïcité, c’est un comble ! "

Le philosophe Henri Peña- Ruiz a estimé « consternante » la prise de position de Jean-Jacques Descamps sur la tenue de sa conférence sur la laïcité dans les locaux du collège Georges-Besse. Le maire de Loches avait réagi sur le fait qu’une école « est un lieu qui doit rester neutre » et qu’il allait interpeller la direction académique au sujet de cette conférence (NR du 23-11). « Cette réaction est incroyable de la part d’un élu de la République », estime Henri Peña-Ruiz qui ne s’était pas encore exprimé sur ce sujet. Au final, la conférence a bel et bien eu lieu, une fois la polémique passée."

Lire "Les rappels de bon sens sur la laïcité".



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