Comité Laïcité République - La laïcité n’est pas une opinion, c’est la liberté d’en avoir une

De ces échanges fructueux avec les élèves du Lycée international de Ferney-Voltaire, ainsi que des interventions de haute tenue du colloque sur le blasphème, ressort cette idée essentielle aux professionnels de l’éducation dans l’exercice de leur métier, à savoir que le blasphème, bien que n’ayant plus aucune valeur juridique, est totalement réhabilité dans les esprits de la jeune génération. Il s’exprime par ce que Jacques de Saint Victor nomme « la blessure » et Frédérique de la Morena « la lame de fond de l’affect ». Déferlante qu’il semble pour l’heure impossible à arrêter.

Notre travail de reconquête de la laïcité va par conséquent consister, les années à venir, à endiguer cette dictature de l’émotion au travers de laquelle se rejoignent paradoxalement islamisme, wokisme et culture de l’effacement. Leur point commun : le sentiment d’humiliation et la victimisation, convoqués à l’envi, avec pour effet de marquer du sceau de l’infamie toute expression intellectuelle ou artistique, toute opinion visant à émettre une critique de la religion, de la culture ou de la tradition, lesquelles ayant totalement fusionné avec l’identité, par le truchement d’un discours manipulateur émanant de la gauche depuis plusieurs décennies mais aussi d’une certaine élite médiatique et universitaire.

Ce type de discours démagogique fait mouche auprès de la jeunesse. En construire un autre est un travail de longue haleine qui passera par une réconciliation avec l’histoire de notre pays et une reinstitution de l’école. Éveiller l’esprit critique, mettre en place une véritable éducation à la citoyenneté, mettre la lumière sur les préjugés et les impensés sont des outils précieux à la construction d’un universalisme, unique horizon afin de faire société.

La rencontre avec les élèves de Ferney-Voltaire nous démontre par plusieurs aspects les bienfaits des échanges qui s’y sont déroulés. Parler, dialoguer, se regarder, confronter les arguments y compris sur des points de tension, dans un débat rationnel, ouvre toutes les portes du possible.

La situation exceptionnelle de l’établissement, à la fois seul lycée de secteur mais aussi lycée international situé à quelques encablures du siège européen de l’ONU fait que les élèves y viennent d’horizons culturel, sociologique et social très divers et sont confrontés au quotidien à l’altérité. Cette confrontation à l’altérité est à la fois source de conflits mais aussi de richesses, convoquant le pire et le meilleur, elle est le trésor de l’humanité dont la laïcité est la gardienne.

Tous mes remerciements vont à Gilbert Abergel, président du Comité Laïcité République, Alain Seksig, Inspecteur général de l’Education Nationale et Secrétaire général du Conseil des Sages de la Laïcité, Philippe Guittet, ancien Secrétaire général du SNPDEN-UNSA, ainsi que la ville de Ferney-Voltaire.

Béatrice Benabbes