Revue de presse

"Les influenceurs de la République" (G. Biard, Charlie Hebdo, 14 sept. 22)

Gérard Biard, rédacteur en chef de "Charlie Hebdo". 16 septembre 2022

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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"[...] Arrêtons de ne voir en Sandrine Rousseau qu’une hurluberlue exaltée à gros ego mais sans surmoi, qui dit tout et n’importe quoi dans le seul souci d’exister. La députée parisienne, qui vise sans nul doute la tête d’EELV, sait très bien ce qu’elle fait et pourquoi elle le fait. C’est certes une militante convaincue qui développe un discours radical délibérément clivant – ce qui n’est pas forcément une insulte –, mais c’est surtout une femme politique de son temps – ce qui n’est pas forcément un compliment. Elle a très bien compris quel rôle tiennent aujourd’hui les réseaux sociaux et en a fait l’alpha et l’oméga de sa stratégie. Elle l’avoue d’ailleurs elle-même bien volontiers : « Je pose le mot virilité dont je sais que c’est un mot étincelle. » Elle ne lance pas un débat, elle allume une étincelle. [...]

Sandrine Rousseau aurait tort de se priver de craquer allumette après allumette. C’est précisément ce qu’attendent tous les commentateurs, ainsi que ses adversaires et ses alliés idéologiques. Dans son groupe parlementaire, on se félicite d’ailleurs de pouvoir compter sur une « Zemmour de gauche ». À leur tour, ils feront de même. Car jamais ne doit s’arrêter la grande danse frénétique du buzz.

On s’indigne régulièrement du trop grand nombre de lois qui sont votées dans un hémicycle presque désert. On traite les députés de déserteurs. Mais qu’iraient-ils faire à l’Assemblée nationale  ? Désormais, la vie politique se déroule sur Twitter. [...]

Les politiciens sont devenus pour beaucoup de vulgaires influenceurs, et les journalistes suivent leurs gesticulations comme ils suivraient le dernier épisode des Marseillais à Dubaï ou un fight entre deux rappeurs décérébrés. Il ne faut donc pas s’étonner que les débats soient souvent du même niveau, aussi désespérants qu’un cul siliconé ou qu’un aphorisme de Booba. D’autant que, à l’inverse de l’espace numérique, l’espace politique n’est pas infini et est très vite saturé. Si les réseaux sociaux restent, comme ils le sont aujourd’hui, le principal terrain d’échanges et de confrontations de la vie politique, elle ne peut, à terme, que s’y asphyxier. Et mourir."

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