Revue de presse

"Le malheur arabe" (J. Julliard, Marianne, 6 nov. 15)

14 novembre 2015

"[...] Si les uns reconnaissaient qu’un tel barrage est impossible, les autres, qu’un afflux massif coûterait très cher ? Je demeure stupéfait, et même épouvanté, devant l’incapacité des milieux dirigeants face à une situation nouvelle de faire autre chose que la répétition de leurs rengaines et d’anticiper sur la situation qui se profile à l’horizon. [...]

Etre arabe aujourd’hui, à des degrés divers et sous des formes différentes, c’est être dominé, manipulé, abêti, méprisé, formaté, embrigadé, écrasé, et pour finir emprisonné, torturé, massacré par les deux dictatures qui règnent à tour de rôle dans la même aire géographique, la dictature militaire et la dictature islamiste. Elles se combattent à mort, mais elles sont complices pour entretenir le peuple dans un état d’infantilisme et de minorité perpétuel.

Excuser la dictature militaire parce qu’elle protégerait les populations du fanatisme religieux, c’est oublier que c’est justement cette dictature qui alimente les progrès de ce fanatisme. Traiter avec indulgence l’islamisme radical sous prétexte qu’il serait la « religion des pauvres », ce serait excuser le national-socialisme sous prétexte qu’il était, parmi d’autres, le parti des ouvriers allemands. Je ne sais, de ces deux dictatures, laquelle est la pire ; je ne sais où est le moindre mal. Ou plutôt si : dans mon for intérieur, je pense que la pire est la dictature religieuse ; d’abord parce qu’elle est la plus longue, la plus difficile à éradiquer ; mais surtout parce qu’elle ne se contente pas des horreurs de la contrainte étatique ; elle exige de ses victimes un consentement actif, une adhésion de l’âme. [...]

La population française doit répondre par une sagesse indomptable à l’imprévoyance et à la démission permanente de ses dirigeants.

Et à la jobardise de ses intellectuels. Le communautarisme, c’est-à-dire la juxtaposition sur un même territoire de populations de plus en plus diverses par l’histoire, la langue, la culture, la religion, est lourd des guerres civiles de demain. Or, la politique poursuivie à l’école depuis des années ne va pas dans le sens d’une homogénéisation indispensable des diverses composantes de la population. Oui, plus que jamais, la mission de l’école est d’intégrer. A force d’insister sur l’identité de chacune de ses composantes, on a fini par perdre de vue l’identité de la nation elle-même. De grâce, ne nous racontons pas d’histoires : la seule garantie véritable de la paix entre les citoyens, c’est l’existence d’une culture commune, voulue par tous et défendue par tous."

Lire "Le malheur arabe".


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